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Chêne pubescent

Des atouts sylvicoles

Le chêne pubescent ou chêne blanc ou encore chêne truffier (Quercus
pubescens Willd) pourrait être une réponse adaptée aux modifications
climatiques en cours. C’est du moins la thèse avancée par la coopérative
forestière Unisylva. Le point.
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Avec plus de 4 millions d’hectares (30 % des surfaces de production), les chênes sessile et pédonculé sont depuis des décennies des essences reines. Mais on constate depuis près de vingt ans des signes de dépérissements dans les chênaies pédonculées atlantiques. En effet, il n’est pas rare de voir en forêt des chênes pédonculés souffrir de la sécheresse avec un houppier présentant de nombreuses branches mortes. Ces dépérissements s’expliquent par :
➢ la présence de cette espèce sur un sol qui ne leur convient pas : sol hydromorphe (très humide l’hiver et très sec l’été) ou trop superficiel ;
➢ des peuplements trop denses ;
➢ des précipitations insuffisantes.
Une récente étude de l’Inra montre que les arbres sont particulièrement sensibles à la sécheresse du fait de leur système hydraulique fonctionnant au point de rupture et pouvant être désactivé par embolie. En clair, un arbre ayant subi une sécheresse pourra être dépérissant même en ayant les racines dans l’eau, parce que la circulation de l’eau a été désactivée de manière irréversible.

Faire face aux changements climatiques


Alors, comment adapter les chênaies à l’évolution du climat et aux phénomènes de "coups de secs" de plus en plus répétés ?
En observant les zones géographiques les plus soumises aux sécheresses, à savoir la Méditerranée, l’Europe du Sud, l’Europe centrale ou encore le Moyen-Orient, on constate la présence du chêne pubescent, appelé aussi chêne blanc ou chêne truffier. Ce dernier est caractéristique de l’étage supra méditerranéen où il abonde sur tous les types de sol. Dans la moitié nord de la France, on le rencontre actuellement de façon disséminée sur des sols de nature calcaire. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) table sur une élévation de la température de +1,8°C à +4°C d’ici 2100.
Une telle variation aussi rapide de la température va certainement entraîner la progression des espèces méridionales comme le chêne pubescent vers le nord de la France.

Adapté à des climats plus "secs"


Le chêne pubescent a besoin d’une pluviométrie minimale de 600 mm/an. Il supporte la sécheresse, est héliophile - c’est-à-dire qu’il aime la lumière et est thermophile - c’est-à-dire qu’il aime la chaleur -, tout en supportant le froid.
L’espèce est xérophile - elle aime la sécheresse - pouvant se développer dans des milieux pauvres en eau, préfère les sols profonds, limono-sableux et supporte des sols à pH allant de 4 à 8.

Et aussi…


Le bois du chêne pubescent présente des caractéristiques proches du chêne pédonculé et possède des aptitudes pour être utilisé en bois de charpente, de menuiserie ou en tonnellerie.
Des études, menées conjointement par les Centres régionaux de la Propriété forestière (CRPF) de l’Ouest et l’Institut pour le développement forestier (IDF), sur les propriétés mécaniques de ce bois se poursuivent dans le cadre du programme "Chênaies atlantiques 2009-2014 face aux changements climatiques". Pour le moment, son utilisation se résume à une production en bois de chauffage et en pieux de moules.
Le chêne pubescent présente un autre atout, non négligeable pour les amateurs de gastronomie. En effet, il est utilisé pour la production de truffes. Aujourd’hui, il existe des plants mycorhizés sur lesquels on a inoculé le champignon ; la truffe se développe en symbiose avec les racines du chêne pubescent.
Avant d’imaginer les chênaies de nos régions peuplées de chêne pubescent, il faut commencer par favoriser le chêne sessile, plus résistant que le chêne pédonculé. C’est la première opération directe pour adapter les forêts à l’évolution climatique annoncée, le chêne sessile étant par ailleurs génétiquement dominant par rapport au chêne pédonculé. Demain, l’implantation du chêne pubescent sera peut être une alternative au chêne pédonculé pour améliorer :
➢ la résistance des forêts aux sécheresses ;
➢ et nos omelettes !




Carte d’identité


Zoom sur les caractéristiques et les atouts de cette essence.
Le chêne pubescent couvre en France 1,4 million d’hectares pour un volume de 113 millions de m3.
Hauteur : arbre pouvant atteindre 20 m
Longévité : supérieure à 500 ans
Port : fût parfois tortueux, cime ample
Rameaux de l’année : pubescent, de couleur grisâtre
Feuille :
- 6 à 10 cm
- couleur blanche au débourrement
- pétiole court et pubescent
- possède des lobes de profondeur et de taille variables
- face inférieure pubescente (lui permet de résister à la sécheresse)
- face supérieure glabre
Ecorce : noirâtre, crevassée, profondément fissurée
Fruits :
- glands agglomérés courtement pédonculés (pédoncule de 2 à 5 mm)
- cupule grise à écaille pubescente




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