La journée de mardi 7 juin 2011 restera à n'en pas douter dans les mémoires... bien évidemment bien loin de cette fameuse journée du 10 août 1981 (voir encadré). Pour autant, l'heure était au grand nettoyage ce mercredi et aux démarches administratives avec les assurances. Les averses de grêle qui se sont abattues mardi en début d'après-midi ont eu de lourdes conséquences, et notamment sur les premiers crus de la plus grande appellation de Bourgogne, qui couvre près de 676 hectares de vigne. Toute la partie Est, allant du Clos des Combins au Clos l'Evêque a subi les affres de la météorologie. Et le constat varie en fonction de la parcelle, mais sur un secteur essentiellement en premier cru, il est évident qu'il va falloir compter quelques milliers d'euros de perte à l'hectare. De 10 % pour les plus chanceux à plus de 50 % chez d'autres, l'heure est à l'inventaire et chacun s'accorde à dire que la saison des orages ne fait que commencer.
Il est tombé 1/10e de l'eau annuelle en quelques heures
En l'espace de 48 heures, ce sont 90 mm de précipitations qui ont été récoltés. Un chiffre impressionnant qui représente 1/10e de ce qu'il tombe en une année sur la commune. Le chiffre est là à lui seul pour démontrer l'ampleur des averses qui ont traversé la commune, et une partie des villages avoisinants.
[WEB]Au garage Dureuil, mardi et mercredi, c'était l'heure du grand nettoyage, alors que ce matin, la découverte de 25 centimètres de boue dans l'ensemble du garage a semé quelque peu la panique. Tous les employés appuyés par un employé municipal étaient sur le pied de guerre pour remettre au plus vite la structure en état de marche, où la préjudice est évalué à plusieurs milliers d'euros. Un peu partout, ce sont des torrents de boue qui ont dévalé sur les routes. A la pharmacie Houlmann, les employées ont très vite procédé au nettoyage alors que quelques centimètres de boue avaient envahi l'établissement. Du côté du MaxiMarché, par bonheur, c'est juste une partie des structures externes dont un frigo qui ont été touchées. [/WEB] Le Giroux avait repris le mercredi matin son allure, chargée d'une couleur brune liée au ravinement des terrains viticoles. On a évité le pire... c'est une évidence et les travaux entrepris suite au terrible orage de 1981 en sont pour quelque chose.
" On a échappé à la catastrophe ! "
Pour Michel Juillot, figure emblématique dans l'appellation Mercurey et Président du syndicat viticole lors des violents orages de 1981 et 1983, "
ce mardi, on a échappé à la catastrophe grâce aux travaux réalisés lors du remembrement. Sans eux, les dégâts auraient été colossaux". Et Michel Juillot de se remémorer le terribles épisodes du 10 août 1981 où en l'espace de 40 minutes, 140 mm de précipitations étaient tombés sur Mercurey. Les conséquences avaient été désastreuses avec plus de 1,60 m d'eau dans les caves et des dégâts considérables. "
C'est une vraie prise de conscience de la population et des viticulteurs qui a été mise en place" précise l'ancien président du syndicat viticole. Avec le soutien du Conseil Général de Saône-et-Loire qui a financé 70 % des travaux entrepris alors que les viticulteurs prenaient à leur charge le restant avec le soutien de la municipalité, et de la Chambre d'agriculture.
Un constat éloquent
Les viticulteurs ont compris le poids de leurs responsabilités dans les événements de 1981 et 1983, et entreprirent dès lors une complète remise en cause de leurs modes de fonctionnement. Le constat avant 1981 était effroyable avec "une quasi-absence d'un réseau hydraulique dans les coteaux, la concentration des eaux dans le Giroux trop faiblement dimensionné et situé dans l'axe principal du village, la suppression des haies et des murs, l'allongement des rangs de vignes, l'augmentation des surfaces plantées y compris sur les fortes pentes, la suppression des zones tampons occupées autrefois par la prairie ou les céréales ou encore l'utilisation de matériels lourds qui avaient pour conséquence d'aplatir les sols et de former des ornières...".
"Un remembrement unique en France"
A l'échelle de l'appellation, Michel Juillot ose, "c'est un remembrement unique en France qui s'est opéré en France... une des conditions pour s'attaquer aux causes profondes à l'origine des épisodes de 1981. Il a été nécessaire de mettre en place une politique globale à l'échelle de la commune". La réalisation des travaux hydrauliques a été conduite par une Association Foncière regroupant tous les propriétaires, association qui devrait s'éteindre d'ici 2015 dans sa vocation première (même si d'ores et déjà, il est question évidemment de poser la question de l'entretien des travaux réalisés), date de fin de remboursement des travaux colossaux entrepris. Ce sont 1.400 hectares qui ont été remembrés avec 4.543 parcelles cadastrales et touchant 1.277 propriétaires fonciers.
C'est la division Hydrologie-Hydraulique du Cemagref de Lyon qui a été chargé de l'étude des travaux qui auront duré 4 ans. Deux bassins d'orage et dix-neuf décanteurs ont été installés avec la naissance de l'Etang du Pont Latin dont la vocation première, au-delà d'être un lieu de balade très prisé, reste celui de bassin de rétention pour éviter l'engorgement du Giroux. Et les viticulteurs étaient bien là ce mercredi pour rappeler le rôle des travaux entrepris.