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Moisson 2013

Entre bonnes surprises et déceptions

En orge, les rendements déçoivent souvent à l’est de Paris. Ils se
situent plutôt dans la moyenne vers l’ouest et s’améliorent en remontant
au nord. La qualité semble au rendez-vous, même si la protéine manque
un peu par endroit. Elle pose davantage de problèmes en blé pour
l’export au départ du port de La Pallice.
Par Publié par Cédric Michelin
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Malgré une météo estivale, la moisson 2013 affiche du retard. Un net rattrapage apparaît néanmoins, après les difficiles conditions de cultures jusqu’au printemps. C’est particulièrement visible tout au nord. Le groupe coopératif Advitam envisage les premières coupes de blé d’ici fin juillet. « Il y a 8 à 10 jours de retard, contre trois semaines en mars-avril », note le directeur Céréales Maurice Caillaud. Conséquence d’un mois de juillet en bonne partie sec et ensoleillé, la récolte d’orge montre un taux d’humidité intéressant, jusqu’à 12 %. « Les rendements surprennent agréablement, avec souvent 85 q/ha et même trois chiffres pour les meilleurs », poursuit-il. Une bonne qualité est signalée, aussi bien en taux de protéines, à 10,5 %, qu’en poids spécifique (PS), à 66 kg/hl.


Avantage aux sols peu profonds



Le son de cloche est tout autre en Bourgogne. « On espérait mieux en orge d’hiver, confie le directeur commercial de Dijon Céréales Pascal Demay. Les rendements ne sont pas bons, en moyenne à 60 q/ha. C’est correct en qualité, même s’il y a peu de protéines à cause des difficultés de la plante à s’alimenter en azote. » Les terres hydromorphes déçoivent, après le coup de froid fin avril, un manque d’ensoleillement pendant la méiose, des pluies incessantes au moment de la floraison. À l’est du bassin parisien, une nette distinction apparaît suivant la nature des sols. « Les blés ont souffert sur les terres profondes, souligne Sébastien Dupuit, chez Valfrance. Dans les terres très courtes, on s’oriente vers des rendements très corrects. Idem pour la qualité, avec un taux de protéine qui démarre à 11,28 %. Mais ça reste à confirmer, car les agriculteurs ont mis le frein sur les apports d’azote, au vu du potentiel moyen des cultures en sortie d’hiver. »


Hétérogénéité des récoltes



Dans la Marne, les rendements en orge d’hiver sont jugés moyens par Acolyance, à moins de 8 t/ha. Un défaut de fertilité est noté pour quelques parcelles, conséquence d’un froid prolongé au printemps. Vivescia souligne de gros écarts de productivité. « Si les rendements en orge d’hiver montrent une forte hétérogénéité, les qualités sont très satisfaisantes, avec de bons calibrages, PS et taux de protéine, indique Jean-Olivier Lhuissier, directeur des activités Région sud. Plusieurs facteurs expliquent ces écarts : des excès d’eau au printemps dans les zones argileuses ou limoneuses, de faibles températures en mai, qui ont contrarié la méiose et donc la fécondation. Résultat, les rendements oscillent de 40 q/ha, pour les zones les plus pénalisées, à près de 90 q/ha. Concernant les autres cultures, il y a fort à parier que l’hétérogénéité observée en orge d’hiver se répète. » Même phénomène en Haute-Normandie, où l’orge donne des rendements tout juste « corrects » pour le début de la moisson chez Cap Seine. « Un très bon PS se dégage, bien au-delà de 70 kg/hl, relève Franck Roger, responsable de la collecte. Le taux de protéine est plutôt dans la fourchette basse, entre 9,5 et 10 %. »


Faiblesse en protéine sur la façade Atlantique



Plus au sud, la météo devenue orageuse contrarie une moisson entamée dans des conditions favorables. « Les produits arrivant à maturité, c’est la course pour sauver la récolte avant la pluie », raconte Denis Courzadet, directeur de la collecte chez Axéréal. D’un premier bilan, au terme de l’épisode anticyclonique, ressort une certaine satisfaction. « Les rendements en orge sont corrects, favorisés par une finition très longue ». Ils se situent entre 6,5 et 7 t/ha au sud du périmètre de la coopérative, 1 t/ha supplémentaire plus au nord. Là encore, une grande hétérogénéité domine. Tout comme vers la façade Atlantique. La Cavac note des rendements plutôt au-dessus de la moyenne. En blé, le taux de protéine se situe globalement entre 10,5 et 11 %, de gros PS sont signalés. Mais les écarts sont qualifiés d’exceptionnels. « La protéine varie de 8 à 12 %, s’emporte le directeur Céréales Christophe Vinet. C’est lié à un défaut de maîtrise de l’azote, en l’absence de réserve dans le sol. Notre agriculture est victime d’une politique environnementale mal adaptée. Limiter l’azote comme aujourd’hui mène droit dans le mur. On ne pourra plus exporter de blé, à cause d’une qualité insuffisante ». Sur le marché physique portuaire de Bordeaux/La Pallice, une décote de 5/6 euros/t est applique au blé sans garantie de protéine (10/10,5 %) par rapport au marché de référence (11 % minimum), indique Inter-Courtage.