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Franck Garnier, président de Bayer France

Pour le président de Bayer France, Franck Garnier, le fait de conserver un groupe agrochimique européen est un moyen de s’assurer que les productions européennes seront mieux prises en compte. Il explique que Bayer a joué la confiance avec les autorités de la concurrence.

Par Publié par Cédric Michelin
Franck Garnier, président de Bayer France

Suite à l’annonce de la Commission européenne de donner son accord pour l’acquisition de Monsanto par Bayer, Franck Garnier, président de Bayer France, a exprimé sa satisfaction, lors d’une table ronde sur la concentration dans l’amont agricole organisée le 21 mars par AgriDées au même moment que l’annonce. "C’est parfaitement logique d’avoir cette approbation qui est conditionnelle, et nous devons travailler sur les conditions", a-t-il souligné, insistant sur le fait qu’il est "très important pour les agriculteurs européens de conserver un grand groupe d’agrochimie en Europe pour répondre au plus près à leurs besoins et aux spécificités des productions européennes". Car les deux autres grands du marché sont désormais chinois (ChemChina-Syngenta) et américain (Dow-Dupont).

Prendre les devants des exigences des autorités de la concurrence

L’acquisition doit recevoir l’approbation d’une trentaine d’autorités de la concurrence. La moitié a déjà donné leur accord, certaines rapidement, comme l’Afrique du Sud, d’autres plus récemment, comme la Chine. Franck Garnier a expliqué que le groupe a cherché à établir une relation de confiance avec les autorités de la concurrence, notamment celles qui ont le plus de poids, soit celles de l’UE, des États-Unis et de la Chine. « Dès le départ nous avons fait l’analyse de ce qu’elles allaient nous demander. C’est pourquoi nous avons anticipé", a poursuivi Franck Garnier. "Comme nous sommes le 7e semencier mondial, nous savions que les autorités européennes et américaines allaient nous demander de désinvestir des semences de colza, de coton, de soja avec certaines technologies associées (glufosinate). Nous avons cédé ces activités à BASF, avant qu’elles nous le demandent ce qui a permis de gagner du temps et de renforcer la confiance avec elles. De même, nous sommes le quatrième acteur mondial dans les semences potagères, Monsanto étant le premier, c’est pourquoi nous sommes en négociation exclusive avec BASF".

Bayer doit aussi lâcher son programme de sélection du blé

Mais l’autorité de la concurrence européenne demande aussi à Bayer de céder son programme de R & D de semences de blé hybride qu’il a engagé il y a cinq ans et sur lequel il avait beaucoup misé. C’est un coup dur pour Bayer qui a beaucoup investi dans ce programme (1,5 milliard d’euros), notamment avec l’établissement de partenariats pour l’accès au germplasm sur les différents continents (par exemple en France avec RAGT), mais aussi la constitution d’un réseau de centres de recherche dédiés à la sélection du blé partout dans le monde : en Allemagne, au Canada, aux États-Unis, en Ukraine mais aussi en France avec l’inauguration en 2013 de la plateforme de Milly-la-forêt, dans l’Essonne. Mais le groupe n’aura pas le choix. C’est BASF qui va en récolter les fruits au début des années 2020.