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Egalité Femmes-Hommes

Existe-t-il des vins "féminins" ?

« Chambole-Musigny est un vin féminin ». « Ce vin est fin et élégant, il est fait pour les femmes »… Qui n’a jamais entendu ce type d’arguments, de descriptifs ? Mais qu’en pensent justement les femmes ?

Par Publié par Cédric Michelin
Existe-t-il des vins "féminins" ?

Les vins "féminins" existent-ils ? Une vaste question qui a amené trois viticultrices et une œnologue bourguignonnes à en débattre ensemble, lors d’une table ronde au lycée de Davayé le 21 décembre dans le cadre du Tour de France de la mixité qui s'arrêtait, pour l'occasion, dans le vignoble mâconnais.

Avec pour slogan "Le vin au féminin", le Domaine Ferrand à Charnay-les-Mâcon pourrait laisser croire qu’il existe des "vins féminins". Expliquant la signature de sa mère Nadine, Marine Ferrand donnait son origine : « Il y a dix-sept ans, c’était plus rare de voir des viticultrices. Ma mère s’est alors basée sur cette différence pour faire sa communication ». Un pied de nez surtout aux "vautours" qui n’avaient eu aucun remord d’appeler sa mère pour reprendre les vignes du Domaine deux heures seulement après la mort de son mari, confiait sa fille. « Ils ne pensaient pas que ma mère pourrait continuer l’exploitation alors que cela faisait déjà quinze ans qu’elle y travaillait ». Prochainement distinguée "Femmes de l’année 2018" aux trophées des entreprises de Saône-et-Loire, une première en agriculture, Marine a heureusement l’impression que « c’est un peu moins difficile de s’imposer » aujourd'hui. Pour revenir sur la question des vins "féminins", « c’est un vin fait par une femme. Après, ces vins de femmes s’accordent tout aussi bien avec une consommation masculine ».

Une vue de l’esprit

Du Domaine éponyme à Morey-Saint-Denis (Côtes de Nuits, 21), Virginie Taupenot a créé l’association "Femmes et vins de Bourgogne". En une dizaine d’année, l’association est passée de 6 à 40 membres de Chablis à Mâcon. « Il faut le dire, la viticulture est toujours un milieu d’hommes. Le but était de faire un réseau d’échanges, de faire venir des intervenant(e)s et de s’aider. On n’est pas le MLF du vin ! Nous ne faisons pas de militantisme contrairement à ce que disent certains ou certaines même. On lutte pour une égalité non pour diviser encore plus : il ne s'agit pas un combat contre mais bien pour que les femmes et hommes aient les mêmes droits ».

La présidente de l’association ne défend ainsi pas non plus les "vins féminins". Pour preuve, « nous nous réunissons pour des dégustations et il est fréquent que les jugements ne soient pas unanimes entre femmes », démontrant ainsi qu’il n’y a pas de goût, de palais ou de préférence féminines unanimes.

Ni féminin, ni masculin

Propos plus tranchée, pour Sophie Cinier. « il n’y a pas de vins féminins ou masculins. Il y a un vin avec, en face, un consommateur » affirmait la viticultrice de Fuissé. La confusion ne viendrait-elle pas des médias et des clients eux-mêmes ? « Un vin dit féminin est souvent décrit avec l’adjectif élégant, mais des hommes font de tels types de vins », saluait-elle. Et si des vins féminins étaient reliés à l’élégance et la finesse, alors des vins masculins par oppositions simplistes, seraient-ils dès lors associés à des vins grossiers et laids ? Non plus.

Evolution de ses goûts

Ce qui, soit disant, caractérise les vins dits "masculins" seraient leurs forces tanniques.

L’œnologue Nadine Gublin reconnaît que là aussi ces stéréotypes ont la vie dure. « Quand j’ai commencé à vinifier au Domaine Jacques Prieur à Meursault, on m’a reproché de faire des vins rouges trop extraits, trop boisés… Je n’étais pas sur la finesse de vins élégants ne présentant aucune agressivité pour les palais. Par contre, comme le vin, je me suis bonifiée avec le temps et, aujourd’hui, mes vins sont plus fins ».

Autant dire qu’aucune dégustation à l’aveugle ne peut permettre de distinguer un vin élaboré par une femme ou par un homme… Mais ces femmes continuent d'évoluer et d’ouvrir les yeux des amateurs de vins, tout court.

Existe-t-il des vins "féminins" ?

Existe-t-il des vins "féminins" ?

Les vins "féminins" existent-ils ? Une vaste question qui a amené trois viticultrices et une œnologue bourguignonnes à en débattre ensemble, lors d’une table ronde au lycée de Davayé le 21 décembre dans le cadre du Tour de France de la mixité qui s'arrêtait, pour l'occasion, dans le vignoble mâconnais.

Avec pour slogan "Le vin au féminin", le Domaine Ferrand à Charnay-les-Mâcon pourrait laisser croire qu’il existe des "vins féminins". Expliquant la signature de sa mère Nadine, Marine Ferrand donnait son origine : « Il y a dix-sept ans, c’était plus rare de voir des viticultrices. Ma mère s’est alors basée sur cette différence pour faire sa communication ». Un pied de nez surtout aux "vautours" qui n’avaient eu aucun remord d’appeler sa mère pour reprendre les vignes du Domaine deux heures seulement après la mort de son mari, confiait sa fille. « Ils ne pensaient pas que ma mère pourrait continuer l’exploitation alors que cela faisait déjà quinze ans qu’elle y travaillait ». Prochainement distinguée "Femmes de l’année 2018" aux trophées des entreprises de Saône-et-Loire, une première en agriculture, Marine a heureusement l’impression que « c’est un peu moins difficile de s’imposer » aujourd'hui. Pour revenir sur la question des vins "féminins", « c’est un vin fait par une femme. Après, ces vins de femmes s’accordent tout aussi bien avec une consommation masculine ».

Une vue de l’esprit

Du Domaine éponyme à Morey-Saint-Denis (Côtes de Nuits, 21), Virginie Taupenot a créé l’association "Femmes et vins de Bourgogne". En une dizaine d’année, l’association est passée de 6 à 40 membres de Chablis à Mâcon. « Il faut le dire, la viticulture est toujours un milieu d’hommes. Le but était de faire un réseau d’échanges, de faire venir des intervenant(e)s et de s’aider. On n’est pas le MLF du vin ! Nous ne faisons pas de militantisme contrairement à ce que disent certains ou certaines même. On lutte pour une égalité non pour diviser encore plus : il ne s'agit pas un combat contre mais bien pour que les femmes et hommes aient les mêmes droits ».

La présidente de l’association ne défend ainsi pas non plus les "vins féminins". Pour preuve, « nous nous réunissons pour des dégustations et il est fréquent que les jugements ne soient pas unanimes entre femmes », démontrant ainsi qu’il n’y a pas de goût, de palais ou de préférence féminines unanimes.

Ni féminin, ni masculin

Propos plus tranchée, pour Sophie Cinier. « il n’y a pas de vins féminins ou masculins. Il y a un vin avec, en face, un consommateur » affirmait la viticultrice de Fuissé. La confusion ne viendrait-elle pas des médias et des clients eux-mêmes ? « Un vin dit féminin est souvent décrit avec l’adjectif élégant, mais des hommes font de tels types de vins », saluait-elle. Et si des vins féminins étaient reliés à l’élégance et la finesse, alors des vins masculins par oppositions simplistes, seraient-ils dès lors associés à des vins grossiers et laids ? Non plus.

Evolution de ses goûts

Ce qui, soit disant, caractérise les vins dits "masculins" seraient leurs forces tanniques.

L’œnologue Nadine Gublin reconnaît que là aussi ces stéréotypes ont la vie dure. « Quand j’ai commencé à vinifier au Domaine Jacques Prieur à Meursault, on m’a reproché de faire des vins rouges trop extraits, trop boisés… Je n’étais pas sur la finesse de vins élégants ne présentant aucune agressivité pour les palais. Par contre, comme le vin, je me suis bonifiée avec le temps et, aujourd’hui, mes vins sont plus fins ».

Autant dire qu’aucune dégustation à l’aveugle ne peut permettre de distinguer un vin élaboré par une femme ou par un homme… Mais ces femmes continuent d'évoluer et d’ouvrir les yeux des amateurs de vins, tout court.