Dures, dures… déclarations administratives

De la Côte chalonnaise et du Couchois jusqu’au Beaujolais du Nord et Mâconnais, un sentiment prédomine à cette veille des vendanges : que la simplification administrative est compliquée ! Si Amélie Saclier du service Emploi & Paie de la FDSEA de Saône-et-Loire ou Gilles Vassel de la MSA Bourgogne s’évertuaient à des montagnes de pédagogie, on ne peut vraiment pas dire qu’être employeur de main d’œuvre saisonnière est une sinécure. Présidant les réunions et l’Union viticole de Saône-et-Loire, Christophe Brenot aurait bien aimé interpeller les élus à ce sujet mais aucun n’était présent.

Double feuilles de paie

Le service Emploi & Paie de la FDSEA 71 détaillait en long et en large le contrat vendanges, le salaire des vendangeurs, l’accord prévoyance AG2R, la durée du travail et celui des jeunes, la complémentaire santé ou encore le travail des étrangers. Particularité de ces vendanges sur août et septembre, « depuis le 1er avril, aussi bien avec l’outil Tesa que la DSN (logiciel paie), vous êtes obligés de produire un bulletin de salaire pour chaque mois civil », c’est-à-dire, un pour aout et un pour septembre, pour chacun. Sur le site de la MSA, il faut cocher « CDD en cours » en août pour le premier bulletin, et en septembre, sélectionner la ligne du salarié et cliquer sur « fin de contrat » pour éditer le bulletin de salaire. Et il faudra faire deux chèques car les salariés sont « censés être payés à chaque fin de mois », comme le dit la loi générale.

Gilles Vassel de la MSA Bourgogne rajoutait une nouveauté cette année pour le Tesa en ligne avec la possibilité de verser les indemnités (ICCP) de congés payés par bulletin de salaire. Conscient des difficultés ou pannes informatiques, il rappelait qu’un centre d’aide téléphonique est ouvert du lundi au vendredi (tel. : 09.69.39.36.07).

Une vendange saine

Lors de la deuxième partie des réunions, les viticulteurs pouvaient découvrir les demandes de conditions de production qui ont été présentées au Crinao qui se tenait le lundi suivant (voir article en page 11). La directrice adjointe de la CAVB, Marion Sauquëre en profitait pour rappeler l’importance de prospecter contre la flavescence dorée à la fin des vendanges. Le calendrier collectif est d’ores-et-déjà disponible sur le site web stop-flavescence-bourgogne.fr. Une dérogation pour déposer les DRM a été obtenue jusqu’au 29 septembre. De l’Union viticole de Saône-et-Loire, l’animateur, Thibault Laugâa revenait lui sur les trois déclarations à faire « obligatoirement » sur Pro Douane et leurs dates limites : déclaration de stock (10 septembre), déclaration de récolte (10 décembre) et déclaration des pratiques œnologiques. « Tout n’est pas dématérialisé encore » cependant, invitant ainsi les vignerons à venir chercher les registres uniques pour déclarer les pratiques œnologiques concernant l’enrichissement, l’acidification, le coupage et les sous produits.

Fin août devient la norme

Il ne sera sans doute pas nécessaire de chaptaliser cette année. Conseiller au service Vigne & vin de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, Benjamin Alban faisait un rapide bilan de la campagne 2016/2017, qui restera marquée par deux accidents climatiques (gel, épisodes de grêle), mais qui globalement aura été sain d’un point de vue maladies et ravageurs. A Fuissé, il pointait du doigt le fait que « vendanger fin aout devient la norme », indiquant que les 15 jours d’avance par rapport à l’an dernier ne doivent pas être considérés comme « précoces » mais davantage comme se rapprochant de la date moyenne sur dix ans pour le début des vendanges ici.

Du BIVB, Christine Monamy enchainait sur un point maturité à cette date. Si « tout se passe bien cette année », les évolutions journalières « conséquentes » en teneur en sucre ou acidité totale obligent à un suivi précis pour tenter de trouver la maturité optimale, et en sucres et en acidité. Elle attirait cependant l’attention sur d’éventuels phénomènes de concentration avec le chaud et sec de cette fin de mois d’août. D’ailleurs, dans les secteurs du Clunisois ou de la vallée de la Grosne, plusieurs vignes commençaient à souffrir de la sécheresse. La pluie du matin les a certainement un peu débloquées. Reste à attendre encore les rendements en jus finaux qui pourraient par endroit « ne pas être fabuleux ».

Gare aux FML

Pour ses dernières réunions prévendanges puisqu’étant en retraite mi-2018, du Vinipôle Sud Bourgogne, l’œnologue Patrice Joseph expliquait que des maturations qui se déroulent vite donnent, « en année tardive, des gagnants pour ceux sachant attendre, mais pas en année précoce, plutôt perdants à attendre ». Il mettait ainsi clairement en garde contre les risques de sur-maturation des raisins et les conséquences derrière en terme de vinification, notamment pour les moûts blancs (>220 g/l de sucre) risquant des arrêts de fermentation malolactique. « L’enzymage peut aussi être conseillé pour essayer d’extraire plus de jus et diminuer les pressions de pressurage ». Il concluait sur son impression du futur millésime 2017 : « un très bon potentiel pour les vins blancs en faisant bien attention aux conduites des fermentations des moûts très riches en sucres. Pour les vins rouges, idem en faisant attention à l’extraction des polyphénols », qui pourraient manquer et donner des rouges un peu clairs. Christophe Brenot saluait la carrière de l’œnologue qui a débuté en 1984 au Laboratoire départemental d’œnologie. Après une vie au service des vignerons, Patrice Joseph était visiblement ému de cet au revoir en quelque sorte.