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Bovins lait

Des revenus enfin stabilisés

Après un spectaculaire redressement de situation sur la campagne
2010-2011, 2011-2012 est marquée par une stabilisation des résultats et
un revenu en légère progression.
Par Publié par Cédric Michelin
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Si les surfaces mises en valeur se stabilisent, le litrage vendu progresse de 10 % en 2011. La conjoncture laitière favorable tire la production vers le haut, d’autant plus que les éleveurs ont bénéficié de souplesse dans la gestion des quotas sur la dernière campagne avec l’attribution de références gratuites. La concentration laitière se poursuit avec toujours plus de lait vendu par unité de main-d’oeuvre. L’évolution est encore plus marquée sur la campagne laitière 2011-2012 avec 18.000 litres commercialisés en plus. En Saône-et-Loire, les livraisons par vache augmentent de 6 %. La résultante de l’effet de la conjoncture qui incite les producteurs à davantage produire. Mais aussi de références supplémentaires attribuées dans le bassin laitier sud-est avec en moyenne 34.000 litres par demandeur. Le prix du lait est en hausse de 8 %, soit 26 € pour 1.000 l. Toutefois, la stabilité des charges est bien moins d’actualité qu’en 2010-2011. L’alimentation animale amorce une augmentation significative et le prix de l’énergie induit une hausse des charges d’intrants et de carburant. Depuis 10 ans, les charges courantes n’ont jamais été aussi élevées, dépassant les 310 € pour 1.000 l. Après la spectaculaire remontée de la rentabilité observée en 2010, l’efficacité économique recule légèrement tout en restant à un niveau satisfaisant. Le résultat courant par Utaf augmente de 1.800 €, atteignant 33.500 €. Il dépasse son niveau de 2007. Si le développement de la production laitière y contribue, le contexte économique des céréales n’y est pas étranger. L’endettement est contenu à 50 %.

Une grande disparité



A 345 €, le prix du lait atteint quasiment son niveau d’avant la crise de 2009. La remontée des cours de la viande et la demande en génisses prêtes contribuent aussi à la progression du produit. La hausse du coût alimentaire est sensible (+ 20 %). Sous l’effet du prix de l’énergie, le poids de la mécanisation se renforce. Les charges de production n’ont jamais été aussi élevées. Un quart des exploitations laitières dégage un revenu par Utaf inférieur à 20.000 € alors que le quart supérieur dépasse les 48.000 €. Les exploitations les plus performantes disposent d’un revenu de 50.000 € par Utaf. Elles se caractérisent par une surface en cultures et un litrage plus importants, un prix du lait plus élevé (349 €), des frais de mécanisation réduits, un endettement plus modéré (44 %) et des réserves de trésorerie plus confortables. A noter que 60 % des élevages laitiers présentent un risque nul alors qu’ils n’étaient que 40 % dans cette catégorie en 2010. Dans ce contexte instable, une stratégie d’épargne est indispensable, d’autant plus que les investissements se poursuivent régulièrement. Le maintien d’un niveau de rentabilité élevé est nécessaire. A défaut, il faudra pouvoir mobiliser des réserves de trésorerie qui auront été constituées au cours d’une bonne année.

Réduire l’impact du coût alimentaire



La campagne laitière 2011-12 a été exceptionnelle : le niveau attractif du prix du lait payé au producteur a soutenu l’activité et s’est traduit par 4 % de production supplémentaire à l’échelle nationale, soit un niveau de collecte jamais plus observé depuis 1988. La collecte mondiale s’est également montrée très dynamique. Cet accroissement des livraisons a induit, début 2012, la chute des cours des produits industriels en Europe. Avec, pour conséquence, la baisse du prix du lait payé au producteur. Pour la première fois depuis 2010, le prix du lait s’est établi en avril 2012 à un niveau inférieur à son prix de l’année précédente.
Depuis l’été, la situation a brutalement changé. La collecte fléchit du fait de l’envolée des coûts de production, en lien avec la flambée du cours des céréales. Mais cela ne devrait pas se traduire par la remontée du prix payé au producteur avant la fin d’année. D’autant plus que deux grands groupes laitiers ont annoncé un décrochage de 5 € par 1.000 l sur le prix du lait depuis l’automne. Dans ce contexte, la marge brute des ateliers laitiers devrait se dégrader fortement, avec une hausse du poste aliments de l’ordre de 20 %. Le revenu par Utaf pourrait chuter dans les mêmes proportions. La baisse des résultats devrait cependant être limitée par la bonne tenue du cours des céréales vendues. Dès lors, au-delà de l’épargne de précaution, le travail doit porter sur le coût alimentaire pour réduire la sensibilité sur ce poste. A signaler, enfin, que le flou actuel qui règne sur les marchés, peu lisibles et extrêmement réactifs, est renforcé par le passage des quotas aux contrats.