Entre actions et protestations
générale annuelle à Igé le 2 avril. Au-delà des habituels rapports
moraux et financiers, les vignerons en caves particulières du département -
dont l'effectif se répartit équitablement entre Mâconnais et Côte
chalonnaise - ont évoqué le dossier explosif de la réforme des droits de
plantation en discussion au niveau européen. Ils se sont également
intéressés à Internet et aux réseaux sociaux pour mieux commercialiser
leurs bouteilles.
Forts de la réussite de la marche gourmande organisée en 2011 à Givry, ils invitent à nouveau randonneurs et gourmets le 17 juin prochain à Vinzelles cette fois-ci.
Consensus régional
Lors du débat, les vignerons ont exprimé leur inquiétude face à la réforme envisagée des droits de plantation. La présence de trois candidats aux législatives sur la première circonscription - Gérard Voisin, Nicole Eschmann et Christine Robin - a aussi animé le débat, l'élue régionale annonçant que la Bourgogne avait récemment adopté une délibération qui marquait son opposition à cette directive européenne, laquelle entrera en vigueur dans quatre ans, au 1er janvier 2016, si rien ne change d'ici là. Il y a dans la région un réel consensus sur ce sujet crucial pour le monde viticole, un front du refus auquel les trois candidats participent activement. Un appel collectif de professionnels, d'élus a d'ailleurs été lancé le 16 mars dernier depuis Dijon pour s'opposer à ce projet. Déjà quinze Etats membres de l'Union européenne ont affirmé haut et fort leur opposition à cette réforme.
Trois questions à Éric Palthey
Vous entamez votre deuxième année de présidence du syndicat des vignerons indépendants...
Éric Palthey : président, c'est une place chez nous que personne ne veut, cela demande beaucoup de temps et les vignerons n'en ont généralement pas beaucoup à consacrer à autre chose que leurs vignes. C'est très intéressant comme fonction, cela permet de multiplier les contacts, les échanges et de défendre notre profession et notre statut d'indépendant.
Quelle est l'ambiance dans la profession ?
É. P. : nous sommes viticulteurs, pas concurrents, c'est une famille. Par exemple, dans les salons dans d'autres métiers, la concurrence serait rude. Là, on conseille d'autres adresses sans problème au client en quête de bonnes bouteilles. Le métier est agréable, nous sommes des passionnés. Vous savez, j'ai été architecte et je me suis reconverti dans le vin, en 2001. En France, nous sommes 6.000 vignerons indépendants, nous sommes force de propositions et d'organisation, nous augmentons très régulièrement le nombre de nos adhérents.
Que craignez-vous si jamais la réforme des droits de plantation aboutissait au niveau européen en 2016 ?
É. P. : c'est réellement un gros souci, voire la ruine générale qui se profile. Si on libère les droits de plantation, c'est inquiétant. Au niveau local, on sait qu'il ne faut pas planter davantage, tout cela est cadré, les gens comprennent. Nous craignons surtout que les grands groupes, aux moyens financiers importants, soient capables d'acheter du foncier au prix fort et d'inonder les marchés de tout cépage. Certes, avec la quantité, le coût baissera à 2 euros, c'est possible mais au prix de combien de faillites de petits ou moyens domaines ? Actuellement, le coût moyen d'une bouteille est estimé à 6 euros. La qualité chutera et commencera la course au volume, à l'hectolitre. Si tout le monde a conscience de la dangerosité de cette réforme, y compris les politiques de toutes couleurs politiques, ce qui semble être le cas en Bourgogne, nous pouvons l'empêcher.