Des contradictions énervantes !
Dans le cadre des élections régionales, l’actuelle présidente de la Région Bourgogne Franche-Comté s’est rendue, le 20 mai en début d’après-midi, à La-Vineuse-sur-Frégande pour aller à la rencontre d’éleveurs prédatés par le loup. Loup officialisé par l’OFB après l’avoir écarté… entre autres contradictions. La tension est palpable sur le terrain.

« Je ne fais pas ce métier pour euthanasier des brebis tous les deux matins. J’ai des obligations professionnelles et les personnes à Dijon doivent avoir les mêmes. Sinon, c’est méprisant pour les éleveurs et pour les animaux », expliquait le vétérinaire, Pascal Briday, « en colère » - comme la dizaine d’éleveurs prédatés réunis ce jour - contre le loup et contre l’administration régionale. Quelque minutes plus tard, sous les yeux de Marie-Guite Dufay, il administrait une dose létale à une brebis attaquée la nuit même, encore vivante mais vouée à mourir suite à l’attaque sournoise de ce loup particulièrement agressif.
Accompagnée par le sénateur de Saône-et-Loire, Jérôme Durain, la présidente de Région, Marie-Guite Dufay redisait leurs volontés « d’être à vos côtés ». Et de poursuivre : « l’État est votre interlocuteur. Je suis au courant de la multiplicité des attaques et de vos efforts pour vous protéger, même si je sais et le dirai, que votre mode d’élevage ne peut pas être complétement protégé et qu’il faut le faire admettre à l’État (et l’Europe, NDLR). Il nous faut obtenir des prélèvements supplémentaires et vous venir en solidarité face à ces drames abominables ».
Les incohérences de l’OFB à Dijon
Bien, mais pas suffisant pour les éleveurs qui depuis le début des attaques ne dorment plus et comptent plus de 80 brebis tuées et autant de blessées. Le tout en seulement une quinzaine de jours ! Et il ne faut pas négliger les pertes à venir (fécondité, croissance des brebis et agneaux…). Le 29 avril dernier au début des attaques, le sous-préfet s’était rendu dans cette même EARL de Champ Papillon où les deux agents de terrain de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) n’avaient certes pas confirmé catégoriquement que ce soit des attaques de loup, même si des preuves le laissait penser, mais avaient indiqué que l’enquête devait se poursuivre. Les éleveurs n’ont donc pas apprécié que l’OFB à Dijon ait exclu la présence du loup avant de faire machine arrière suite à des photographies explicites.
« C’est quoi votre plan pour l’élevage dans les cinq ans ? C’est de développer le loup ? », mordaient à leur tour les éleveurs en direction de la candidate, eux qui n’en peuvent plus des idéologues de salon. « Tout le monde parle de biodiversité sans rien savoir. Ici, si les éleveurs arrêtent, il se plantera du douglas. On passera alors de centaines d’espèces végétales dans nos prairies à une seule. Les steppes calcaires ne seront plus entretenues. Nous éleveurs, on ne peut rien faire d’autres ici », témoignaient les éleveurs. « Si nos anciens les avaient éliminés, c’est qu’il y avait une raison », poursuivaient-ils. « L’État nous donne des ordres sur le bien-être animal alors qu’il n’est même pas capable du bien-être des humains ». « On fait attention à protéger ici les chevreuils dans un plan de Chasse et après on laisse anéantir la biodiversité ». « Les louvetiers nous disent qu’ils n’ont pas de matériels performants pour le chasser »… Les éleveurs enchainaient les contradictions réglementaires et administratives qui rendent fou les éleveurs. À cette dernière remarque, Marie-Guite Dufay se montrait interloquée.
La patate chaude
« J’ai interpellé le préfet de Région au sujet des moyens lors de la visite de la Secrétaire d’État, Bérangère Abba, mi-mars à Dijon et il m’a confirmé avoir des lignes de financement pour les louvetiers » (lire à ce sujet en page 2). Et Jérôme Durain de rajouter : « si tirs il y a, il faut qu’ils servent et soient efficaces pour éviter des dizaines d’autres brebis tuées en plus », laissant entendre qu’il ne faut ni rater l’occasion, ni perdre de temps, ni le voir partir dans un autre secteur. « Il faut que les louvetiers soient bien équipées », réaffirmaient Marie-Guite Dufay qui notait de le vérifier personnellement avec Fabien Sudry. Idem à la question de l’identification rapide de la présence du loup et les moyens nécessaires pour. « C’est le rôle des parlementaires pour que des tests ADN soient possibles rapidement », va faire en sorte Jérôme Durain.
Sortir des non-dits
Le président de la section ovine à la FDSEA, Alexandre Saunier les encourageait également à « être rapide pour protéger ceux qui trinquent : les brebis et les éleveurs prédatés » et arrêtez de voir « tout le monde se renvoyer la balle ». Si l’heure est à la protection des troupeaux et au prélèvement du loup, il appelle également à définir la Saône-et-Loire comme une zone non protégeable et à permettre le tir dès sa présence avérée. À l’image des propos d’André Accary au même moment à Mâcon, Marie-Guite Dufay était d’accord pour « qu’en situation de crise, tout le monde doit parler d’une même voix ».
Le président de la FDSEA de Saône-et-Loire, Christian Bajard et le vice-président de la chambre d’Agriculture, Luc Jeannin résumaient les priorités : un, le court terme, gérer maintenant. Deux, le moyen terme, la non-protégeabilité. Trois, le long terme, changer le plan Loup. « Aujourd’hui, les décisions sont prises dans les villes et disent ce qu’il faut faire dans nos campagnes. La biodiversité est une bonne idée mais comment ? Car le loup tue nos élevages. D’autres pays ne se privent pas pour en faire une distorsion de concurrence ». En clair, à l’heure des élections départementales, régionales et l’an prochain, nationale, « les candidates et candidats doivent être clair : soit c’est le loup, soit c’est l’élevage mais il faut sortir des non-dits ».