En élevage comme ailleurs, la remise en question peut s'avérer vertueuse
Suite à des pertes de veaux et une production à la peine, le Gaec de Raimbos a engagé une vaste remise en question de son élevage laitier. Des mélanges suisses et du méteil sont entrés dans l’assolement et les maïs dentés ont été remplacés par des variétés riches en sucres. L’installation d’une machine à traiter l’eau a fini de remettre le système sur de bons rails.

Sur une exploitation bordant la Saône, le Gaec de Raimbos possède un troupeau laitier de cent vaches Prim’Holstein ainsi que des Salers. Il cultive entre 80 et 100 hectares de cultures de vente. Passionnés de génétique, Xavier et Guillaume Janniaux font génotyper toutes leurs génisses. Ils participent régulièrement à des concours et le troupeau possède un important potentiel génétique.
Il y a cinq ou six ans, les frères Janniaux étaient confrontés à des pertes et des problèmes récurrents dans les petits veaux. L’un d’eux a alors suivi une formation organisée par le GDS de Saône-et-Loire alors animée par le vétérinaire Pierre-Emmanuel Radigue de la société 5MVet. Le Gaec a adopté le protocole de préparation au vêlage préconisé par l’intervenant (amélioration des rations des vaches taries, démarrage lactation, prise colostrale, alimentation des veaux…). L’amélioration a été significative sur la santé des veaux : plus de diarrhées, ni de pertes, rapportent Xavier et Guillaume.
Un assolement repensé
Mais en travaillant avec Pierre-Emmanuel Radigue, les éleveurs se sont rendus compte que la production laitière de leurs vaches n’était pas à la hauteur. « Il manquait du lait et cela provenait des rations qui n’étaient pas assez digestibles », explique Guillaume. Avec les conseils de 5MVet ainsi que de Christophe Sudraud de Scaner, les deux frères ont alors entrepris un travail sur leur assolement en introduisant du méteil et des mélanges suisses.
« Les espèces végétales que nous utilisions - maïs et prairies temporaires de ray-grass italien/trèfle violet - n’étaient pas assez digestibles. Les mélanges suisses contiennent entre 5 et 7 espèces différentes de légumineuses et de graminées », explique Guillaume. Les associés ont aussi implanté une quinzaine d’hectares de méteil constitué d’avoine, de pois et de vesce et les maïs habituels ont été remplacés par des variétés développées par la société Panam. Des maïs cornés contenant moins d’amidon que leurs congénères mais riches en sucres (et donc en énergie) et de ce fait meilleurs en termes de digestibilité, explique Xavier. Avec ce nouvel assolement, l’herbe a tendance à prendre le pas sur le maïs dans la ration.
Qualité de l’eau
Malgré ces deux ans d’efforts et de remise en question, la production de lait ne suivait toujours pas. Finalement, c’est en restaurant la qualité de l’eau que le problème a été réglé. « Les vaches ne buvaient pas assez. L’eau était de mauvaise qualité », confie Guillaume. Le Gaec s’est alors équipé d’une machine à traiter l’eau "Anaqua" (lire par ailleurs). Elle assainit l’eau et l’enrichit en silice ce qui la rend plus « assimilable ».
Cette fois, la production a décollé. De 23-24 litres le lait par jour et par vache, elle est passée à 27-28 en 2016, et ce malgré de mauvaises récoltes fourragères, font observer Guillaume et Xavier. Les pertes de veaux sont descendues de 48 à 14 sur la dernière campagne. Les frais vétérinaires ont été divisés par quatre voire par cinq, évaluent les deux frères. Les mammites sont devenues plus rares. Globalement, les vaches sont en meilleure santé.
Mais le constat ne s’arrête pas là. Sous le bâtiment des laitières, on est frappé par la quasi absence d’odeur et de mouches.
Et cerise sur le gâteau, grâce au traitement de l’eau à la silice, le Gaec consomme un tiers de fongicide en moins dans ses traitements aux cultures !
Du lait économiquement et écologiquement raisonnable
Au terme de deux années d’investigations et de remise en question éprouvantes, les deux associés ne cachent pas que ce fut assez déstabilisant. « Au début, on a la sensation de tout faire mal », avoue Xavier. Mais le résultat est là. Aujourd’hui, la famille Janniaux « produit du lait économiquement raisonnable ». Avec la satisfaction de voir les vaches valoriser des fourrages, d’où une moindre dépendance aux tourteaux, et celle d’avoir un système meilleur pour l’environnement, concluent enthousiastes Xavier et Guillaume Janniaux.
Le 22 août, l’exploitation du Gaec de Raimbos accueillait une cinquantaine de personnes venues d’Auvergne, de Franche-Comté, des Ardennes, des Vosges, du Bassin parisien, de l’Ain et même de Suisse. Invitées par les sociétés Scaner et Alfalor, elles sont venues partager l’expérience de la famille Janniaux.