L'important excédent agroalimentaire français et européen
L’an passé, l’excédent commercial agroalimentaire français réalisé avec les États-Unis était de 4,7 milliards d’euros (Md€). Celui de l’Union européenne de 18 Md€. Pour les réduire, le président Trump pourfend l’arme tarifaire et douanière.

Les États-Unis sont les premiers pays exportateurs de céréales dans le monde (90 Mt en 2024-2025) et de maïs en particulier (63 Mt en 2024-2025). Mais seules 2 Mt de maïs ont été expédiées vers l’Union européenne (UE). Les exportations européennes de céréales vers les États-Unis sont aussi très faibles : environ 100.000 tonnes de farine et moins de 150.000 tonnes de seigle et d’avoine. « L’UE exporte essentiellement des produits agroalimentaires (30 Md€) vers les États-Unis avec lesquels elle réalise un excédent commercial de 18 Md€ », explique Christian Ligeard, conseiller à l’ambassade de France aux États-Unis. Un tiers de cet excédent européen est français (5,7 Md€). L’an passé, la France avait expédié 7 Md€ de denrées alimentaires, mais n’en avait importé qu’1,3 Md€, du soja notamment.
Outil tarifaire
« Hors UE, notre pays réalise son meilleur excédent commercial agroalimentaire avec les États-Unis grâce aux vins et spiritueux (premier poste excédentaire de plus de 4 Md€) suivis de loin par les fromages (260 M€) », souligne Jean-Paul Torris de Savencia. Comme la typicité des produits français exportés met en partie l’Hexagone à l’écart de la concurrence, l’actuelle taxation ne pénalise pas leurs ventes aux États-Unis. Alors qu’au sein de l’UE, où les marchandises circulent librement, la France accuse en 2024 un déficit agricole et agroalimentaire de 2,5 Md€, et même de 7,3 Md€ pour les seuls produits transformés. Mais sur le marché d’entrée de gamme, notre pays est moins compétitif que ses voisins.
Tous biens et toutes origines confondus, les États-Unis sont les premiers clients du monde. Toutefois, l’ensemble de leurs échanges commerciaux sont déficitaires de 1.200 Md€. Le déficit commercial avec l’Union européenne (77 Md€) est le plus élevé après celui de la Chine. La nouvelle administration de Donald Trump souhaite réduire ces déficits en taxant les importations européennes et en s’élevant contre l’ensemble des protections non tarifaires qui entravent les exportations de produits américains. « L’outil tarifaire est le levier préféré de Trump pour imposer ses règles à des pays qui ne les acceptent pas, affirme Christian Ligeard. Quitte à s’affranchir délibérément de l’Organisation mondiale du commerce puisqu’ils décident de taxer unilatéralement ses produits importés ».
Imprévisibilité
Compte tenu de la nature des produits français exportés aux États-Unis (vins, fromages), notre pays sera particulièrement exposé à ces nouvelles rétorsions. En période d’inflation tarifaire, consommer du vin et des fromages français n’est pas une priorité ! Pour autant, un accord de libre-échange UE-États-Unis serait préjudiciable pour la France. Une suppression des barrières sanitaires des bovins exportés en UE éviterait aux produits français expédiés aux États-Unis d’être taxés, mais elle ne faciliterait pas pour autant l’accès au marché étasunien ! Même si dans les filières agricoles américaines, l’activité sera pénalisée par l’expulsion massive d’immigrés et la raréfaction de la main-d’œuvre disponible qui en découlera.