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Grandes cultures

Des rendements hétérogènes

Agreste et FranceAgriMer font état d’une production 2013 satisfaisante
en céréales à paille, faible en colza. Une grande hétérogénéité des
rendements est observée pour l’ensemble des grandes cultures. La qualité
est jugée correcte en blé, plus mitigée en orge de printemps. Des
inquiétudes pèsent sur la récolte à venir du maïs.
Par Publié par Cédric Michelin
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D’un volume moyen en céréales à paille, faible en colza, la récolte 2013 apparaît tardive et marquée par des rendements localement très hétérogènes pour l’ensemble des grandes cultures. En blé, la production augmenterait légèrement par rapport à celle de l’an dernier et de la période 2008/12. Agreste, au 1er août, et FranceAgriMer, au 9 août, l’évaluent à plus de 36 millions de tonnes (Mt). Leurs estimations divergent sur le rendement comparé à la moyenne quinquennale (72,7 q/ha), inférieur selon le service statistique du ministère de l’Agriculture, avec 72,3 q/ha, supérieur d’après l’établissement national, à 74 q/ha. « Cette année est caractérisée par une hétérogénéité des rendements dans toutes les régions », note FranceAgriMer. Son communiqué met en avant une qualité satisfaisante, avec « de bons critères physiques et un taux de protéines correct bien que variable ». L’établissement juge les poids spécifiques bons à très bons, dépassant souvent 77 kg/hl en moyenne et même 79 kg/hl dans plusieurs régions. Côté indices de chute de Hagberg, un bon niveau est également constaté sur l’ensemble du pays. Les teneurs en protéines moyennes sont généralement comprises en 10,5 et 11,5 %.

Déception en colza


La récolte d’orge est évaluée entre 10,5 et 10,6 Mt. elle serait en baisse après le niveau élevé de l’an dernier. Agreste table sur une diminution de 8 % sur un an, avec un rendement de 64,4 q/ha situé dans la moyenne 2008/12. En orge d’hiver, FranceAgriMer pointe le retour à des rendements « plus habituels », avoisinant la moyenne quinquennale (66 q/ha). La production atteindrait 7,5 Mt. Celle en orge de printemps chuterait d’un tiers sur un an, conséquence d’une baisse importante des surfaces et de la faiblesse du rendement, à 62 q/ha selon l’établissement national. 3,1Mt seraient récoltées. « Les teneurs en protéines sont un peu faibles, souvent comprises entre 9 et 10 % en moyenne, souligne FranceAgriMer. Les poids spécifiques et calibrages s’annoncent en revanche à un bon niveau. »
Mais la plus grosse déception vient du colza, qui a souffert de difficultés d’implantation à l’automne et d’une pluviométrie excessive au printemps. Sa production, estimée entre 4,4 et 4,5 Mt, chuterait d’environ 20 % sur un an. Le rendement décroche à 31q/ha, selon FranceAgriMer, et même 30,2 q/ha, d’après agreste, qui chiffre la diminution à 4 q/ha par rapport à 2012 et à la moyenne 2008/12. A l’inverse, une reprise de la production est observée en protéagineux. Les emblavements se stabiliseraient après deux années de baisse. « Les féveroles se développeraient au détriment des pois, note le ministère de l’agriculture. Malgré de bons rendements, la production resterait inférieure de 17 % au niveau moyen 2008/12. » De son côté, FranceAgriMer estime le rendement en pois à 44 q/ha, portant la récolte à 550.000 t.

Des craintes pour le maïs



Concernant la récolte à venir du maïs, Agreste parie sur des niveaux globalement supérieurs à la moyenne. Son estimation au 1er août ressort à 89 q/ha pour le rendement en grain, inférieur de 5 q/ha à la moyenne, que compenseraient des surfaces en progression de 6 %. La récolte atteindrait 15,6 Mt, en hausse de 4 % sur un an. Mais la situation a eu le temps d’évoluer. Un son de cloche bien différent est donné par Coop de France. « Dans le Sud-ouest, l’ambiance est morose et les collecteurs s’attendent à une baisse significative de la collecte, peut-on lire dans son bulletin du 23 août. Entre des conditions d’implantation exécrables et un été chaud, les plantes, notamment en situation non irriguée, sont dans un triste état. »



Prix : la météo et la crise syrienne animent les marchés


Les prévisions météo sur la « Corn Belt » américaine tendent les marchés internationaux. Août est la phase clé pour le développement du soja, pénalisé par les pluies rares et les températures chaudes dans le Midwest. Les prix oléagineux et céréaliers à Chicago réagissent à la hausse, entrainant dans leur sillage ceux d’Euronext. À l’inverse, la crise syrienne exerce une pression baissière. Les marchés ont tendance à se replier face au risque d’une intervention militaire occidentale. En céréales, ils restent néanmoins dynamisés par un bon courant à l’export. Sur l’Euronext au 28 août, la tonne de blé affiche 189,25 euros pour l’échéance de novembre, quand le colza se situe à 387,75 euros.







Vers un record en blé, le maïs et le soja souffrent



La récolte mondiale de blé pourrait atteindre un record en 2013, les conditions météorologiques ayant été favorables aux moissons cet été. Tous les yeux sont désormais tournés vers la récolte de maïs qui a souffert au mois de juillet dans certaines grandes régions de production. La plupart des experts ont revu leurs prévisions à la baisse.
Les conditions climatiques de l’été ont permis à la récolte mondiale de blé de se faire dans de bonnes conditions. Par contre, la chaleur et la sécheresse affectent les cultures de maïs et de soja notamment aux Etats-Unis mais aussi en Europe. Dans son actualisation au 1er août, le Conseil international des céréales (CIC) a révisé à la hausse de 4 millions de tonnes (Mt) la production mondiale de blé estimée pour la campagne 2013-2014 et à la baisse de 4 Mt celle de maïs par rapport aux prévisions du 1er juillet. Le CIC évalue maintenant à 687 Mt la moisson de blé, contre 683 Mt prévu un mois plus tôt, et à 942 Mt la récolte de maïs, contre 946 Mt en juillet. Les données de la consommation en revanche laissent apparaître une augmentation des utilisations,
Celles-ci passant de 1.598 Mt prévu le 1er juillet à 1.601 Mt, du fait de l’augmentation de l’emploi du blé (+ 4 Mt, à 686 Mt). Les stocks de fin de campagne pour les deux céréales sont prévus à 324 Mt, contre 330 Mt au 1er juillet, ce qui traduit une érosion des disponibilités plus importante que prévue.
La sécheresse touche le maïs américain
Le département américain de l’agriculture (USDA) dresse un tableau similaire dans son rapport mensuel sur l’offre et la demande agricoles mondiales publié le 12 août. Les États-Unis ont revu à la baisse leurs prévisions de production mondiale de maïs et de soja, tandis que sur le blé, ils s’attendent désormais à une récolte record. L’USDA table désormais sur une récolte de maïs d’environ 957 Mt, en baisse de 2,7 Mt par rapport à sa précédente estimation de juillet. Ce sont surtout sur les États-Unis que les experts américains revoient leurs prévisions à la baisse de près de 5 Mt pour une production attendue de 349,6 Mt. Sur le soja aussi, la prévision de production américaine est revue à la baisse de 5,5 Mt, à 88,60 Mt. Résultat : la prévision pour la récolte mondiale est aussi revue à la baisse de plus de 4 Mt, à près de 282 Mt. Enfin, pour le blé, l’USDA revoit à la hausse son estimation de production mondiale de 7,5 Mt, à plus de 705 Mt, un record : une meilleure récolte que prévu est notamment attendue dans l’Union européenne (Espagne, France et Allemagne en tête), au Kazakhstan et en Ukraine. Dégradation des rendements de maïs dans l’Union Européenne au 1er août, la récolte européenne de céréales devait atteindre 304,5 millions de tonnes (Mt) dont 131,7 Mt de blé, 59,4 Mt d’orge et 70,9 Mt de maïs. Mais les rendements de maïs ont depuis été revus à la baisse. Le Centre commun de recherche de la Commission européenne a légèrement révisé à la baisse, le 26 août, ses prévisions de rendement de maïs au sein de l’Union Européenne. Cette baisse est principalement le fait d’une forte diminution des rendements en Hongrie, qui est le troisième plus important producteur européen, où la chaleur et la sécheresse ont affecté les cultures.
L’Autriche, la Slovénie et la Croatie sont également touchées. Ainsi, les rendements atteindraient 6,97 tonnes par hectare, soit 0,3% en dessous de la moyenne des cinq dernières années. Mais près de 15% au dessous des très faibles rendements de l’année dernière.
La Russie touchée par des inondations
L’Ukraine a annoncé qu’elle prévoit une récolte céréalière de 57,1 Mt, contre seulement 46,2 Mt en 2012 et un précédent record de 56,7 Mt en 2011. Les exportations atteindraient sur la campagne agricole 2013-2014 un niveau record de 28 Mt (dont 16 Mt de maïs, 9 Mt de blé, et 2,5 Mt d’orge).
La Russie est pour sa part confrontée à des inondations historiques qui ont touché l’Extrême-Orient russe, détruisant 667.000 hectares de cultures. En conséquence, le gouvernement russe a réduit sa prévision de récoltes de céréales à 90 Mt contre 95 Mt auparavant. Cela reste bien supérieur à la faible récolte de 2012, qui avait atteint 71 Mt. Moscou prévoit d’exporter 18 à 20 Mt de céréales pendant la campagne agricole 2013-2014, contre 15,7 Mt. Cette bonne récolte permet également à la Russie de reconstituer ses stocks qui s’élevaient à 25,2 Mt au 1er août, contre seulement 12,8 Mt un mois plus tôt.
Au Brésil, enfin, la production 2013 de grains pourrait marquer un record de 187,9 Mt, en progressant de 16,2% par rapport à celle de l’année 2012 (162 Mt), selon les dernières prévisions.
La production brésilienne de soja devrait augmenter cette année de 23,7% par rapport à 2012, et s’établir à 81,3 Mt, après un recul en 2012 lié à de mauvaises conditions climatiques. La production de maïs devrait pour sa part augmenter de 12,2% à 80 Mt, un nouveau record.