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Regroupement de l’offre dans la filière Viande

Doit faire ses preuves…

Les experts font le même constat : il y a une concentration de la
production porcine et bovine en France. Limitée en filière bovine, le
mouvement est très avancé en filière porcine. Cependant, l’objectif
initial qui était de donner plus de poids aux producteurs ne semble pas
toujours atteint.
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Le nombre d’Organisations de producteurs (OP) en filière Viandes s’est considérablement réduit ces dernières décennies. Selon l’Institut technique du porc (Ifip), il y en avait 200 OP en 1970 contre 50 en 2010. Pour la filière bovine, on comptait 98 OP en 2000 contre 65 en 2010. Le mouvement est clair : il y a une tendance à la concentration des OP dans ces filières.
Et la production porcine est clairement la plus concentrée. De fait, les dix premières OP commerciales porcines représentent 78 % du volume total traité par l’ensemble des OP commerciales porcines ! En outre, d’après les experts de l’Ifip, 95 % des producteurs de porcs adhèrent à une OP commerciale. Et selon Coop de France, 91 % de la production contrôlée de porcs charcutiers en France passe par la coopération. « Dans la filière porcine, la majorité de la production nationale est brassée par des coopératives spécialisées en porcs », rappelle Michel Rieu, directeur du pôle économique à l’Ifip.
La tendance est moins marquée en filière bovine. 42 % des volumes de production bovine sont traités par les 10 premières OP commerciales bovines. En outre, un rapport du Haut Conseil de la coopération agricole (HCCA) de décembre 2011 sur la filière bovine française, explique que « le score modeste de l’organisation de la production tient au fait que la production bovine en France est très diversifiée ». Ainsi, selon Coop de France, 32 % de la production contrôlée de gros bovins finis en France passe par la coopération.

Regroupement depuis 1970


Selon une étude de l’Ifip, dès les années 1970, un "plan de rationalisation de la production porcine" avait été adopté par les pouvoirs publics français. L’objectif était de relancer la production qui était alors déficitaire. En outre, dans la loi de 1966 sur l’élevage, des aides incitaient déjà les éleveurs à se regrouper. Pour avoir droit à des aides de modernisation de bâtiments, les éleveurs devaient être "adhérents" à un "regroupement de producteurs".
En filière bovine, l’organisation a été plus marquée par la variété des produits finaux. Pour Christiane Lambert, présidente de la section économique du HCCA, « il y a des raisons historiques à cela. Les productions sont attachées à des territoires ». Le résultat est que la production est très « atomisée » en France. Plus récemment, la loi de modernisation de l’agriculture (LMA) donne un cadre à la contractualisation entre les producteurs et les acheteurs.
Dans la filière bovine, comme le souligne Christiane Lambert, des contrats sont déjà passés selon les régions et les coopératives. Par ailleurs, « les aides à l’engraissement ne sont pas des aides au revenu, mais des aides au regroupement », explique-t-elle. C’est un des signaux les plus récents des pouvoirs publics pour le regroupement des éleveurs, mais qui n’a pas forcément toujours été bien accueilli. En particulier par la FNB…

Résultat nuancé


« La fonction initiale des groupements de producteurs était double : améliorer la compétitivité des élevages et mieux répondre aux besoins de l’aval et assurer la mise en marché des porcs pour le compte de leurs adhérents », lit-on dans une étude de l’Ifip.
Un succès en demi-teinte quand on constate aujourd’hui les tensions persistantes au sein des filières animales. « La GMS, très concentrée en France, exerce une pression permanente sur les prix », poursuit Christiane Lambert. Et ce constat est exprimé tant par les éleveurs que par les industriels. Pierre Halliez, directeur du Sniv-SNCP (industries privées des viandes), a déploré le 21 mai dernier la difficulté de répercuter l’augmentation du prix des porcs auprès de la grande distribution.
Du côté des producteurs, la concentration des activités plus ou moins marquée selon les productions et les régions ne semble pas non plus apporter le poids suffisant pour faire face à la hausse des coûts de production. Et les revenus, en production porcine, restent médiocres. Une chose est sûre : si le mouvement de concentration de la production n’a pas eu l’effet escompté pour les producteurs, les professionnels semblent d’accord pour souligner la part de responsabilité de la grande distribution…
Dès lors, une question s’impose : le modèle tient-il ?