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Consommation de viande rouge

Des marchés qui bougent

Une conférence sur les marchés mondiaux de la viande organisée par
l’Idele (Institut de l’élevage) se tenait à Paris le 13 avril.
L’occasion de constater que les bassins traditionnels de consommation de
viande bovine et ovine commencent à perdre du terrain en même temps que
la transition nutritionnelle s’opère dans les régions émergentes du
monde.
Par Publié par Cédric Michelin
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La consommation de viande ovine est en recul dans les bassins traditionnels de consommation que sont la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Europe. Et pour cause, « sur le long terme, la production recule dans les bassins historiques », a expliqué Anne Mottet, chef de projet conjoncture ovine à l’Idele (Institut de l’élevage) le 13 avril.
En viande bovine, les bassins traditionnels de consommation sont les Etats-Unis, le Brésil et l’Europe, soit respectivement, en 2011, 11,1 millions de tonnes (Mt), 6,4 Mt et 7,8 Mt. Dans ces régions, la consommation de viande bovine se maintient globalement mais ne progresse pas. De fait, l’élevage est une activité de moins en moins rentable par rapport à d’autres productions agricoles. Au-delà de la concurrence avec les productions végétales, plus rémunératrices, il est l’objet « d’attaques sociétales souvent ciblées sur le bœuf » comme l’a constaté Philippe Chotteau, responsable du département économie des filières à l’Idele. Par ailleurs, l’élevage peut être perçu comme une profession contraignante : le renouvellement des générations est au cœur des préoccupations de la filière viande en France notamment. Ces constats expliquent le tassement de la production et de la consommation de viande bovine et ovine dans les bassins traditionnels.

Transition nutritionnelle


« La transition nutritionnelle correspond au passage de rations alimentaires fondées sur la consommation directe de céréales et de féculents (…) vers des rations comprenant davantage de sucres simples et de graisses saturées d’origine animale », définit Jean-Paul Charvet dans son livre Atlas de l’agriculture publié en mars 2012 (1). C’est ce qui est en cours en Asie et sur le pourtour méditerranéen.
Le niveau de vie des populations y augmente, leur pouvoir d’achat et leurs habitudes alimentaires suivent la même tendance. Ainsi, l’Asie - traditionnellement consommatrice de viande porcine - voit la consommation de viandes bovine et ovine progresser dans certaines tranches de la population. « En Chine, les consommateurs de viande bovine sont dans les zones urbaines et il s’agit en majorité de consommation hors foyer », précise Jean-Marc Chaumet, chef de projet conjoncture viande bovine à l’Idele. Si la demande chinoise globale progresse, il convient de relativiser ce constat : la consommation de viande bovine en Asie reste en-deçà des niveaux de consommation des bassins traditionnels. en moyenne, la consommation de viande bovine en Chine est de 4,5 kg/hab/an, contre 21 kg/hab/an en France ou encore 78 kg/hab/an aux Etats-Unis. en viande ovine, même constat : la consommation chinoise est d’environ 1,5 kg/hab/an seulement contre 11,6 kg/hab/an en Nouvelle-Zélande. Dans les pays du Maghreb, la viande bovine est très demandée, mais chère. « son prix est équivalent à 6 % du salaire minimum contre environ 2 % en France », résume Jean-Marc Chaumet. C’est le résultat d’une forte demande des populations que la production locale ne satisfait pas. C’est aussi ce qui explique l’ouverture progressive des frontières du pourtour méditerranéen aux productions européennes notamment. Néanmoins comme en Asie, la consommation reste en-deçà des niveaux européens ou américains. De fait, la consommation de viande bovine des pays du Maghreb est de 5 à 6 kg/hab/an. L’arrivée de viande bovine et ovine dans les assiettes des pays émergents est un constat sur lequel les experts s’accordent, mais aussi sur le fait que cette transition se fait de manière progressive.
(1) aux éditions Autrement, Atlas de l’agriculture, 19 €.