Des diagnostics de gestation précoces pour anticiper le tri des femelles improductives

La période de reproduction a été relativement compliquée en 2016-2017. Au cours de cet hiver et de ce printemps et d’après de nombreuses remontées du terrain, les chaleurs ont été dans l’ensemble peu visibles, les cahiers de saillie sont parfois moins remplis qu’à l’accoutumée et le déclenchement des IA n’était pas toujours évident cet hiver… Ces difficultés de reproduction trouvent vraisemblablement une explication majeure dans l’année fourragère 2016 particulièrement difficile, notamment liée à la météorologie et à la circulation concomitante de différents agents infectieux.

Un fort impact de l’alimentation sur la reproduction

L'appareil sexuel est très sensible à un déficit énergétique marqué. Une sous-alimentation énergétique modérée n’a pas d’effet notable sur la reproduction si les animaux sont au départ en bon état. Une note d’état supérieure à 3 et inférieure à 4 (note d’état de 0 à 5) à n'importe quel stade physiologique est le meilleur atout de bonne fécondité ultérieure. Un déficit azoté peut également entraîner des perturbations de la reproduction de même qu’un excès d’azote soluble.

En l’absence de complémentation, les déséquilibres étaient dans la majorité des cas la règle au cours du dernier hiver : déficits énergétiques/protéiques/minéraux/oligo-éléments et vitaminique (lié notamment aux récoltes tardives de 2016 du fait du printemps humide, ce qui a entraîné une faible qualité fourragère). Ces insuffisances ou déséquilibres nutritionnels ont des répercussions directes sur le fonctionnement de l'appareil reproducteur. Ces carences sont susceptibles d’avoir favorisé des métrites et des troubles fonctionnels de l'appareil sexuel en général.

Des maladies infectieuses peuvent compliquer les choses

La circulation de différents agents infectieux (BVD, FCO, ehrlichiose, leptospirose…) peut également avoir des impacts sur l’appareil reproducteur. En cas de doute, il convient d’en parler avec son vétérinaire pour effectuer un diagnostic et/ou mettre en place une prévention ad hoc.

Effectuer des diagnostics de gestation précoces

Pour éviter des déconvenues de vaches "retrouvées vides" au cours de l’hiver prochain, il est préférable de réaliser des diagnostics de gestation au pré et cela dès maintenant (et surtout avant d’enlever les taureaux !) pour faire le point sur la reproduction.

Ce diagnostic de gestation permet de détecter précocement les vaches et les génisses non-gestantes pour choisir une politique de réforme anticipée pour limiter les coûts d’élevage de femelles improductives ou de refaire un lot de reproduction "décalé". Ce diagnostic permet également d’alloter les animaux en fonction du stade de gestation, pratique nécessaire à une conduite précise du rationnement et une bonne gestion sanitaire lors de la future préparation au vêlage.

Tout ceci n'est possible que par un constat de gestation précoce, les fouilles en hiver étant trop tardives pour assurer un pilotage optimum du troupeau.

Cécile Chuzeville