Accès au contenu
Sommet de l'élevage 2025
Fédération des oléoprotéagineux de France

Conforter les débouchés

Le 15 avril à Montceau-lès-Mines, le conseil d’administration de la FDSEA de Saône-et-Loire accueillait deux membres de la Fédération française des producteurs d’oléagineux et protéagineux (Fop). Cette association spécialisée de la FNSEA est une association économique au service des agriculteurs Français, bien loin de l’image galvaudée donnée par les médias autour du seul groupe Avril.

Par Cédric Michelin

Fabrice Moulard est secrétaire de la Fop et surtout agriculteur dans l’Eure, « dans des terres à cailloux, avec des rendements néanmoins plus proches des zones intermédiaires », se rapprochant donc davantage de nos problématiques sans véritables « cultures industrielles ». Ainsi, avec la Fop et donc le conseil d’administration de la FNSEA, il se doit « d’être inventif », y compris avec le monde animal « pour défendre les revenus de tous les agriculteurs ». D’ailleurs, l’après-midi, lui et Arnaud Rondeau, animateur de la Fop, se rendaient à l’usine Sanders à Chalon-sur-Saône. Arnaud Rondeau défend depuis le début le plan Protéine français, autant que des sujets politiques. « On retire des matières actives ou on empêche la sélection variétale, et au final les oléoprotéagineux ne sont plus rentables », regrette-t-il. Pas de fatalisme cependant. La Fop a une importante force de frappe et de persuasion notamment lorsqu’elle « parle pour la profession » tout entière en se coordonnant notamment avec d’autres associations spécialisées (betteraves, patates, maïs…) ou avec les autres organisations professionnelles (Instituts, chambres…) à tous les niveaux, jusqu’au niveau Européen et donc mondial avec la Copa-Cogeca (Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne — Confédération générale des coopératives agricoles) et l’EOA (European Oilseed Alliance). Ce syndicalisme « économique » agit autour de quatre axes de travail : sur les moyens de production, sur le réglementaire, sur l’économie de l’exploitation et sur les marchés et politiques agricoles. « Nous avons un gros programme sur les pois protéagineux qui deviennent compliquer à produire alors qu’il y a des débouchés », avec potentiellement un accompagnement de l’État, pour avoir des variétés « robustes ». La Fop travaille donc sur des variétés résistantes à un herbicide mais via les nouveaux outils de sélections génétiques de type NBT auprès des obtenteurs et avec l’aide des semenciers. Autre sujet en lien direct avec l’économie de l’exploitation, à la parcelle presque, la politique pour assurer la fourniture et l’origine des engrais, à l’heure où la géopolitique a rebattu toutes les cartes.

Autre exemple, cette fois sur le volet réglementaire, « pour influencer les lois et démarches nationales ou Européennes », la Fop cherche à limiter le dumping des huiles usagées venant d’Asie qui prend des parts de marché sur le marché des biocarburants. « On caractérise les fraudes pour réévaluer de 100 € le prix de la graine, avec les tourteaux, sans ce dumping d’huile de palme usagée ». Les biodiesters français (B100) pourraient également servir « à une niche des camions difficiles à électrifier » et ainsi compenser la baisse de consommation des voitures avec tout de même « moins de gaz à effet de serre émis » et 100 % Français pour les moteurs thermiques.

Enfin, la Fop essaie « d’améliorer les plans protéines » successifs pour structurer les filières en fonction des besoins des territoires « s’il y a plus de besoins humains ou plus sur la nutrition animale », pour diminuer les importations de protéines végétales. La France est dépendante à 40 % et l’Europe importe jusqu’à 60 % de ses besoins en protéines.

« La Fop est là pour conforter nos débouchés et lever tous les freins », insistait Fabrice Moulard. Mais pour agir concrètement, la Fop est née d’une longue histoire remontant à 1945, avec un renforcement suite à l’embargo du soja américain en 1973. L’histoire pourrait bégayer avec Trump mais la Fop a depuis renforcé sa recherche technique : Onidol en 1978 pour l’huile de colza, Sofiprotéol en 1983 pour la trituration des graines et Terres Univia et Inovia en 2015 pour aller de la production jusqu’au conditionnement. Sofiprotéol est alors devenu Avril avec l’ajout des filières industrielles et Sofiprotéol a désormais aussi un volet investissement (plus de 80 sociétés financées), qui ne sont au final que des outils économiques issus du syndicalisme agricole pour défendre la compétitivité des agriculteurs et dégager de meilleurs revenus. Sofiprotéol s’est par exemple associé avec l’Alliance BFC, dont fait partie Bourgogne du Sud, pour la création de Selvah, la société à Ciel qui valorise les légumineuses dans le cadre de l’alimentation humaine. On pourrait également citer l’historique Extrusel à Chalon Nord (tourteaux, trituration colza et soja) ou encore la fromagerie Delin (spécialiste du Brillat-Savarin triple-crème en Côte d'Or) Dernière preuve, 77 % des CVO sont dirigées vers la recherche et l’innovation, base de tous les progrès pour structurer les filières an aval par la suite.