Du bon et même du très bon
La récolte des cultures d’été est terminée pour la quasi-totalité des agriculteurs. L’heure est donc au bilan et celui-ci est bon, voire très bon en globalité en Saône-et-Loire, dans l’Ain et dans le Rhône. Les coopératives Bourgogne du Sud et Oxyane donnent les chiffres de cette campagne 2025.
« C’est une belle voire très belle récolte d’été, au global », lance Bertrand Combemorel, directeur de la coopérative Bourgogne du Sud, précisant que son analyse est issue d’une moyenne qui tient bien évidemment compte des quelques mauvais résultats recensés malheureusement chez certains agriculteurs.
En orges d’hiver, les résultats sont très bons avec une moyenne à 79 q/ha. « Qualitativement, les calibrages et les PS sont très bons, eux aussi. Le seul « point faible », c’est le taux de protéines, qui est relativement bas (à 9,5 % pour certains) », constate-t-il.
Au niveau des colzas, l’année est, là encore, très belle, avec une moyenne à 40 q/ha, avec de beaux taux d’huile.
En blé, la moyenne est de 76 q/ha, « ce qui est très bien même si on a déjà fait plus. Les PS sont très bons. Le taux de protéines est, comme celui des orges, un peu bas par rapport à ce que l’on a l’habitude de collecter, ce qui peut représenter un problème pour le marché à l’export ».
Attention à l’ergot
Enfin, le triticale fait, lui aussi, une belle année. « Il est avant tout fait sur les zones d’élevages, en auto-consommation et/ou en livraison à la coopérative. Les rendements sont bons, avec une moyenne d’environ 70 q/ha. Il est difficile de donner une moyenne exacte, car toute la récolte ne passe pas par la coopérative », confie Bertrand Combemorel. Il poursuit : « c’est donc une très belle année pour le triticale, à un souci près : dans certaines zones, il y a une problématique d’ergot. Il faut savoir que le triticale est la céréale qui est le plus sujette à être contaminée par l’ergot. Et au niveau de l’alimentation humaine et animale, il y a des normes que l’on doit respecter. Il faut alors faire très attention à ce sujet, même si aujourd’hui, on constate peu d’ergots, sans conséquence dramatique. Mais à partir de maintenant, pour la récolte de 2026, on travaille déjà pour voir comment faire pour limiter le risque de la présence d’ergot dans la prochaine récolte ».
Un soulagement bienvenu pour les céréaliers d’Oxyane
Sur la zone Rhône-Alpes de la coopérative Oxyane, les rendements sont au rendez-vous, tant en quantité qu’en qualité, pour les cultures d’été. Le verdict est clair : la campagne céréalière 2025 restera dans les mémoires comme bonne pour les adhérents d’Oxyane. En orge, la récolte affiche un volume de 42 q/ha, en nette hausse par rapport à l’année précédente. Les PS sont également excellents, avec une moyenne supérieure à 66 kg/hl.
Rentrées plus tôt, les orges ont laissé le champ libre à une organisation plus fluide pour les blés. Et là encore, les résultats sont au-dessus des attentes : entre 75 et 80 q/ha pour les blés meuniers, avec même + 20 % sur les blés de force. « Ces résultats ont totalement gommé les mauvais souvenirs de 2024 », confiait récemment Raphaël Comte, directeur métier du grain chez Oxyane. Le PS est également satisfaisant, avec une moyenne au-delà de 79,5 kg/hl, même si la qualité des protéines reste à surveiller.
Quant aux colzas : « habituellement, nous sommes aux alentours de 32 q/ha ; cette année, nous devrions atteindre 37 à 38 qx/ha », soulignait cette semaine, Raphaël Comte.
Bons rendements, mauvais prix
Si les rendements sont bons, les résultats sont « entachés » par les prix qui, eux, ne sont pas terribles, « à part peut-être pour le colza », indique Bertrand Combemorel. « Et surtout par rapport aux coûts de production qui ont beaucoup grimpé ces dernières années. On est dans un effet ciseaux assez dangereux pour les producteurs. Il faut positiver avec les bons rendements, parce que s’ils n’étaient pas bons, cela ne changerait strictement rien aux prix. Dans le contexte qui est celui de cette année, on peut au moins dire que les rendements sont là. »
Les aléas climatiques, encore et toujours…
En Saône-et-Loire, des agriculteurs ont une nouvelle fois été confrontés à des aléas climatiques. « Le moral des agriculteurs (suite à la bonne récolte) est entaché par la sécheresse estivale qui fait que la récolte automnale sera moyenne, voire mauvaise. Sans compter les orages (avec de la grêle pour certains), qui ont eu lieu le dimanche 20 juillet, qui ont fait beaucoup de dégâts. Cela est venu de la vallée de Saône, entre Sennecey-le-Grand et Chalon Sud, en direction de la Bresse, jusqu’à Devrouze. Il y a plusieurs communes qui ont été très touchées, comme Saint-Cyr (où il y a eu un mort), par cet événement climatique. Pour certains, la récolte d’automne est massacrée. Les vignes n’ont pas non plus été épargnées sur le Sud de la côte chalonnaise » (Saint-Vallerin, Saint-Gengoux-le-National… et dans le Mâconnais aussi : Chardonnay, Fissy…), informe Bertrand Combemorel, directeur de la coopérative Bourgogne du Sud.
En Rhône-Alpes, la prudence reste également de mise pour les cultures d’automne, à la suite d’un mois de juillet particulièrement chaud et sec, qui a accentué le stress hydrique sur les parcelles non irriguées. Ainsi, les prévisions de rendements, de la coopérative Oxyane, ont d’ores et déjà été révisées de 10 % à la baisse, et pourraient l’être davantage en cas de nouvelle vague de chaleur.
Autre signe tangible des effets de la sécheresse, la pousse de l’herbe commence, elle aussi, à ralentir. Selon Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture, la pousse cumulée des prairies permanentes était, à fin juin, inférieure de 1 % à la moyenne 1989-2018. Dans la moitié sud du pays, la sécheresse récente commence à inverser la tendance, alors que les excédents du printemps masquaient jusque-là les difficultés.
« Des rendements supérieurs à la moyenne olympique »
Florian Barge, céréalier à Saint-Vulbas dans l’Ain, exploite 130 ha, dont 60 ha de maïs, 30 ha de blé, 15 de soja et 12 de colza. Les moissons se terminent pour lui sur une note positive. « En blé, la récolte a été précoce. Débutée le 26 juin, elle était terminée le 5 juillet, avec une moyenne de 75 q/ha et une bonne qualité, tant en PS (poids spécifique) qu’en teneur en protéines. Concernant le colza, c’est très bien aussi, avec des rendements moyens de 45 q/ha ». En tant que président de la section grandes cultures de la FDSEA de l’Ain, Florian Barge nous livre les retours qu’il a pu glaner auprès des agriculteurs sur différents secteurs du département, ainsi qu’une analyse plus globale : « On s’attend cette année à des rendements supérieurs à la moyenne olympique d’environ 5 %, tant au niveau national qu’en région Auvergne-Rhône-Alpes. Selon les retours que j’ai eu des coopératives, les PS sont globalement bons cette année ; idem pour les taux de protéines ».
Et de préciser : « en orge, les retours font état aussi d’une bonne année au niveau des rendements et des PS aux normes. Et en colza, c’est la même chose : une bonne année de récolte, supérieure à la moyenne, avec des parcelles qui dépassent les 50 quintaux – notamment dans les bonnes terres du Val-de-Saône – ce qui n’est pas courant. En Bresse, c’est moyen en blé, mais bien en colza ». En conclusion, le céréalier ajoute : « une bonne année dans l’ensemble donc ; le souci étant les prix qui sont bas en blé et en colza, ce qui est principalement dû à la parité euro/dollars qui pénalise les cultures européennes ».
P.F.
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