En fruits et légumes, la filière zéro résidu de pesticides se fédère dans un collectif
Annoncée mercredi 7 février à Berlin en marge du salon Fruit Logistica, la naissance du collectif « Nouveaux Champs » veut rassembler la filière du zéro résidu autour d’une nouvelle offre structurée de fruits et légumes et d’une signature facilement reconnaissable. Ainsi, 18 entreprises productrices, représentant 10 % de la production française, ont rejoint la démarche. Ce qui pourrait avoir un impact sur le marché bio notamment... à plus d'un titre.
À son retour du salon Fruit Logistica à Berlin, Gilles Bertrandias, directeur général de Rougeline et désormais président de « Nouveaux Champs », est ravi, parlant même d’une « journée exaltante ». Depuis le lancement du collectif le 7 février, ce sont déjà près « d’une quinzaine » de nouveaux producteurs de fruits et légumes qui ont manifesté le désir de rejoindre la démarche, raconte-t-il. La preuve pour lui de l’intérêt suscité par cette « troisième voie » que représente le zéro résidu de pesticides, entre agriculture conventionnelle et bio.
Un objectif de 30 000 tonnes en 2018
Lancé il y a un an par les Paysans de Rougeline autour d’une première gamme limitée aux tomates et aux fraises, le label d’entreprise « zéro résidu de pesticides » sera désormais partagé par 18 entreprises produisant plus de 20 espèces différentes sur des parcelles dédiées. Le but ? Avoir « une offre 12 mois sur 12, une gamme de 50 références et près de 30.000 tonnes de fruits et légumes » en 2018. Le programme se structure autour de la garantie apportée aux consommateurs de l’absence de résidu des substances actives recherchées, passant pour chacune des substances par « un résultat inférieur à la limite de quantification (0,01 mg/kg) ». Des analyses concernant les substances actives cibles seront effectuées par un laboratoire accrédité sur les fruits et légumes. Un cahier des charges a également été mis en place par filières et les parcelles feront l’objet d’un contrôle tous les ans par un organisme extérieur, Iris Contrôle.
« Devenir une référence sur la filière »
« Jusqu’à maintenant, un certain nombre de producteurs étaient déjà engagés dans une évolution des pratiques, mais sans parvenir à le labelliser auprès du grand public. Avec ce label, on a la volonté d’aller vers un engament qui soit clair », explique ainsi Gilles. Bertrandias. « Le but c’est vraiment de fédérer les entreprises qui sont dans cette démarche et de devenir une référence sur la filière », ajoute-t-il. Le collectif table sur 20 % de parts de marché « d’ici 3 à 5 ans ». Un objectif ambitieux alors que le bio représente aujourd’hui autour de 6 % des ventes de fruits et légumes. Mais pour lui, les débouchés sont là. « Toutes les chaînes de la grande distribution ont déjà pris l’engagement de référencer nos produits », notamment Auchan qui a intégré ces produits à sa promesse d’offrir progressivement d’ici 2020 « une gamme de fruits et légumes garantie sans résidus de pesticides ».
Comme le reconnaît le directeur général de Rougeline, il serait aujourd’hui « techniquement impossible » pour les entreprises membres du collectif de faire uniquement du « zéro résidu », mais « c’est en fédérant de plus en plus d’acteurs et en mutualisant les moyens qu’on pourra étendre le nombre de parcelles ». Et faire émerger la « troisième voie ». C'est bien les parts de marché du Bio qui sont en ligne de mire. Corrolaire, certains consommateurs pourraient bien se poser la question si finalement, il n'y a pas de résidus de pesticides dans les produits bio. Le label AB impose une obligation de moyens pas de résultats...