Entre viticulture et élevage, le cœur balance
L’extension régulière et modérée du domaine permet d’exploiter un patrimoine exceptionnel de vieilles vignes d’une moyenne d’âge de plus de 50 ans. Sur 18 hectares –à savoir 15 hectares en Viré-Clessé et 3 hectares en Mâcon village–, ils produisent environ 120.000 cols par an. Des bouteilles vendues aussi bien aux particuliers (à hauteur de 50 %) qu’aux restaurateurs (de 20 à 25 %), aux cavistes (15 %) et à l’export (de 10 à 15 %). Dans ce dernier cas, restaurants et cavistes aux Etats-Unis, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Belgique, au Danemark, au Japon et même à Hong Kong présentent à leur carte la production de la famille Michel. « Pour ce qui est des particuliers, nous vendons aussi bien au caveau qu’à distance. Par ailleurs, à raison de deux à trois fois par semaine, nous recevons des clients qui viennent après avoir dégusté notre vin chez un restaurateur. Quant aux restaurateurs, nous travaillons essentiellement au niveau régional, un peu sur Lyon et pas mal sur Paris. Pour cela, nous n’avons pas de commercial. Cela fonctionne surtout par le bouche à oreille. Nous savons que, qualitativement, nous n’avons pas le droit à l’erreur ».
Une exigence de qualité
Loin de se reposer sur ses acquis, le domaine entend maintenir une réelle exigence de qualité. Cela passe par un travail de la vigne respectueux et rigoureux. L’utilisation d’engrais organiques (fumier composté) et un labour régulier contribuent à l’entretien des sols et au respect de l’équilibre des parcelles. En outre, les plants de vignes greffés-soudés utilisés pour l’entretien du vignoble sont confectionnés sur le domaine, à partir de greffons prélevés sur de vieilles vignes, pour préserver une typicité maximale. De même, la taille d’hiver et la taille en vert au moment de la fleur vers mi-juin sont volontairement courtes pour maîtriser les rendements et obtenir ainsi le raisin le plus riche possible. Les vignes sont effeuillées à la veille des vendanges pour aérer les grappes et optimiser leur exposition au soleil. Enfin, la vendange s’effectue exclusivement à la main pour soigneusement trier les raisins et les cueillir à maturité optimale. « Il ne faut pas avoir peur de la simplicité. Nos vinifications sont volontairement lentes et naturelles, sans ajout d’aucune levure commerciale et sans chaptalisation. Afin d’exprimer au mieux les nuances de terroir, nos vins se nourrissent sur leurs lies fines jusqu’à la fin des fermentations malolactiques. Selon les terroirs, les cuvées sont élevées de huit à plus de vingt mois avant la mise en bouteilles ».
Si Mâcon village et Mâcon rouge figurent en bonne place dans la carte de la maison, l’appellation Viré-Clessé demeure la figure de proue du domaine. « C’est la petite dernière des communales du Mâconnais. Il y a un potentiel qualitatif important, un terroir qui ne demande qu’à s’exprimer, une belle marge de progression en terme d’image. Mais cela reste une appellation qui a ses lettres de noblesse à acquérir. Il nous faut persévérer dans le travail déjà effectué depuis le début. Il ne faut pas s’endormir sur des lauriers que nous n’avons pas encore ».
Se diversifier avec l’élevage
Dans la lignée de la traditionnelle polyculture, l’exploitation a toujours possédé quelques bêtes. Mais, un peu par hasard, elle s’est spécialisée il y a une vingtaine d’années dans les bêtes de conformation hors normes suite à un prix d’honneur remporté lors du concours de bétail gras de Romenay. « Nous disposons aujourd’hui d’un cheptel de 300 bêtes essentiellement de race charolaise et un peu de croisées aubrac. Nous les achetons en maigre et nous les engraissons ». Avec, comme débouchés, une dizaine de bouchers traditionnels locaux. Une activité qui n’empiète pas sur le vin. « Tout s’est mis en place petit à petit. Souvent, les périodes creuses d’une activité correspondent à une période pleine de l’autre et inversement ». Si Denis Michel supervise principalement l’activité élevage, Vincent s’occupe pour sa part de la vigne et des relations commerciales avec les professionnels de la région. Quant à Franck, son domaine d’action concerne la cave, l’administratif et les professionnels du vin à Lyon, à Paris et à l’export.
Maintenir une qualité constante
Lorsque l’on évoque le futur, la maison Michel entend poursuivre dans la voie qu’elle s’est tracée depuis maintenant plusieurs décennies. « Il nous faut miser sur des produits de qualité. Pour cela, nous devons rester pointus dans tout ce que nous faisons », mais cela ne passe pas par un agrandissement. « Si nous voulons continuer à travailler comme nous le faisons actuellement, nous ne pouvons pas nous agrandir au-delà de certaines surfaces. Après, il faut changer d’échelle ». Néanmoins, un projet d’extension de bâtiment d’élevage est actuellement sur les rails. Toujours dans une optique de qualité. « Chez nous, nous ne faisons pas du changement pour du changement. Nous garderons toujours notre double activité, vin et élevage. Cela permet de garder les pieds sur terre ».