Des réponses pour optimiser les revenus
Dans la genèse de Feder, les grandes manœuvres ont débuté en Saône-et-Loire il y a quatre ans avec la naissance de Global issue de la fusion de Gecsel, Bourgogne Elevage et Terre d’Ovins (anciennement Coprovosel). Rapidement, un rapprochement avec Socaviac a été envisagé, lequel a abouti à la création de Feder. Ce groupe coopératif a la particularité d’avoir fait entrer dans son capital une coopérative céréalière, en l’occurrence Axéréal (anciennement Epicentre). Bientôt, une seconde coop céréalière entrera au capital de Feder. Il s’agit de Dijon Céréales avec laquelle Axéréal partagera ses parts sociales. Le capital de Feder demeurant à 80 % détenu par les éleveurs, insistait le président Yves Largy. Depuis sa naissance, Feder a été rejoint par la coopérative ovine Copagno et il est entré au capital de Limousin Charolais Acor, structure export.
Massification qui porte ses fruits
En à peine quatre ans de temps, on a ainsi vu naître la plus importante coopérative animale spécialisée à l’échelon national : 4.500 producteurs sur une vingtaine de départements avec une activité de 200.000 bovins et 170.000 ovins par an. Pour les responsables de cette jeune structure, la ligne est claire : « massification de l’amont pour peser sur les marchés ». Sans rompre avec l’ancrage territorial de ses coopératives fondatrices, Feder a du refondre son organisation interne avec le souci de faire jouer les économies d’échelle.
Au terme de l’exercice 2013, le groupe améliore sa situation financière avec un résultat d’exploitation équilibré et un bilan conforté, faisant de Feder une coopérative « viable », assurait le directeur Michel Millot. De fait, une gestion rigoureuse a permis d’améliorer la maîtrise des charges. C’est d’ailleurs la mission que s’est donné l’un des cinq nouveaux pôles créés au sein de Feder. Dans un groupe employant pas moins de 222 salariés sur onze sites, le pôle Affaires générales a tout particulièrement veillé à la réduction des charges administratives. Des efforts de rationalisation ont ainsi permis de gagner en moyenne un kilomètre de transport par bovin, ce qui représente une économie de 250.000 €. 72.000 € supplémentaires ont été économisés en matière de logistique, détaillait Mathieu Prin.
Cette optimisation des charges est le signe que la stratégie ayant conduit à la création de Feder porte ses fruits. Si l’on peut regretter que le groupe coopératif ne puisse pas empêcher la baisse actuelle sur le prix des vaches, le volume d’animaux ainsi réuni permettrait cependant « d’être un peu plus écouté », assurait le directeur.
Forte de sa taille, la coopérative mise sur des partenariats « gagnant gagnant » avec l’aval. « A l’export, nous n’avions jamais été capables de faire des bateaux en direct comme nous sommes en mesure de le faire maintenant », faisait remarquer Yves Largy.
Contrats, plus-values, prévisions de sorties
La conquête de nouveaux marchés est un autre défi que se donne l’entité Feder. Fin 2013, le groupe coopératif s’est mis à affréter un bateau tous les 40 jours pour l’Algérie. Un coup d’accélérateur est même promis pour 2014 avec l’arrivée d’un nouveau commercial spécialiste des pays tiers. Objectif 7 à 8.000 animaux en 2014.
Face à une Pac qui inquiète et une volatilité des prix insaisissable, la réponse de Feder est de « valoriser au mieux la production des adhérents avec en ligne de mire leur revenu », expliquait Yves Largy. C’est le rôle des filières de qualité qui absorbent près de 40.000 animaux générant 700.000 € de plus-values en bovins et 300.000 € en ovins.
2013 a vu le lancement avec succès des « contrats plus-value confiance et OP ». Visiblement appréciés des éleveurs, de nouveaux contrats sont signés chaque semaine avec un objectif de 850 à 900 producteurs fin 2014. Si le rôle d’une coopérative est bien de répondre aux attentes de ses adhérents, il est aussi d’organiser la production et de prévoir les sorties. Sur ce point, les responsables de Feder ne cachent pas que leurs adhérents vont être appelé à évoluer. « On va vous demander de plus prévoir vos ventes : on ne peut pas y échapper. Annoncer ses animaux un à deux mois à l’avance est tout à fait possible », lançait le responsable du pôle commercialisation/qualité.
Accompagnement technique renforcé
L’autre réponse de Feder pour optimiser le revenu des exploitations est l’accompagnement technique. Si la coopérative réalise plus de 10 millions d’€ de chiffres d’affaires avec son activité approvisionnement, elle est aussi très investie au travers d’actions concrètes de démonstrations, formations, analyses de fourrages… Travaillant en partenariat avec des autres OPA compétentes, Feder intervient sur les coûts de production, l’alimentation, les bâtiments, les suivis technico-économiques… Autant d’actions destinées à optimiser la maîtrise des coûts dans les exploitations.
La génétique est aussi un domaine sur lequel Feder revient en force. Un pôle technique lui est entièrement dédié et une nouvelle section reproducteurs a été créée. S’impliquant davantage dans la commercialisation d’animaux reproducteurs, la coopérative entend aussi « assumer davantage cette vente » en assurant un suivi de ces animaux après vente pour « voir si cela répond aux objectifs », expliquait le responsable professionnel de ce pôle.
Sur 2013/2014, Feder a consacré 10 millions d’€ à l’accompagnement de la production auprès de 300 éleveurs : avance de trésorerie, prêts JA, aides à la création de places d’engraissement, contrats pour améliorer et accroître la génétique des troupeaux…
Terre d’Ovin
Demande soutenue
La coopérative Terre d’Ovin vient de vivre sa première année avec de si bons résultats, confiait son président Gilles Duthu. Progression qui se poursuit en ce début 2014. La coopérative assiste à une montée en puissance du Label rouge. La demande porte sur de bons agneaux bien conformés et pas trop gras. Les éleveurs ovins ont toutefois de véritables craintes quant à la Pac.
Les Eleveurs Bio de Bourgogne
Le Bio stable
Les Eleveurs Bio de Bourgogne viennent de vivre une année stable. Le nombre de bovins commercialisé n’a pas bougé (1.800 animaux) et les ovins ont légèrement progressé (2.000 agneaux), confiait Nicolas Boucherot, le président. Les objectifs de la coopérative sont de développer les débouchés locaux ; développer de nouveaux points de vente ; animer les boucheries bio et distribuer de la viande locale bio. A noter que l’activité des points de vente bio de Feder (Boucheries Bio de Bourgogne…) est en progression. Le chiffre d’affaires 2013 dépasse 1 million d’€.
Algérie
« Un marché sérieux »
Ingénieur Affaires au Crédit agricole, Arnaud de Bantel est venu parler export. Dans un contexte attendu de doublement de la consommation mondiale de viande bovine, l’économiste déplorait en préambule une baisse de rentabilité importante de la filière viande bovine en France. Confirmant l’érosion du débouché italien, il faisait un tour d’horizon des « relais de croissance » potentiels. Comme s’en sont aperçus les adhérents de Feder, c’est l’Algérie qui est venue remplacer la Turquie au rang des pays tiers. Pour l’économiste du Crédit agricole, l’Algérie a l’avantage d’avoir de quoi payer grâce à ses hydrocarbures. Avec une économie fortement pilotée par l’Etat, c’est un pays stable avec une démographie en croissance et une forte dépendance alimentaire. La consommation de viande bovine y est en augmentation. La France aurait de nombreux atouts face à ce débouché. Elle est déjà un important fournisseur de l’Algérie (céréales). Son offre est de qualité et les relations sont bonnes entre les deux pays. « C’est un marché sérieux qui tient bon depuis 2008. Nous y avons une très bonne image », confirmait le nouveau responsable export à Feder, Laurent Antignac.
3.500 bovins semaines
En 2013, Feder a eu une activité bovins viande de 76.000 animaux correspondant à 1.400 bovins semaine. 80% sont allés aux abattoirs du groupe Bigard et de Socopa. L’activité bovins maigre s’élevait à 110.600 animaux soit 2.100 bêtes semaine dont 58% sont allés à l’export et 42% ont tout de même été engraissés en France. Chiffre d’affaire global du groupe Feder : 290 millions d’euros.