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Plantations de vigne

Etre vigilant, avant et après

Pour maximiser dès le départ la viabilité d’une parcelle, la plantation joue un rôle fondamental. Après la préparation du sol, le traitement à l’eau chaude des plants et son implantation, la vigilance reste de mise pour vérifier son bon développement. Si des symptômes apparaissent, des mesures correctives existent.
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« Il y a plusieurs étapes clés pour réaliser une bonne plantation et il ne faut pas les louper. On constate généralement le mal à posteriori alors qu’il aurait fallu faire des corrections l’année de la plantation », met en garde, Jocelyn Dureuil lorsqu’il aborde le sujet technique de la plantation de vignes. En effet, derrière se joue la viabilité de la parcelle et donc forcément la trésorerie de l’exploitation. Pour le technicien du service Vignes & Vins de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, même si cette opération est bien connue des viticulteurs, il livre néanmoins quelques conseils utiles et appel à « ne pas relâcher la vigilance ».

Bien préparer sa parcelle



La préparation de la parcelle reste une phase importante dans la réussite. Le technicien souligne toute l’importance de décompacter le sol mais tout « en faisant attention de ne pas chambouler la hiérarchisation du sol, sa biologie et son équilibre », sinon, il faut refaire de nouvelles analyses. L’objectif final est bien de laisser au plant, la liberté de développer ses racines. Dans un sol trop compacté, ce dernier aura du mal à émettre des racines et donnera par la suite un « appareil aérien rachitique vers une pousse qui va sécher », explique le technicien. Si ce cas se produit, il ne faut alors pas hésiter à décompacter le sol en bêchant la terre jusqu’à la zone des racines, à l’aide d’une triandine, au niveau de chaque plant. Ceci peut également s’avérer nécessaire sur terrains argileux au printemps, où le phénomène de recompactation du sol et de rétention d’eau autour de la greffe entraîne une « asphyxie le jeune plant ».

Une mortalité multiplié par vingt



La concurrence par des adventices peut également freiner le développement des pieds. Maintenir la propreté de la parcelle la première année n’est donc pas un mauvais investissement. Des suivis de réussite de plantations réalisée en 2005 et 2006 sur 35.000 pieds ont montré que « les parcelles bien préparées laissent apparaître des mortalités de l’ordre 2 pour 1.000 tandis que, sur les parcelles mal préparées avec concurrence d’adventices, la mortalité grimpe entre 5 et 10 %, multipliant jusqu’à vingt le risque et le coût ».
Toujours dans cette même optique « d’avoir des plants qui se développent bien la première année, il faut aussi veiller à conserver le feuillage en utilisant la protection phytosanitaire appropriée » et ainsi favoriser le redémarrage du plant. « Ce risque est surtout vrai la première année et au moment de l’aoûtement », précise Jocelyn Dureuil. Un écimage mi-août peut être réalisé pour concentrer cette mise en réserve sur des sarments d’une taille plus petite (environ 40 cm), mais à condition que « le plant soit bien développé ».
De manière générale, l’objectif de la première année de plantation est de maintenir des conditions optimales de développement du jeune plant, pour qu’il développe un système racinaire et réalise une mise en réserve suffisants.

Trempés mais sains



Enfin, le technicien rappelait qu’installer du matériel végétal sain est important. La plupart des viroses connus - court noué et enroulement dans nos régions - induisent en effet une baisse de la qualité et de la quantité de raisins produits et cela « de manière irréversible ». C’est pour cette raison que la sélection clonale a été mise en place et que le matériel certifié est largement diffusé à l’heure actuelle.
La Flavescence dorée maladie épidémique est toujours en extension sur le vignoble francais. Depuis la campagne de plantations 2010, l’ensemble des ODG de Bourgogne ont instauré le traitement obligatoire des pieds de vigne à l’eau chaude (Tec) pour toutes les plantations pour éviter son introduction. Une menace bien réelle puisque « l’introduction est encore possible. Il y a eu quatre cas depuis 2005 », notait le technicien. À nouveau, le jeu en vaut la chandelle car en cas de découverte de foyer, trois traitements insecticides sont obligatoires contre la cicadelle de la flavescence dorée pendant deux ans sur, au minimum, toute la commune.
« Prenez le problème en amont pour ne pas introduire de pieds malades, y compris pour la complantation », conseil Jocelyn Dureuil.
Depuis l’installation de la station à Davayé, de 2005 à 2009, 3.500.000 plants ont été traités et pour cette seule dernière campagne, « quasiment deux millions de plants ont été traités », comptabilise la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire.
Pour chaque traitement une attestation fournie au client qui a signé le contrat d’intervention. Les pépiniéristes et viticulteurs ont la preuve que le Tec à été réalisé conformément aux recommandations Les viticulteurs peuvent faire traiter leurs plants directement, soit au près du service Vigne & Vins. Deux autres stations sont en fonctionnement et se sont installées pour les besoins de la région : une en Cuma qui traite successivement la production de six pépiniéristes régionnaux et une seconde auprès d’un pépiniériste de Haute-Saône fournissant des plants de vignes pour le département ».
Tous ces éléments confirment que l’observation et l’entretien de la parcelle permettent de faire des actions correctives « au bon moment. Il faut être vigilant. Il faut toujours se souvenir que c’est une plante qui doit coloniser un nouvel environnement », concluait Jocelyn Dureuil.

Réflexion autour d’un conservatoire

Des réflexions sont en cours pour la mise en place d’un conservatoire des cépages pinot noir et chardonnay. Des prospections sont même en cours pour collecter de vieux ceps et ainsi conserver un maximum de patrimoine génétique local. Pour l’heure, en mars, une soixantaine de viticulteurs avaient répondu à l’appel, ces dernier seront recontactés fin mai début juin afin de recenser les parcelles et faire un premier état des lieux. Ce conservatoire sera doublé : un "traditionnel" installé aux champs sur lequel pourront être étudié les accessions et un "technologique" dont la méthode reste à définir (sous serre, in vitro, ou congèlation…). L’intérêt est bien évidemment de préserver pour demain le patrimoine génétique d’individus différents. Le but est de disposer de suffisamment de matériel différent pour faire face aux changements de la viticulture future et d’y répondre en fournissant des ceps les mieux adaptés aux nouvelles contraintes climatiques, techniques et qualitatives dictés par la profession, se projette Jocelyn Dureuil.. On peut également espérer s’ouvrir à d’autres possibilités : un port facilitant les travaux de la vigne, de nouveaux arômes, une moindre sensibilité aux maladies préoccupantes…