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Producteurs de viandes

Des préoccupations bien réelles

Le dernier conseil d’administration de la FDSEA s’est tenu à Charolles
ce 18 février, l’occasion de passer en revue une actualité chargée et
préoccupante pour les secteurs de l’élevage.
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C’est dans les locaux du centre de gestion et de comptabilité AS 71 à Charolles que se tenait le dernier conseil d’administration de la FDSEA de Saône-et-Loire. Un conseil studieux qui a notamment passé en revue une actualité chargée, et préoccupante pour les secteurs de l’élevage.
Nul n’échappe à l’avalanche médiatique qu’a provoqué la fraude sur la viande de bœuf substituée par de la viande de cheval, l’affaire dite à tort Findus, l’affaire Spanghero…
Dans le contexte de crise, avec les conséquences prévisibles sur la perte de confiance des consommateurs, toutes les filières Viande sont directement ou indirectement concernées. Christian Bajard, président de la section bovine, l’a rappelé après avoir dénoncé l’attitude « incompréhensible » de la Commission européenne (lire encadré ci-contre). Les éleveurs bovins sont de fait indignés - et c’est peu dire ! – tant par la nature de la fraude que par ce qu’elle révèle.

Les éleveurs "remontés"


De fait, alors que de lourds efforts de traçabilité sont imposés aux éleveurs et à la filière française, chacun constate que l’indication de l’origine des viandes utilisées dans les préparations agroalimentaires - laquelle indication n’est pas obligatoire - suscite toutes sortes de pratiques inadmissibles. Et cela est loin de ne concerner que les producteurs de viande bovine. Il en va en effet de même pour les produits à base de viandes de volaille, produits à partir de viandes de poulets saumurés importés du Brésil ou de Thaïlande… Et ainsi de suite ! On se souvient des œufs importés depuis on ne sait plus quel pays extra-européen alors que Bruxelles imposait des mises aux normes drastiques relatives au bien-être animal pour les poules pondeuses.
Le problème n’est pas tant les normes que le fait qu’elles ne sont déjà pas appliquées partout en Europe de la même manière et qu’elles ne s’imposent jamais aux produits importés extra-européens ! On marche sur la tête !

Faire bouger les choses !


Dans ce contexte, Christian Bajard informait que la section envisage - via la FDSEA - de se porter partie civile et de porter plainte au regard des effets désastreux pour l’image de l’élevage, des produits et des éleveurs. Il invitait aussi les éleveurs à se mobiliser pour aller, en délégations, rencontrer les responsables des GMS de leurs secteurs, alors que nul ne peut ignorer la responsabilité de ces derniers dans ces dérives, au regard de leur incessante et violente pression sur les prix imposée à tous leurs fournisseurs. Pas plus que la responsabilité des politiques qui œuvrent en faveur du maintien de l’inflation sur les produits alimentaires… Pour la section bovine, les objectifs de cette action sont avant tout d’exprimer aux grandes surfaces la totale incompréhension et la profonde colère des éleveurs qui pourraient bien payer quasiment seuls le tribu de cette nouvelle "affaire". Les syndicalistes entendent également interpeller les responsables des GMS quant au cahier des charges défini par les distributeurs pour leurs plats cuisinés sur l’origine de la viande bovine. Ces rencontres sont aussi l’occasion de privilégier la viande bovine française, le logo VBF est l’outil adapté. Un logo qui doit désormais également s’imposer dans les plats cuisinés !

Les esprits s’échauffent…


En cela, on ne peut ignorer les difficultés des éleveurs de porcs et de volailles qui, eux aussi, travaillent avec leur indentification respective - VPF pour Viande porcine française et Volailles de France - à tenter de reconquérir la restauration collective comme les usines agroalimentaires qui, de plus en plus nombreuses, font le choix de produits importés, horriblement dénommés "minerai"…
Louis Accary, président de la section avicole, en profitait pour dénoncer avec force la volonté actuelle des abatteurs de répercuter les conséquences financières de la fin des restitutions à l’exportation de viandes de volailles sur leurs prix d’achat. A la baisse. Pour ce dernier, autant les éleveurs peuvent aider la filière pour aller imposer aux GMS des hausses de prix, autant ils attendent de cette filière qu’elle agisse de même, alors que la hausse des charges n’a toujours pas été répercutée dans les prix payés aux producteurs…
Dans ce contexte de crise, chacun avait à l’esprit la baisse des cours de l’agneau liée aux importations massives de viande en provenance d’Irlande et du Royaume-Uni ou encore les effets de yoyo, le plus souvent à la baisse, sur les cours du porc qui impactent le revenu des éleveurs. Quant à Michèle Odde, elle rappelait les difficultés des éleveurs de chevaux à commercialiser leurs produits et le discrédit que jette la fraude sur leur viande.
Marie-Odile Morin, vice-présidente, suggérait de relancer la dynamique de contrôle des prix et de la composition des produits dans les GMS, comme la Commission des agricultrices le faisait il y a peu encore. Et cela, dans l’objectif de remonter des informations et de maintenir une pression sur les grandes surfaces.
Bref, nul doute que le monde de l’élevage au sens large entend faire valoir ses intérêts. Il en va de son avenir, de sa pérennité tout simplement.



Fraude à la viande bovine



Bruxelles s’enferre


L’affaire de la viande de cheval réclame urgence, efficacité et transparence. Pourtant, la Commission européenne s’enferme et s’enferre. D’après elle, il serait « prématuré » d’envisager de rendre obligatoire un étiquetage d’origine des viandes présentes dans les produits transformés… Il faudrait ainsi attendre un futur rapport d’un rapporteur pour une possible future décision ! « Déconnectés, voilà le bon mot ! », argue la profession pour laquelle, « face à l’urgence, face à la crise, face à la fraude, il faut réagir maintenant ! On peut légitimement se poser des questions : qu’est ce qui bloque ? Qui empêche ? Qu’en pensent Findus et Picard ? Le lobbying des grandes firmes est-il efficace pour en oublier une Europe au service des consommateurs citoyens. Le travail des éleveurs est remarquable et exigeant, que tout le monde suive cette voie », interroge la FNSEA. A force de baisses de prix, de marges indues, de négociations commerciales sous haute pression et d’une grande distribution qui, sous couvert de défense du pouvoir d’achat, se permet tout, tout est possible, le pire aussi.