Echange paille contre fumier : quand céréaliers et éleveurs sont solidaires et gagnants !

A Buxy, le Gaec de la Ferme de Marnay échange chaque année de la paille contre du fumier de bovins avec trois élevages du secteur dont le Gaec Berthenet de Sassangy. Ce partenariat entre les deux exploitations du Chalonnais est né il y a une dizaine d’années. A l’époque, l’éleveur de vaches allaitantes Christophe Berthenet avait demandé à son collègue céréalier et viticulteur Pascal Cottenceau s’il avait de la paille à lui proposer. Toujours partant pour les démarches solidaires, ce dernier a immédiatement demandé à Christophe s’il pouvait lui fournir du fumier en échange.

Précieuse matière organique

Sur leurs 250 hectares de grandes cultures, Pascal, Marie-Noëlle et Ludovic Cottenceau ont ainsi anticipé le risque d’appauvrissement en matière organique de leurs sols en ramenant du fumier. L’effluent d’élevage compense la paille exportée et a même permis de préserver une bonne teneur en matière organique des sols de l’exploitation, confie Pascal. Chaque année, le Gaec de la Ferme de Marnay incorpore près de 800 tonnes de fumier d’élevage à ses sols. A lui seul, le Gaec Berthenet en fournit plus de 400 tonnes aux céréaliers de Buxy. Ces derniers vont chercher eux-mêmes l’effluent à Sassangy lorsque les éleveurs procèdent au curage de leurs stabulations. Pour l’épandage aux champs, le Gaec Berthenet prête son épandeur à Pascal et Ludovic.

« 35 ha de paille à 7 km de chez nous ! »

En échange, Christophe et Noël Berthenet viennent presser 35 hectares de paille pour la litière de leurs 220 vaches allaitantes. « Cette paille est à seulement 7 kilomètres de chez nous », fait valoir Noël qui préfère en échange céder du fumier plutôt que de devoir acheter de la paille au prix fort.

Ce partenariat se fait « en confiance », commentent en cœur les protagonistes. Ces derniers se sont basés sur un barème de la Chambre d’agriculture qui évalue la valeur de la tonne de paille à 3,5 tonnes de fumier pour un prix de base de la tonne de paille au champ de 30 €/tonne, indiquent Pascal et Noël. Toutes les remorques de fumier et de paille qui transitent entre les deux exploitations sont systématiquement pesées.

« Nous sommes tous paysans ! »

Ce travail « main dans la main » entre éleveurs et céréaliers n’est pas une première pour les deux exploitations du Chalonnais. En 2011 et 2015, le Gaec Berthenet avait même implanté du maïs fourrage en culture dérobée derrière des orges de la famille Cottenceau. Et chaque année, les éleveurs viennent donner un coup de main aux vendanges des crémants des viticulteurs coopérateurs. C’est une véritable entraide qui lie les deux exploitations, se félicite Pascal Cottenceau. Une entente qu’il faut à tout prix préserver, estime-t-il. « Surtout dans une zone diversifiée comme la nôtre. Nous sommes tous paysans et nous avons tous été éleveurs. Dans les difficultés, on ne peut pas se permettre de laisser tomber ses collègues du coin. Nous devons rester soudés », conclut Pascal Cottenceau.