Foncier : la concentration des terres agricoles se poursuit
L’accaparement des terres agricoles dans des mains plus concentrées se poursuit, élargissant la distance entre le capital et le travail, a indiqué le 30 mai la Fédération nationale des Safer à sa conférence de presse annuelle. Avec la reprise de l’artificialisation des sols (voir la Une), cette grande tendance de l’évolution du marché foncier conduit à des impasses, selon la FNSafer.

Les exploitations individuelles perdent du terrain, exploitant à peine 38 % de la SAU (contre 58 % en 2000), face aux Gaec et EARL qui exploitent 51 % de la SAU (contre 36 %) et surtout face aux sociétés anonymes, qui exploitent maintenant 11 % de la SAU (contre 6 %). « Le capital d’exploitation de ces sociétés est de moins en moins détenu par celui qui exploite », a noté la FNSafer. Celle-ci constate « une distanciation progressive entre les détenteurs de capitaux et les travailleurs agricoles ». Enfin, elle observe que la faiblesse des taux d’intérêt renforce la valeur refuge de la terre pour les épargnants.
L’adaptation du secteur agricole à la libéralisation de l’économie
La fédération des Safer commente ainsi cette situation : « Ces évolutions témoignent de l’adaptation du secteur agricole à la libéralisation de l’économie, le plus souvent au détriment de la valeur ajoutée, d’emplois pérennes, des paysages et de l’attractivité des territoires ». L’essor de l’agriculture biologique, de l’agroécocologie, de l’agriculture de niche ou encore de l’agriculture de proximité « ne vient pas remettre en cause ces tendances lourdes ».
Parvenues à une taille importante, les gérants d'exploitations ont tendance à « simplifier » leurs méthodes en adaptant la situation à leurs objectifs plutôt qu’en s’adaptant à leur milieu, a analysé Emmanuel Hyest, président de la FNSafer. A contrario, le cas typique d’adaptation de l’agriculture à son milieu est celui des Champenois, au XXe siècle, qui ont su tirer parti des terres rocailleuses pour construire une viticulture réputée au plan mondial plutôt que chercher à vouloir implanter des grandes cultures en transformant le sol, a-t-il cité.
Les terres agricoles mises sur le marché « doivent pouvoir être orientées vers les porteurs de projets répondant aux objectifs des politiques publiques », estime la FNSafer. La régulation foncière « doit permettre d’augmenter le nombre d’agriculteurs quand un marché non régulé en diminue le nombre », a-t-elle conclu.