Deux préfets et une ambition
présence du préfet de région et de celui de Saône-et-Loire, l’équipe des
élus de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire a présenté le projet
d’évolution du site de la ferme de Jalogny et l’ambition qui a dicté
les réflexions… Retour.
Depuis 2007, plusieurs réflexions elles aussi éminemment stratégiques ont été engagées. Chacun a en tête la réflexion prospective sur l’avenir du Bassin allaitant de Saône-et-Loire, et de nombreux autres travaux engagés, tous dans l’esprit « non pas de subir, mais d’anticiper », pour reprendre l’expression de Christian Decerle. Il y a eu aussi les "Rendez-vous de l’Agriculture", dont le cinquième du genre avait rassemblé plus de six cents personnes au Colysée à Chalon-sur-Saône en janvier 2012. Il y eu encore le travail mené en synergie avec les deux autres structures consulaires du département, la chambre de Commerce et d’Industrie et son homologue des Métiers et de l’Artisanat ou le déplacement en Allemagne qui a permis de comprendre la dynamique agricole et agroalimentaire qui prévaut Outre-Rhin à seulement moins de quatre heures de route d’ici…
« Il y a surtout eu la démarche prospective L’Avenir en Confiance, qui a réuni des acteurs de tout bord et qui se voulait la contribution de notre profession aux réflexions en cours, une contribution ouverte sur son environnement, consciente des évolutions qui marquent la société », rappelait Christian Decerle. De fait, ce véritable "brain-storming" a mobilisé de nombreuses compétences d’horizons divers et a permis de tracer une ligne d’actions pour notre département, pour son agriculture et sa viticulture, deux secteurs économiques majeurs et qui entendent bien apporter leur pierre à l’édifice d’une Saône-et-Loire dynamique et tournée vers l’avenir.
Passer à la vitesse supérieure
Depuis un an, une fois les élections professionnelles passées lesquelles ont renouvelé la confiance du monde agricole et viticole de Saône-et-Loire dans l’équipe conduite par Christian Decerle, les projets ne se sont pas arrêté pour autant, loin s’en faut. Une dynamique nouvelle est née.
Les réflexions conduites autour du site de Jalogny n’en sont sans doute qu’une illustration et c’est ce travail que Pascal Maihlos, préfet de région Bourgogne, et Fabien Sudry, préfet de Saône-et-Loire, sont venus découvrir le 29 janvier. Quatre heures de visite et d’échange pour rappeler l’histoire assez unique de ce site, pour présenter aussi les travaux qui y sont menés en partenariat avec l’Institut de l’Elevage et qui en font un lieu de production de références destinées à être vulgarisées auprès des techniciens et des éleveurs, mais surtout pour exposer le projet qui vise à projeter la ferme de Jalogny dans l’avenir.
Les pistes, les idées ne manquent pas. Les projets non plus. Accueillant Pascal Mailhos et Fabien Sudry au nom de l’équipe, Christian Decerle évoquait pêle-mêle le bois énergie, la diversification, la spécialisation des systèmes et leur dépendance aux soutiens publics… « Il y a une importance particulière à apporter, dans ce site, une vision alternative et à traduire toutes ces concepts au travers de projets réalistes ».
Des projets structurants
Pour l’occasion, l’équipe des élus de la chambre en charge de ce projet - coordonnée par Sandrine Meunier - était au grand complet. La réunion avait de l’allure. C’est peu dire. Avec au programme une visite de l’exploitation dans ses composantes actuelles et une présentation des missions, tant dans l’expérimentation en lien avec l’Institut de l’Elevage et l’Inra que dans le volet génétique avec la station d’évaluation, le tout suivi d’une réunion en salle.
« Nous nous sommes engagés dans le développement de nouveaux modèles d’exploitation », rappelait ainsi Sandrine Meunier, pour qui « c’est là tout l’enjeu du projet » et d’évoquer « une agriculture plurielle à l’image de la Saône-et-Loire ».
Pour atteindre l’objectif, plusieurs axes sont ouverts. L’élue citait ainsi les circuits courts, la diversification, les énergies renouvelables, l’accueil et l’échange avec un public non agricole, l’ouverture à la filière équine, mais aussi le rayonnement de la ferme expérimentale, l’évaluation. Pour présenter chacun des projets, Sandrine Meunier invitait à tour de rôle les élus en charge de ces derniers à une présentation.
Conforter l’existant
Co-président avec Pierre Dufour en charge de la ferme expérimentale, Dominique Vaizand insistait sur la production de références et sur l’expérimentation réalisée par Jalogny « pour améliorer l’efficience des systèmes bovins viande ». La station est aujourd’hui reconnue pour ses programmes de recherche appliquée, conduit en lien avec les chambres de Bourgogne, celles de l’Allier, de la Loire et du Puy-de-Dôme. « Ce qui se fait ici est à peine assez connu », déplorait l’élu.
Toujours sur l’existant, Frédéric Borne, président de la station d’évaluation, rappelait le travail conduit avec succès au sein de la fédération des neuf stations d’évaluation charolaises, dont quatre sont en Bourgogne, et de Jalogny conduisant à l’émergence d’une « génétique performante et contrôlée ».
Oser l’innovation
Le volet Energies renouvelables était présenté par Pierre Dufour pour le photovoltaïque et le chauffage au bois déchiqueté, et Dominique Vaizand pour la méthanisation. « L’énergie par le territoire et pour le territoire », soulignaient-ils, eux pour qui il s’agit d’« engager la transition énergétique » et d’« affirmer une agriculture durable, à même de crée de l’emploi rural et de la valeur ajoutée sur son territoire ». Ces projets sont conduits par la chambre seule ou en lien avec la ville de Cluny et la communauté de communes.
Autre projet de taille, celui relatif au cheval et à la filière équine. « Les besoins sont clairs et les attentes sont nombreuses », rappelait Bernard Moreau, responsable équin à la chambre, notamment dans le domaine de la reproduction alors que celui-ci a été abandonné par les haras. A ce sujet, la complémentarité avec la station d’évaluation bovine semble une opportunité à saisir. « Dans sa grande diversité, la filière doit s’unir pour gagner et un projet comme celui de Jalogny peut l’aider en ce sens », dévoilait l’élu.
Tout aussi ambitieux, les projets relatifs au développement des circuits courts. Chargée de ce dossier à la chambre, Marie-Emilie Robin évoquait le point de vente et d’accueil du public, la plate-forme logistique de produits fermiers dans le cadre de "Cantines en mouvement" ou la création d’un "drive" fermier. Plus, le circuit court impose d’aborder la question de l’abattage et de la transformation, et de la valorisation, notamment en production bio. « L’ambition est de recréer et de renforcer le lien entre producteurs et consommateurs ».
Sandrine Meunier revenait plus particulièrement sur le développement du bio, présentant à son tour le projet de rucher-école mené avec le Syndicat apicole de Saône-et-Loire, et le projet d’installation de deux poulaillers de poules pondeuses bio. « Il s’agit de mieux promouvoir l’agriculture biologique en Saône-et-Loire, alors que celle-ci ne concerne que 2 % des surfaces et offre un potentiel de développement réel au regard des pratiques agricoles actuelles ».
Une voix qui mérite encore d’être entendue
Responsable de la ferme, Julien Renon évoquait les pas de temps qui devraient rythmer l’avancement global du projet. Si le rucher-école verra le jour dès ce printemps, le projet de méthanisation, lui, ne devrait pas aboutir avant quelques années encore. Il évoquait aussi l’importance du travail conduit en lien avec les acteurs locaux, comme par exemple l’Ensam, au sujet de l’accueil et du développement agrotouristique. Pour illustrer la cohérence du projet d’ensemble, une vidéo était diffusée aux préfets et à leurs services.
« Nous entendons faire en sorte de ne pas laisser l’agriculture s’isoler dans son environnement », complétait Christian Decerle, qui soulignait « la nécessité de faire maturer tranquillement les projets pour aboutir à des projets qui rehaussent l’image de l’agriculture et valorisent le savoir-faire respectueux de la terre des agriculteurs ». Un vrai projet d’agroécologie qui s’inscrit naturellement dans les ambitions des acteurs économiques que sont les agriculteurs. « La voix des acteurs locaux que sont ces derniers mérite encore d’être entendue pour relever les défis qui s’offrent à notre pays ».
Accueil favorable
Tour à tour, les deux préfets ont tenu à apporter leur soutien aux réflexions et aux projets « structurants », pour reprendre l’expression de Fabien Sudry, en cours. Pour le préfet de Saône-et-Loire, « ce projet arrive au bon moment et correspond à l’idée qu’il ne faut pas trop se disperser et rassembler nos forces ».
« Avec votre volonté de diversification, d’ouverture et de diffusion des savoirs, vous êtes sur le bon chemin », complétait Pascal Mailhos pour qui il est clair que « l’agriculture a besoin d’être davantage connue pour être davantage appréciée ». Et dans un monde qui change vite, « vous êtes les seuls à pouvoir changer les choses et redonner une nouvelle image à ce que vous faîtes bien depuis des années ».
Et, avant d’y apporter un soutien clair, le préfet de région de se féliciter de « ce projet qui montre déjà beaucoup de réflexion et de concertation ».