Du carrelage pour protéger l’auge
Avant d’être réunis au sein d’un même Gaec, les trois associés avaient connu, chacun de leur côté, les limites des auges en béton. L’acidité des rations à base d’ensilage ronge le ciment. Là-dessus, les coups de langue des bovins finissent d’arracher les cailloux. La surface bétonnée devient alors inégale et poreuse. Faute de pouvoir être nettoyée correctement, des restes de ration s’incrustent dans les creux du béton et ces zones de saleté sont favorables aux germes en tout genre. « Notre collecteur de lait nous avait sensibilisé aux problèmes de butyriques », signale Philippe. « La propreté d’une auge, c’est essentiel. Plus une auge est encrassée, plus il y a de butyrique », explique l’éleveur.
Carrelage haute résistance
Sur sa ferme de Branges, Patrick Louis - qui n’était alors pas encore associé aux frères Michelin - avait déjà carrelé l’auge de son ancien bâtiment dès 2001. De leur côté, Philippe et Alain avaient fait des essais avec une peinture époxy, laquelle n’avait malheureusement pas tenu. C’est donc sans surprise que les trois associés ont choisi de protéger l’auge bétonnée de leur futur bâtiment commun. Ils se sont même rendus en Haute-Marne pour y voir une auge recouverte d’inox, parfaite sur le plan sanitaire, mais trop chère à leurs yeux. Pour se procurer le bon matériau, les associés s’en sont remis à un fournisseur spécialisé sur Louhans. « Il nous fallait un carrelage qui puisse aller à l’extérieur - pour résister au gel -, supporter une charge lourde - comme les passages de chargeur télescopique, du bol mélangeur… - et qui résiste aux raclages quotidiens, pour "repousser" la ration », explique Patrick. Les carreaux proposés comptent parmi ce qu’il y a de plus résistant, ils sont à usage industriel. Idem pour la colle à carreaux et l’enduit à joints.
Une pose soignée
C’est Philippe qui s’est chargé de la pose. Au préalable, une « réservation » avait été prévue dans le sol du couloir bétonné à l’emplacement du futur carrelage. Le but étant qu’une fois posé, le revêtement de sol soit exactement au même niveau que le béton du couloir. Prévoyants, les membres du Gaec avaient même aménagé une autre réservation identique de l’autre côté du couloir au cas où la capacité du bâtiment soit doublée.
Adroit, Philippe n’a mis que quelques jours pour poser les 80 m de carrelage sur une largeur d’un mètre. Une pose somme toute assez simple puisque dépourvue de découpe et rectiligne. « Il faut juste ne pas craindre de travailler à genoux ! », signale Philippe. Ce dernier précise néanmoins que le travail doit être bien fait. Le béton support doit être parfaitement plan et le niveau doit être parfaitement ajusté de sorte que les carreaux « tombent pile » avec le reste de la surface du couloir. Bien entendu, les carreaux eux-mêmes doivent créer une surface parfaitement plane. Des conditions indispensables pour que le raclage quotidien de l’auge puisse se faire efficacement et sans accroc.
Comme neufs
En dépit d’un léger surcoût, le carrelage de l’auge est une réussite. Sept ans après la pose, l’auge est toujours en très bon état. Les carreaux sont impeccables. Seuls quelques uns sont fendus à l’emplacement des deux joints de dilatation de la surface bétonnée. « Un trait de scie sur les carreaux situés à cet endroit aurait évité ce défaut », indique Philippe. Sinon, le revêtement a résisté au gel, aux passages du bol de plus de dix tonnes par essieux, aux raclages répétés… Quant à l’entretien des auges, rien à voir avec le béton. Même après des années d’usage, la ration glisse toujours sur la surface des carreaux. Un coup de balai et l’auge retrouve son aspect d’origine.
Aire raclée
Bientôt deux rabots à cordes nylon
La stabulation du Gaec de Galbrand contient deux rangées de logettes "culs à culs". Un couloir bétonné sépare les deux rangées et une seconde aire sépare la partie logettes du cornadis. Ces deux surfaces étaient jusqu’alors raclées à l’aide d’un tracteur à raison de deux fois par jour. Un travail fastidieux (ouverture et fermeture répétées des barrières) prenant environ une heure tous les jours et qui ne parvenait pas à garantir une propreté suffisante aux vaches (pattes sales, salissement de la salle de traite…). Du coup, cet été, les associés vont s’équiper d’un rabot automatisé « à corde ». Animé par un système de treuil, chaque rabot est tiré par des cordes de nylon, réputées plus résistantes et moins encombrantes que des câbles en acier. Chaque couloir aura son propre système de curage indépendant avec deux moteurs électriques aux deux extrémités. Conséquence : les éleveurs pourront choisir des fréquences de curage différentes pour chaque partie. Le couloir des logettes devrait être raclé au moins cinq fois par jour alors que le couloir du cornadis le sera moins souvent. Grâce à l’automatisation du curage, les vaches devraient être maintenues plus propres pour une meilleure hygiène de traite.