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Sommet de l'élevage 2025
Syndicat de défense du fromage Charolais

En 2024, la météo a fait chuter la production de fromage Charolais

En 2024, le tonnage de fromages Charolais AOP a chuté à 89 tonnes en raison d’une météo exécrable. Alors que la demande est très forte, le syndicat de défense aimerait que de nouveaux adhérents viennent renforcer la filière.

Par Marc Labille
En 2024, la météo a fait chuter la production de fromage Charolais
Comme les autres appellations de Saône-et-Loire, l’AOP fromage Charolais a le soutien des collectivités et des pouvoirs publics.

Le Syndicat de Défense du fromage Charolais a tenu son assemblée générale le 17 avril dernier à Charolles. La présidente Sophie Bonnet a débuté son rapport moral par un hommage à Daniel Rizet décédé en septembre 2024. « Une personnalité à qui nous devons beaucoup », résumait-elle. L’éleveur d’Oudry avait été l’un des fondateurs de l’appellation et un fervent artisan de sa reconnaissance.
« 2024 aura été une année particulièrement compliquée pour les éleveurs », poursuivait Sophie Bonnet. « Le climat horrible » a pesé sur la qualité des fourrages et la qualité des fromages par voie de conséquence. Ainsi la météo exécrable de 2024 explique-t-elle la chute à 89 tonnes du tonnage de fromage charolais produit. « Une calotte », commentait la présidente, marquant une seconde année d’érosion consécutive suite au pic de production de 135 tonnes en 2022. Après une progression quasi constante depuis 2010, cela renvoie au volume de 2019. « Mais la production devrait repartir », assurait toutefois le syndicat.


Vibrant plaidoyer pour le métier


Le nombre d’adhérents est stable avec 15 producteurs fermiers, 6 producteurs laitiers, 2 transformateurs/affineurs et un affineur exclusif ; les adhésions compensant les départs. Mais la filière Charolais AOP aurait besoin de davantage de producteurs, estime le syndicat. « La demande est très forte et on n’arrive plus à fournir ! », résumait le vice-président Xavier Rizet qui expliquait que « le Charolais est une toute petite appellation avec très peu d’opérateurs qui vendent à l’extérieur ». Et le responsable élargissait la problématique à un risque de pénurie de produits agricoles en général, avec la nécessité urgente de « remettre l’accent sur le métier, pour attirer les jeunes ». Et Sophie Bonnet d’ajouter : « on a tous la chance de pouvoir élever nos enfants au grand air ! Une qualité de vie, la beauté du métier : ce sont des valeurs inestimables », enchérissait Xavier Rizet. Sans oublier la « reconnaissance » obtenue auprès des consommateurs : « une valorisation sociale » qui compte aussi, complétait Étienne Cacheux, secrétaire du syndicat.
La météo défavorable n’a pas empêché l’appellation de décrocher deux médailles d’Or au national en 2024, l’une pour Maël Basdevant de Sainte-Cécile (Chèvre d’Or) et l’autre pour le Gaec Rizet à Oudry (Charolais d’Or), citait Sophie Bonnet. Les commissions d’examens organoleptiques ont dégusté et analysé 47 fromages en 2024. Composés de producteurs, techniciens, usagers, les jurys auraient besoin de renfort, lançait la présidente.


Promotion tous azimuts !


Au chapitre de la promotion, l’AOP Charolais a été présente sur une douzaine d’évènements en 2024. Avec le GPPR – l’ambassade des Produits Gourmands de Bourgogne-Franche-Comté, le Charolais a fait parler de lui au Salon de l’agriculture à Paris, au Festival des terroirs à Lyon et dans une émission de France 3 Bourgogne. Le Charolais est également au cœur de nombreuses actions conduites avec les AOP 71, soutenues par le Département de Saône-et-Loire. Ainsi était-il mis en valeur sur le stand du Département au SIA, au grand marché des AOP à Bourg-en-Bresse (01), au salon national Agrilocal à Mâcon, sur la course cycliste Bernard Thévenet, au rallye des Vins Mâcon, à l’opération « Vos Restos préférés », aux 10 ans de l’AOP Crème et Beurre de Bresse, aux 10 ans de l’AOP Bœuf de Charolles, au congrès des pompiers à Mâcon ou encore à la Quinzaine des AOP à Charolles. Le syndicat s’est également déplacé au Festival des AOP organisé par la Cnaol à Paris. Il a organisé la remise des prix du Chèvre d’Or à Sainte-Cécile et participé aux 400 ans de Madame D’Artagnan dans le Charolais et en Bresse.
En matière de communication, l’AOP fromage Charolais s’est retrouvée cette année dans le « Petit Futé Bourgogne » et le « Petit Futé Autour de Lyon ». Deux pages lui étaient également consacrées dans le magazine, désormais gratuit, « L’Eau à la Bouche » édité (10.000 exemplaires) par votre journal L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire.


La bouffée d’oxygène du Département !


Au moment de présenter le rapport financier, Sophie Bonnet tenait à remercier le Département, « sans lequel on manquerait d’oxygène ! », reconnaissait-elle s’adressant au président André Accary présent à l’assemblée. Le syndicat a dû faire face à une forte hausse des coûts de contrôle de l’ordre de + 30 %. Cela équivaut à 150 €/tonne de fromage, indiquaient les responsables. Et tous ces frais sont plus difficiles à supporter pour les petites appellations. Une charge mal vécue pour des éleveurs fermiers qui font l’effort de s’engager dans un produit de qualité, déplorait-on. En 2025, le syndicat a fait le choix de changer d’organisme certificateur pour bénéficier d’un tarif plus avantageux. Dans un souci d’économie toujours, le syndicat a aussi réduit son recours aux services de la chambre d’agriculture. Depuis l’an dernier, les responsables assurent eux-mêmes une partie de ces tâches. Mais les moyens modestes du syndicat ne lui permettent pas d’indemniser ses bénévoles. Une difficulté qu’entendait bien le représentant de la chambre d’agriculture, Jean-Philippe Bonnefoy.
En 2025, le fromage Charolais sera à nouveau partie prenante de nombreuses actions de promotion ; certaines ayant déjà eu lieu comme le Salon de l’agriculture en février dernier. De nouveaux panneaux d’entrée de ferme au logo de l’appellation sont en création.


Climat, lait cru, main-d’œuvre…


Prenant la parole au nom de la chambre d’agriculture, Jean-Philippe Bonnefoy revenait sur la baisse de litrage consécutive aux mauvaises récoltes de 2024. Lui-même engagé en fromage Charolais sur son exploitation, il constatait que le cahier des charges de l’AOP constituait parfois une contrainte pour la qualité des fourrages dans un contexte de dérèglement climatique. Siégeant à la Fnec (Fédération Nationale des Éleveurs de Chèvres), Jean-Philippe Bonnefoy signalait par ailleurs « qu’une demande d’autocontrôles mensuels sur le lait est en discussion avec la DGAL ». Une contrainte supplémentaire qui lui faisait dire que le statut du lait cru était toujours « assez délicat ». Enfin, le responsable caprin évoquait le manque de main-d’œuvre en fermes, particulièrement criant en production fromagère fermière. Sur ce point, le sous-Préfet de Charolles, David Roche faisait état d’une démarche collégiale et territoriale autour des productions de terroir. L’idée est que « le maximum soit fait sur les enjeux de renouvellement des générations », présentait-il.