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Visite du préfet dans le vignoble

Des efforts non récompensés

« Vous brisez notre élan ». Mardi, les mots du président de l’Union
viticole de Saône-et-Loire étaient sévères envers – non pas le préfet et
ses services (DDT 71) venus écouter – mais bien envers les
réglementations et normes environnementales « qui s’accumulent ».
Par Publié par Cédric Michelin
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Robert Martin le prouvait avec la dernière « connerie » classant (voir article du HH en page HH) les aires de lavage sur laquelle des tiers viendraient laver leurs pulvérisateurs en Installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), Cuma incluses. Née en 2007, l’aire de lavage collective de Chaintré serait dès lors « déjà obsolète », expliquait Stéphane Perraton, en imposant de la recouvrir d’une toiture supplémentaire, pourtant « contraire au PLU », dixit le maire, dans cette zone proche du château. Le trésorier démontrait l’investissement réel des viticulteurs jusque là (300.000 €). Gilles Mathias faisait aussi le décompte du coût actuel pour une exploitation (de 10 ha) adhérente : 1.886 €/an pour ces investissements non productifs. Responsable du service Vigne & Vin à la chambre d’agriculture, Didier Sauvage annonçait du coup que « les cinq projets en route sont arrêtés », alors que le département est leader en France sur le traitement des effluents vitivinicoles. Le préfet, Fabien Sudry reconnaissait devoir aller « expliquer (aux législateurs, NDLR) qu’une norme industrielle n’a pas le même impact en agriculture ».
Autre sujet, plus de fonds cette fois, sur l’exploitation de Fabrice Larochette, toujours à Chaintré, les pertes liées à l’Esca deviennent une « véritable course contre la montre pour garder des vignerons » comprenait le préfet. Les viticulteurs pointaient du doigt le « décalage » entre les 3,7 millions d’€ dédiés à la recherche publique sur cette maladie contre les quelque 20 millions d’€/an déboursés par les viticulteurs obligés de replanter. Arrivé à Saint-Gengoux-de-Scissé, Pascal Gaguin donnait des chiffres tirés du terrain pour douze exploitations (116 ha) : « 21.800 greffes ont été remises pour un coût estimé à 5,50 €/pied, soit 120.000 €, donc en moyenne, 10.000 € par exploitation juste l’an dernier ». De plus, ces pieds ne seront pas en production avant trois ans, rajoutait le conseiller général, André Peulet. En plus des entreprises, cela « déstabilise aussi les parcelles », glissait Danielle Jaillet. Les répercussions sont donc nombreuses. Y compris sur les marchés du vin. Le président de la cave de Lugny, Marc Sangoy, s’inquiétait « de perdre des marchés exports aujourd'hui car on n’arrive pas à produire », notamment en AOC crémant. « L’augmentation des prix ne compensent pas » les pertes de récoltes pluriannuelles.
Au cœur du foyer de la flavescence dorée, pour la CAVB, Jean-Michel Aubinel rappelait la nécessité de la prospection en vue d’arracher les pieds infestés, l’obligation de traiter pour éviter la propagation des foyers et enfin le traitement à l’eau chaude des nouveaux plants pour empêcher toute nouvelle réintroduction de la jaunisse. Il était clairement demandé au préfet d’être « ferme » sur le respect de l’arrêté pris par son prédécesseur. Fabien Sudry acquiesçait en vue de contrôler cette lutte « collective ». De la DDT 71, Christian Dussarat reconnaissait la nécessité de devoir mieux communiquer auprès des particuliers, entreprises et collectivités alors que la profession s’inquiétait des amalgames faits par la presse, associations et même partis politiques, avec les dérogations pour autoriser des traitements aériens. Dernier sujet grand public, le vice-président de la CNAOC, Jean-Michel Aubinel rappelait la farouche opposition professionnelle à une taxe comportementale sur les vins qui « enverrait surtout un mauvais message » aux consommateurs.

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