Elections Européennes 2019 Trouver des alternatives !
À un mois des élections Européennes (26 mai), ce 19 avril, la République en Marche et le Modem pour leur liste Renaissance sont venus parler de viticulture et d’agriculture. Trois têtes de liste avaient fait le déplacement. Derrière Nathalie Loiseau, Pascal Canfin, ex-président de WWF, et Jérémy Decerle, ex-président des JA ont détaillé leur programme, marqué par le fameux « en même temps ».

Première étape, au Domaine Dureuil-Janthial à Rully. Quelques jours seulement après les gelées (5 ; 14-15 avril), la question du changement climatique – avec débourrement précoce et risque de gel accru dans notre vignoble septentrional – se posait d’emblée. Pour Vincent Dureuil, après trois années de gel, plusieurs campagnes (2016 ; 2018) difficiles contre le mildiou notamment ou encore la grêle (avant protection Arelfa), cette dernière décennie « c’est du jamais vu, même pour les "anciens". Il faut vite une réflexion globale pour trouver des moyens de lutte et ne pas perdre nos marchés » vins. Un temps en bio et passé à la lutte raisonnée, le vigneron de Rully expliquait clairement les limites de chaque conduite, bio ou non. Son voisin et confrère, Charles Nebout, régisseur du Domaine de Belleville, n’opposait pas non plus mais réclamait des solutions. L’Europe « veut nous enlever des doses de cuivre et on ré-autorise le glyphosate. Il faudrait plutôt des solutions alternatives ». Devant les médias locaux et nationaux, les deux viticulteurs ne cachaient pas avoir dû traiter « plus qu’en raisonnée » les années de forte pression mildiou. Nathalie Loiseau et Pascal Canfin prenaient note. Ils confirmaient la politique de sortir du glyphosate à brève échéance et la volonté de séparer conseil et vente de phytosanitaires.
Les vilains canards coop
Ce qui faisait réagir Lionel Borey, vice-président de Bourgogne du Sud, qui n’apprécie guère de voir les coopératives, « d’appro » notamment, passer pour les « vilains canards » de service. Rappelant son implication pour développer « l’activité des sols » et « éviter les actions mécaniques récurrentes néfastes », critiquant la focalisation sur le glyphosate qui est devenu un symbole médiatique, le cultivateur de Crissey appelait à ne pas casser ou « se priver d’un réseau sur le territoire qui créé de la valeur » alors que des efforts pour progresser sont en cours. « Aujourd’hui, on va loin dans la prise de risque pour les exploitations et les metteurs en marché ». Une prise de risque que le grand public ne perçoit pas, ni les média ou certains politiques, au vu des polémiques stériles et de l’agri-bashing.
Nathalie Loiseau utilisait le slogan « en même temps » pour décrire l’orientation politique de la liste Renaissance en matière agricole au niveau Européen. « Nous voulons aller vers une agriculture plus verte mais en accentuant la recherche en France et en Europe pour trouver des alternatives (aux pesticides, NDLR) qui tiennent la route ». Plus atypique, Pascal Canfin admettait timidement que « ce n’est pas parce que c’est bio qu’il n’y a pas de pesticides », à propos d’un renforcement possible de l’étiquetage environnemental.
Ecologues et pas écologistes ?
Après un repas à la Maison du Charolais, rendez-vous était ensuite donné à Charbonnat pour évoquer les filières d’élevage et l’avenir de la PAC. Élevant sur 130 hectares dans le bocage du sud Autunois des charolais destinés à l'engraissement, Fabrice Voillot a pu exposer sa vision du malaise agricole à l'ex-ministre des Affaires européennes. Pourtant, les agriculteurs sont critiques vis-à-vis de l'Europe avec « cette notion de concurrence un peu déloyale », dénonçait Fabrice Voillot. Pour autant, l’éleveur vit « l'Europe au quotidien » pour l'engraissement de ses bovins et reconnaît que « notre premier client, c'est l'Italie ».
En position éligible (4e), l’éleveur saône-et-loirien, Jérémy Decerle a plutôt critiqué le maquis des aides financières aux agriculteurs : « pour savoir ce qui est une règle régionale, européenne ou franco-française pour peu qu'elle soit aussi sur-transposée, l'agriculteur dans sa cour de ferme a du mal à y voir très clair ». Et de demander une simplification. Entrant dans la peau du candidat en campagne, l'ex-JA a rapidement mis en avant le programme de la liste Renaissance : « il faut qu'on assure le revenu des paysans, ensuite il faut mieux qu'on se protège, et ça, c'est aussi du rôle de la Politique agricole commune que de mieux protéger les frontières par rapport aux produits qui viennent d'ailleurs et qui ne respectent pas les mêmes règles que nous ».
En Marche refuse de « faire de l'écologie contre les agriculteurs ». Symbole de cette antienne, les accolades entre Pascal Canfin et Jérémy Decerle tout au long de la journée.
Jean-Christophe Tardivon – creusot-infos.com
Et Cédric Michelin