Dix idées reçues sur la consommation battues en brèche par les Jeunes Agriculteurs de Saône-et-Loire
Le 15 mars à Etang-sur-Arroux, les Jeunes agriculteurs de Saône-et-Loire avaient décidé de dynamiter les « idéologies » - agricoles et alimentaires – pour comprendre comment créer toujours plus de liens avec les consommateurs. Qualité, vente directe, communication… les intervenants de la table ronde ont proposé de nombreuses pistes devant l’assemblée générale.

Première idée reçue à battre en brèche sur l’évolution de la consommation alimentaire, le consommateur unique n’existe pas. « Nous sommes une multitude : âgés, jeunes, pauvres, riches… », rappelait Gabriel Tavoularis du Credoc, Centre qui étudie les conditions de vie des Français. Fini donc l’après-guerre avec une société française beaucoup plus homogène. Aujourd’hui, plus que les catégories sociaux-professionnels, ce sont les modes de vie qui orientent nos choix alimentaires. Finies les "femmes aux foyers" ou la cuisine à la maison midi ou soir, « les français courent après le temps, surtout les jeunes générations » qui dès lors, valorisent les loisirs et les vacances. Faute de temps toujours, le nombre de repas pris au restaurant ne fait que progresser, y compris chez les jeunes. Aucun changement en vue pour la décennie à venir.
La surcharge du logement
Le sénateur, Jean-Paul Emorine rappelait que 20 % du budget des français est consacré à l’alimentation (avec boissons et restauration). Ce qui représente 3.600 € en moyenne par an pour un ménage (jusqu’à 6.000 €/an pour les ménages aisés).
Mais c’est bien le budget logement qui « écrase » le pouvoir d’achat général, surtout chez les jeunes. Notamment pour les 80 % d’urbains. Les repas deviennent alors la « variable d’ajustement ». « Aujourd’hui, on se valorise avec son téléphone portable et beaucoup moins avec un bon repas en semaine », analyse Gabriel Tavoularis. Pourtant l’intérêt est grandissant pour la cuisine de qualité, comme le prouve la recherche de circuits courts, bio et autres repas « qualitatif » le weekend, surtout le dimanche. « Mais le reste de la semaine, c’est recherche de prix bas ».
Le bio et le Français
S’ils avaient tous le budget nécessaire pour bien manger, les Français associent qualité avec bio, « le premier mot qui leur vient à l’esprit », puis Français, puis local, puis label rouge et AOC. « De plus en plus, déclarent avoir envie et le font », contrairement à avant où cela restait du domaine de l’intention non suivie des faits. Le Credoc prédit donc une part de marché de 30 % pour les signes de qualité (bio, label rouge, AOC, IGP…) à terme. Les consommateurs se sentent alors « rassurés ». Rassurés ?
Risque et danger
Car les Français mélangent toujours les notions de risque et de danger. Avec les progrès de la médecine et la disparition des grandes maladies du XXe siècle, les Français ont dorénavant peur des cancers et AVC. Ce fait alors un lien avec l’alimentation, mise en cause, « alors qu’il n’y a jamais eu autant de produits sains ». Mais les français sont contradictoires puisqu’ils se tournent vers des pizza, burgers, sandwich, quiches… - qui ne sont pas des recettes mauvaises en soi – mais les français choisissent ses plats élaborés en regardant le « prix le plus bas » plutôt que les aliments utilisés. La nouvelle mode étant au « sans » (OGM, pesticides, gluten…) sauf chez les jeunes qui préfèrent le « plus » (oméga…).
Le Credoc voit l’émergence d’applications et du « big data » avec Internet pour connaître la composition des produits (Yuka…) et prédit, après les burgers de qualité au restaurant, l’émergence de pizza, quiches… avec des produits labélisés. « Vous allez devoir répondre à plusieurs attentes, en les additionnant ».
Cantines meilleures ?
Si tous les intervenants s’accordaient à dire qu’il faut « éduquer » le consommateur et ceux depuis le plus jeune âge, qu’en est-il des restaurants scolaires ? Globalement, « les enfants mangent mieux à la cantine que chez eux », où ils mangent alors en réalité des coquillettes jambon ou pizza surgelée… qu’ils préfèrent en plus ! Les nutritionnistes des établissements respectent pourtant le plan nutrition santé avec une diversité d’aliments. Certes mais avec une majorité de produits importés et transformés. L’éleveur de truies, Jean-Paul Malatier a fait le constat que les gestionnaires opposaient un « prix plus élevé » alors que bien souvent il faut surtout un cuisinier qui veut… cuisiner. « C’est tout notre travail sinon la chaine est cassée », remarquait Frédéric Brochot, élu du conseil Départemental. Heureusement, les parents sont eux aussi de plus en plus sensibilisés et poussent en ce sens du local, étant d’avantage prêts à payer plus cher ensuite.
Flexitarien, moins mais mieux
Devant de nombreux jeunes éleveurs bovins, inquiets par des prix de vente toujours inférieurs à leurs coûts de production, le choix d’Interbev de mettre en avant le flexitarisme - « manger moins de viande mais mieux » - interroge. En fait, c’est déjà une réalité depuis les années 1980. Dans le détail, les ventes de viandes bovines et ovines sont stables. Le poisson et la volailles sont même en augmentation. Le tout au détriment de la charcuterie « car les repas comportent moins souvent d’entrées ». Alors qu’avant, il était difficile de valoriser les pièces avant des bovins, aujourd’hui, « les jeunes sont les plus gros carnivores » avec notamment les steak hachés à travers un panel de plats préparés. Les pièces à griller « vont monter en gamme comme les vins sous AOC en leur temps pour devenir des produits festifs ». Idem pour les fromages, râpés dans les plats préparés, « luxueux » sur les plateaux de fromages.
Montrer les différences
Le président des JA de Saône-et-Loire, Joffrey Beaudot interrogeait et mettait en garde sur comment communiquer derrière. « Demain, il faudra expliquer pourquoi tel type de poulailler s’installe ici où là ». Pour Denis Beauchamp, président d’Agritwittos, communauté d’agriculteurs positifs sur les réseaux sociaux, sur Twitter surtout, « tout est respectable » mais « il faut expliquer les différences entre les qualités ». « Sans opposer » les formes d’agriculture, complétait Luc Jeannin, élu à la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire.
Mais alors que dire à ceux qui écoutent les discours extrémistes traitant les agriculteurs de « pollueurs, assassins… » ? « En expliquant, on retourne vite les inquiétudes des consommateurs. Si les 500.000 agriculteurs mettaient ne serait-ce qu’une photo positive sur les réseaux sociaux, on prendrait vite la place des 1% de vegan et autres. On a avec nous, 99 % des Français », encourageaient les intervenants en direction des jeunes.
Reste que derrière toutes ces bonnes idées et résolutions, il faudra « une meilleure organisation des filières », plaidait Christian Bajard, de la FDSEA, rappelant que JA et FDSEA sont plus que jamais indispensables dans ce large « débat pour l’économie de la ruralité ».
Dix idées reçues sur la consommation battues en brèche par les Jeunes Agriculteurs de Saône-et-Loire

Première idée reçue à battre en brèche sur l’évolution de la consommation alimentaire, le consommateur unique n’existe pas. « Nous sommes une multitude : âgés, jeunes, pauvres, riches… », rappelait Gabriel Tavoularis du Credoc, Centre qui étudie les conditions de vie des Français. Fini donc l’après-guerre avec une société française beaucoup plus homogène. Aujourd’hui, plus que les catégories sociaux-professionnels, ce sont les modes de vie qui orientent nos choix alimentaires. Finies les "femmes aux foyers" ou la cuisine à la maison midi ou soir, « les français courent après le temps, surtout les jeunes générations » qui dès lors, valorisent les loisirs et les vacances. Faute de temps toujours, le nombre de repas pris au restaurant ne fait que progresser, y compris chez les jeunes. Aucun changement en vue pour la décennie à venir.
La surcharge du logement
Le sénateur, Jean-Paul Emorine rappelait que 20 % du budget des français est consacré à l’alimentation (avec boissons et restauration). Ce qui représente 3.600 € en moyenne par an pour un ménage (jusqu’à 6.000 €/an pour les ménages aisés).
Mais c’est bien le budget logement qui « écrase » le pouvoir d’achat général, surtout chez les jeunes. Notamment pour les 80 % d’urbains. Les repas deviennent alors la « variable d’ajustement ». « Aujourd’hui, on se valorise avec son téléphone portable et beaucoup moins avec un bon repas en semaine », analyse Gabriel Tavoularis. Pourtant l’intérêt est grandissant pour la cuisine de qualité, comme le prouve la recherche de circuits courts, bio et autres repas « qualitatif » le weekend, surtout le dimanche. « Mais le reste de la semaine, c’est recherche de prix bas ».
Le bio et le Français
S’ils avaient tous le budget nécessaire pour bien manger, les Français associent qualité avec bio, « le premier mot qui leur vient à l’esprit », puis Français, puis local, puis label rouge et AOC. « De plus en plus, déclarent avoir envie et le font », contrairement à avant où cela restait du domaine de l’intention non suivie des faits. Le Credoc prédit donc une part de marché de 30 % pour les signes de qualité (bio, label rouge, AOC, IGP…) à terme. Les consommateurs se sentent alors « rassurés ». Rassurés ?
Risque et danger
Car les Français mélangent toujours les notions de risque et de danger. Avec les progrès de la médecine et la disparition des grandes maladies du XXe siècle, les Français ont dorénavant peur des cancers et AVC. Ce fait alors un lien avec l’alimentation, mise en cause, « alors qu’il n’y a jamais eu autant de produits sains ». Mais les français sont contradictoires puisqu’ils se tournent vers des pizza, burgers, sandwich, quiches… - qui ne sont pas des recettes mauvaises en soi – mais les français choisissent ses plats élaborés en regardant le « prix le plus bas » plutôt que les aliments utilisés. La nouvelle mode étant au « sans » (OGM, pesticides, gluten…) sauf chez les jeunes qui préfèrent le « plus » (oméga…).
Le Credoc voit l’émergence d’applications et du « big data » avec Internet pour connaître la composition des produits (Yuka…) et prédit, après les burgers de qualité au restaurant, l’émergence de pizza, quiches… avec des produits labélisés. « Vous allez devoir répondre à plusieurs attentes, en les additionnant ».
Cantines meilleures ?
Si tous les intervenants s’accordaient à dire qu’il faut « éduquer » le consommateur et ceux depuis le plus jeune âge, qu’en est-il des restaurants scolaires ? Globalement, « les enfants mangent mieux à la cantine que chez eux », où ils mangent alors en réalité des coquillettes jambon ou pizza surgelée… qu’ils préfèrent en plus ! Les nutritionnistes des établissements respectent pourtant le plan nutrition santé avec une diversité d’aliments. Certes mais avec une majorité de produits importés et transformés. L’éleveur de truies, Jean-Paul Malatier a fait le constat que les gestionnaires opposaient un « prix plus élevé » alors que bien souvent il faut surtout un cuisinier qui veut… cuisiner. « C’est tout notre travail sinon la chaine est cassée », remarquait Frédéric Brochot, élu du conseil Départemental. Heureusement, les parents sont eux aussi de plus en plus sensibilisés et poussent en ce sens du local, étant d’avantage prêts à payer plus cher ensuite.
Flexitarien, moins mais mieux
Devant de nombreux jeunes éleveurs bovins, inquiets par des prix de vente toujours inférieurs à leurs coûts de production, le choix d’Interbev de mettre en avant le flexitarisme - « manger moins de viande mais mieux » - interroge. En fait, c’est déjà une réalité depuis les années 1980. Dans le détail, les ventes de viandes bovines et ovines sont stables. Le poisson et la volailles sont même en augmentation. Le tout au détriment de la charcuterie « car les repas comportent moins souvent d’entrées ». Alors qu’avant, il était difficile de valoriser les pièces avant des bovins, aujourd’hui, « les jeunes sont les plus gros carnivores » avec notamment les steak hachés à travers un panel de plats préparés. Les pièces à griller « vont monter en gamme comme les vins sous AOC en leur temps pour devenir des produits festifs ». Idem pour les fromages, râpés dans les plats préparés, « luxueux » sur les plateaux de fromages.
Montrer les différences
Le président des JA de Saône-et-Loire, Joffrey Beaudot interrogeait et mettait en garde sur comment communiquer derrière. « Demain, il faudra expliquer pourquoi tel type de poulailler s’installe ici où là ». Pour Denis Beauchamp, président d’Agritwittos, communauté d’agriculteurs positifs sur les réseaux sociaux, sur Twitter surtout, « tout est respectable » mais « il faut expliquer les différences entre les qualités ». « Sans opposer » les formes d’agriculture, complétait Luc Jeannin, élu à la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire.
Mais alors que dire à ceux qui écoutent les discours extrémistes traitant les agriculteurs de « pollueurs, assassins… » ? « En expliquant, on retourne vite les inquiétudes des consommateurs. Si les 500.000 agriculteurs mettaient ne serait-ce qu’une photo positive sur les réseaux sociaux, on prendrait vite la place des 1% de vegan et autres. On a avec nous, 99 % des Français », encourageaient les intervenants en direction des jeunes.
Reste que derrière toutes ces bonnes idées et résolutions, il faudra « une meilleure organisation des filières », plaidait Christian Bajard, de la FDSEA, rappelant que JA et FDSEA sont plus que jamais indispensables dans ce large « débat pour l’économie de la ruralité ».