Des vignerons "anti-grêle"
son assemblée générale pour, notamment, valider le déploiement d’un réseau
de générateurs de lutte contre la grêle. Un dispositif protégeant le
vignoble Mâconnais, mais également celui du Beaujolais ainsi que les zones
alentours. Explications.
Recherche de bénévoles
Comment fonctionne ce système ? Les spécialistes parlent « d’ensemencer les nuages ». Les générateurs seront positionnés au Sud-Ouest des vignobles, là d’où vient la majorité des orages. A partir d’un « risque » météo de 40 %, l’Anelfa déclenche l’alerte. « Nous avons déjà déclenché deux fois en dessous de ce seuil de prédiction », précise Thiébault Huber, qui sait la responsabilité de cette décision basée sur des prédictions météorologiques.
Tous en même temps, les bénévoles déclenchent alors ces générateurs et le système de brûleur (acétone 100 % dégradé) pour créer « des poussières » d’iodure d’argent. Ces « multiples particules » seront aspirées par le nuage (courant ascendant), monteront (jusqu’à 12 km d’altitude), et se chargeront en eau. Plus lourdes, ces agrégats d’eau retomberont avant d’être refroidis en altitude et donc avant de devenir de potentiels "gros" grêlons dévastateurs, normalement. 143 générateurs seront nécessaires pour protéger tout le vignoble bourguignon. 20 de plus pour le Beaujolais. Une protection "anti-grêle" couvrant dès lors plus de 45.000 ha avec l’Yonne ! Le réseau est en train d’être implanté, mais il manque encore des bénévoles. La FDSEA de Saône-et-Loire fait appel à son réseau d’agriculteurs.
Les vignerons payent pour vous
« Le transport et les recharges coûtent le plus cher », annonce Thiébault Huber qui a un budget prévisionnel « autour de 290.000 € par an » q'aucun assureur n’a pourtant voulu financer. Quelques mairies ont fait des dons. Les vignerons payeront donc pour tous les habitants autour des vignobles. Comme d’autres ODG, l’Union des producteurs de vins Mâcon a voté une cotisation de 8 €/hectare. « C’est assez ridicule comparé aux dégâts » évités.
Pas de pollution ?
Et qu’on ne leur soulève pas une énième polémique sur une éventuelle pollution, s’énerve déjà Thiébault Huber. « Je suis vigneron en biodynamie. Depuis 2014, ce système fonctionne chez nous. Depuis 2015, nous faisons des mesures sur nos vignes. La quantité d’iodure d’argent retrouvé était de 2 grammes par hectare en 2015 et 3g/ha en 2016 sur vigne. En bio, je mets largement plus de cuivre que ça ! » (jusqu’à 30 kg/ha/5 ans autorisés, NDLR) pour se protéger du mildiou et de l'oïdium principalement, tranche le vigneron de Volnay. Des prélèvements de sol et d’eau pour analyse seront tout de même effectués, en début et fin de campagne pour vérifier.
Par le passé déjà, d’autres systèmes similaires fonctionnaient. Ancien chef du service viticole à la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, Robert Boidron rappelait que dans les années 1970-1980, une trentaine de stations étaient en test dans les gendarmeries, permettant les permanences de jour et de nuit. Vigneron à Pierreclos et ancien président du BIVB, Marc Jambon évoquait aussi l’épandage direct dans les nuages par avion, arrêté car « certains reprochaient alors que la grêle frappait davantage de l’autre côté de la Saône », le système ne "tuant" pas les orages, lesquels continuent leurs courses destructrices ailleurs…
Pour le président de l’UPVM, Jérôme Chevalier, protéger les vignes, les vignerons et les populations locales des dégâts de la grêle, « c’est aussi cela qui contribue au bien vivre ensemble ».
30.000 hl vendus en moûts
En 2016, 816 viticulteurs ont déclaré produire des vins AOC mâcon, sur plus de 4.000 ha. La coopération pèse pour 59 % du total des 217.208 hl, devant les caves particulières (26 %) et les 15 % restants sont vendus sous forme de moûts et raisins. Jérôme Chevalier était surpris qu’aucune question n’émane de la salle sur l’évolution de ces derniers. « Pourtant, vous me posez souvent la question dans les vignes », tentait-il de libérer la parole. Directeur du pôle Marché et développement au BIVB, Philippe Longepierre avait présenté les chiffres économiques et notamment les transactions en vrac par millésime. Sur la campagne 2016-2017, il s’est échangé 88.624 hl (-0,6 %). Rien d’inquiétant donc à ce stade, comme le rappelait le président de l’UPVM, qui invitait tous les vignerons à « tenir les prix » face au négoce. Une évolution plus remarquable est celle des ventes en moûts qui a bondi de +52 % par rapport à la moyenne quinquennale, et +14 % par rapport à l’année dernière, pour atteindre désormais 30.876 hl. Une hausse qui est le reflet de marchés porteurs. Que ce soit à l’export ou en grandes surfaces, le BIVB enregistrent des évolutions « positives », tant en prix bouteilles qu’en volumes, relativement par rapport aux pertes de récolte. Un groupe interprofessionnel travaille cependant « à l’argumentation de la valorisation », laquelle sera testée sur des consommateurs. Une valorisation qui passe par l’image également. Jérôme Chevalier demandait « l’adhésion de tous » autour du projet de Cité des vins, projet voté au BIVB en décembre, pour valoriser le Mâconnais dans son ensemble (voir article en page HH).
Finir de planter ses parcelles
Responsable de la commission technique de l’ODG, Marc Sangoy faisait un point sur les autorisations de plantation. Comme l’an dernier avec le nouveau système, 50 ha de plantations nouvelles ont été demandés pour la campagne 2017/2018, « sans activer de critère de restriction » d’attribution. En revanche, « un seuil plafond en dessous duquel la totalité de la surface demandée est attribuée » va être créé « pour que tout le monde en ait un peu » et surtout « pour finir de planter une parcelle qui sinon restait autorisée à 99 % avec le prorata ».
Par ailleurs et figurant dans le plan de contrôle, les visites de vignes ont permis de constater seulement 40 hectares avec manquements sur les 1.342 hectares visités. 20 hectares ont été mis en conformité par la suite.
80 ans des vins Mâcon
Avec un bilan financier « positif », présenté par la trésorière Isabelle Meunier, Dany Grandjean, en charge de la communication, se sentait libre d’annoncer la reconduction les 19 et 20 mai prochain du festival Mâcon Wine Note ? lequel a enregistré 4.300 entrées l’an dernier sur l’esplanade Lamartine à Mâcon. Cette année sera particulière puisque l’appellation fêtera ses 80 ans d’existence. « Un moment festif est prévu le vendredi soir », invitait-il tout le monde. Le samedi soir aussi sera l’occasion de faire la fête, avec de nombreux groupes musicaux locaux, tout en dégustant les « ambassadeurs du Mâconnais » que sont les vins sélectionnés lors de la dernière distinction Saint-Vincent des Mâcon. Ces derniers serviront également lors du Rallye des vins ou à la prochaine opération, le 12 juin, à Londres avec le BIVB et Sopexa, l'occasion de « sentir ce qui se pense vraiment avec le Brexit », concluait Jérôme Chevalier, le Royaume-Uni étant le premier pays tiers consommateur de mâcons.