Des atouts économiques
Après réflexion, « le temps que le projet murisse », l’éleveur s’est décidé à acquérir des vaches Salers. Une annonce parue dans la presse agricole l’a conduit jusque dans le berceau de race. « Mais l’élevage en question ne me plaisait pas… C’est par hasard que je suis tombé sur une autre ferme en remontant de la région de Salers. C’était un troupeau que l’éleveur trayait encore pour la production de fromage Cantal. La docilité des animaux était remarquable », se souvient Philippe. Dès lors, l’éleveur saône-et-loirien s’est mis à s’approvisionner exclusivement dans cet élevage inscrit, aux femelles très laitières. « Tous les ans, je lui reprends 6 à 8 bêtes », confie Philippe. Aujourd’hui, il détient entre 60 et 70 vaches Salers, le reste demeurant de race charolaise. Ces Salers sont inscrites et suivies par le contrôle de performances, ce qui permet à l’éleveur « d’avoir les généalogies et une génétique plus élevée ». Philippe n’achète pas de taureau, mais fait inséminer ses femelles par Elva Novia. Les choix des accouplements et le tri des génisses sont effectués avec le technicien de la race qui vient au moins une fois par an dans l’élevage.
Plein-air
Choisies pour leur facilité de vêlage et leur rusticité, les Salers de Philippe Lambert passent l’année dehors avec juste des abris en accès libre durant l’hiver. Les vêlages sont pour la plupart programmés en fin d’été, évitant ainsi d’avoir des petits veaux en plein hiver. Comme le recommande son technicien de race, Philippe a fait le choix d’engraisser ses mâles. Les broutards maigres pur race sont en effet moins bien valorisés que des "blancs" ou des croisés. Vendus gras à deux ans au groupement Feder/Socaviac, les taurillons Salers sont payés sensiblement aux mêmes prix que des charolais à classement égal, assurent l’éleveur et son technicien. Les animaux de Philippe sont même « assez conformés » jusqu’à R+, informe-t-il. Nourris avec de l’ensilage de maïs, des céréales et des tourteaux en hiver ; ration sèche en été, les taurillons Salers ont aussi l’avantage d’avoir « des pattes qui tiennent bien » à l’engraissement, signalent les intéressés.
La race qui convient au système
Cinq ans après s’être lancé dans l’élevage de Salers, l’éleveur confie obtenir de meilleurs résultats avec cette race. Pour « les nourrir, les élever » dans les conditions de son élevage, Philippe avoue se « défendre mieux » avec ses Salers. Il précise aussi que « le contact n’est pas le même » avec la race à la robe acajou. La Salers est certes plus maternelle, mais serait aussi « plus respectueuse de l’éleveur », fait état l’éleveur. Des différences dans le comportement qui, au-delà des qualités connues de la Salers, ont permis à Philippe Lambert de faire évoluer favorablement son élevage en repartant sur des bases meilleures.
Vêlage facile, qualités maternelles, marge
La Salers continue de faire des émules loin de son berceau d’origine. Elle vient de progresser de 5.000 vaches supplémentaires rien que sur les territoires du centre de la France, indiquait Olivier Tournade. « Ses forces sont le vêlage facile et ses qualités maternelles dont son excellente aptitude laitière », rappelait le technicien du Herd-book. Mais au-delà de ces atouts emblématiques, c’est en termes de marges que la Salers se présente comme la plus compétitive de toutes. Une marge qui intègre des frais vétérinaires décisifs (de l’ordre de 6 € par vache, avance-t-on ici). Une race rustique dont le développement à venir ne fait aucun doute, selon le président de l’association Salers Bourgogne Jean-Pierre Mauguin. Avec l’augmentation de la taille des exploitations, le manque de main-d’œuvre….
Preuve de l’attrait que suscite indiscutablement la race, la porte ouverte de Sully a drainé des visiteurs en provenance de Bourgogne, mais aussi du Jura et même du Loiret… Des éleveurs convertis ou en passe de le devenir. Certains pratiquant la vente directe de viande Salers.
Engraisser les mâles
Si les mâles Salers maigres souffrent d’une moins-value sur le marché, en revanche « les taurillons pure race (finis) et les femelles de réforme se retrouvent bien placés », met en avant Olivier Tournade. Les mâles peuvent donner des carcasses de 500 kg et de bonnes vaches sont annoncées à 450 kg de viande. « Dans l’ouest de la France, la Salers s’est forgée une très bonne image grâce à l’engraissement des broutards pure race, jugée rentable par les éleveurs de là-bas », signalait par ailleurs le technicien du Herd-book Salers. A noter que les broutards croisés sont en principe vendus aux mêmes cours que des charolais purs. Dans les régions où la Salers est encore minoritaire, il est toutefois recommandé de se montrer intransigeant face à certains acheteurs qui seraient tentés de profiter de la situation…