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E-enseignement

Feuille de pompe 2.0

Après le courrier, la musique, la presse écrite, les films, le
téléphone, bientôt la télévision… c’est au tour de l’éducation de
connaître sa grande révolution numérique. Même si l’enseignement à
distance n’est pas nouveau, ni l’e-learning sur Internet, l’arrivée de
cours prestigieux avec certification - en ligne et gratuits - va changer
radicalement la façon d’enseigner et d’être éduqué dans les prochaines
années…
Par Publié par Cédric Michelin
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Les professeur(e)s vont-ils entrer en concurrence les uns les autres ? Il y a fort à parier… pour la partie théorique. En effet, l’industrie numérique s’attaque actuellement au secteur de l’enseignement. Aux Etats-Unis, des cours en ligne sont dispensés par les plus grandes universités, gratuitement sur lnternet (massively open online courses = Mooc). Surtout, ils peuvent déboucher sur des certificats de compétences. Par exemple, à l'automne 2011, un cursus entier (10 semaines) de Stanford sur l'intelligence artificielle a été mis en ligne. Si 400 élèves étaient présents dans l'amphithéâtre, 100.000 personnes étaient en ligne. Au final, 14.000 élèves ont obtenu le certificat officiel diplômant, y compris à l’autre bout du monde. Les certificats sont toutefois payant (100 à 150 $) mais reste plus accessibles financièrement qu’une inscription à une Université, en l’occurrence américaine.

Concurrence et économie indirectes



En France, l’École polytechnique vient d’annoncer qu’elle rejoindra Coursera à la rentrée 2013. D’autres plates-formes existent (Udacity, edX, FutureLearn). Harvard, Princeton, le MIT… Ces écoles prestigieuses s’ouvrent donc au monde entier pour s’imposer… Les retardataires seront les perdants de demain (dévalorisation) face à une concurrence plus nombreuse, plus forte et innovante (disruptive).
Au "freemium" (gratuit puis payant) anglosaxon, les Européens optent plutôt sur une diversification de leurs activités. « Les Mooc constituent un modèle économique dont les retours sont indirects : la distribution gratuite du savoir permet de faire connaître la qualité d’un enseignement. Auprès des étudiants mais aussi auprès d’entreprises qui apprécient de plus en plus d’avoir des contenus exploitables en ligne pour former leurs personnels », explique Jean-Guy Bernard, le directeur général d’un groupe EM Normandie, qui va mettre en ligne ses premiers Mooc en juin 2013, apprend-on sur le blog d’Olivier Rollot (orientation.blog.lemonde.fr).

Temps passifs et temps actif



Dans un article du Monde, "La Salle de classe planétaire", l’enseignante de Stanford, Daphne Koller va plus loin sur ce "campus tsunami" : « jusqu'alors, l'élève écoute la leçon en classe (temps passif) et réalise des recherches, des devoirs à l'extérieur (temps actif). Mais si la leçon est disponible en vidéo, l'élève peut la visionner avant le cours et utiliser la classe pour la partie active (brainstorming, questions, cas) ». Ce renversement – allant plus dans le sens de l’enseignement pratique professionnalisant - revalorise le travail du professeur. Ce temps libéré en classe doit lui permettre de mieux s’adapter aux rythmes d’apprentissage de chaque élève. Gagnant-gagnant donc…
Des professeurs – et des intervenants extérieurs ou entreprises privées - vont donc prochainement enregistrer leurs cours, lister devoirs et examens. Chaque vidéo pouvant être traduite. Des modules d'interaction (quiz, forums…) engagent l'élève. Et la machine "apprend" pour suggérer des pistes d'amélioration, en ligne ou non.
Avec l’arrivée prochaine du web sémantique (3.0), les réponses aux recherches (questions) des élèves seront aussi plus intelligentes et devraient aboutir à des résultats ayant une logique plus humaine (intelligence artificielle).
A terme, étudiants et entreprises pourront être connectés pour effectuer des recrutements précis. La formation continue sera également facilitée. Le savoir se libère pour mieux se propager. Avis aux intéressés…