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Oenotourisme

"Froids" bourguignons ?

En Bourgogne, d’après les chiffres du BIVB, 15 % du chiffre d’affaires
des exploitants est assuré en direct par la vente de vin. Selon l’étude “Tourisme et vin” d’Atout France, la Bourgogne est perçue comme une
région réputée, au même titre que le Bordelais, mais plus centrée sur le
vin et moins éclectique.
Par Publié par Cédric Michelin
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« Il y a une multitude de petits producteurs, il y a une telle quantité d’étiquettes ». Les atouts de la Bourgogne viticole ne manquent pas. Mais à l’inverse, pour certains touristes, ces atouts se transforment vite en faiblesses : « c’est la plus compliquée de toutes » les régions ; « les Dijonnais sont froids, pas souriants », révèle l'étude d'Atout France.
En effet, la Région n’a pas forcément « bonne » réputation en matière de courtoisie à l’image d’une belle courtisane qui ne se laisse pas approchée facilement. Elle apparaît froide et assez haut de gamme : « dans les vignobles, on voit que ce n’est pas le moment de venir », ressentent même certains clients déçus se baladant entre les hospices de Beaune et de Dijon.
2,5 millions de visiteurs (un même visiteur pouvant effectuer plusieurs visites) sillonnent les routes viticoles à la recherche des quelques 650 caves “touristiques”, labellisées en 2010.
D’ailleurs, Atout France recense les freins à la visite, tant pour les visiteurs français que pour les étrangers. Tout d’abord, la rencontre avec le vin se vit sur le mode de la spontanéité, ce qui tend à rendre contradictoire l’organisation des offres “packagées”. Ensuite, l’approfondissement nécessaire si l’on veut pénétrer les mystères du vin est assez incompatible avec la superficialité attribuée au tourisme de masse, plus “marketé”.
Autre paradoxe, le tourisme évoque spontanément le collectif et un trop plein d’ambiance alors qu’un moment de calme et intimiste est recherché par les amateurs pour déguster et découvrir les petits secrets du vin.
D’autre part, le coût des offres semble souvent élevé, ce qui apparaît comme un frein important pour les publics, surtout pour les familles, même pour des clients CSP+. La durée des offres est d’ailleurs assez courte. En Bourgogne, la durée moyenne est de 6,7 jours. Moins évident, la saisonnalité est une donnée importante : la plupart des clients donnent la préférence au tourisme du vin… hors été !
Reproché à la Bourgogne, l’hermétisme (voir l’élitisme) est attribué par les sondés à la majorité des professionnels du vin ce qui entraine un frein souvent évoqué, en particulier par les clients étrangers (barrière de la langue). Certainement aussi en raison d’un manque d’information et d’accessibilité des offres (besoin de réassurance). Au passage, si la convivialité est recherchée, elle doit se distinguer des festivités et événementiels de masse peu en phase avec les notions d’échange et de raffinement.
Du coup, pour les professionnels, il est important de rechercher la bonne adéquation du produit touristique avec les attentes des touristes et des excursionnistes. La Bourgogne possède de nombreux atouts et développe de nombreux concepts. Elle fait partie des régions viticoles les plus dynamiques en la matière de part leur histoire et emplacement, dans une zone de passage. Alors que ce n'est pas leur métier premier, ni même secondaire, les vignerons continuent de progresser et de professionnaliser leurs offres touristiques.


Handicap : le couperet de 2015



Le guide pratique « Devenir un pro de l’oenotourisme » édité par les Vignerons Indépendants, rappel que tous les sites qui accueillent du public (hébergement, restauration, visites, événement) même à titre gratuit devront être en règle avec la réglementation sur le handicap au 1er janvier 2015. Les vignerons sont concernés. La mise aux normes pour accueillir les quatre handicaps (visuel, moteur, auditif et mental) est assez lourde et coûteuse. Certes, certains aménagements seront considérés comme impossible (descente dans les caveaux souterrains, contraintes architecturales, bâtiments classés…) mais « ne faites pas l’autruche, préparez vous dès maintenant », conseillent les VIF. Parmi les aménagements prioritaires et "faciles", on trouve le parking et le cheminement vers l’accueil en revêtement dur et plat (pas de gravier), sans marches ni escaliers, d’une largeur d’environ 1 mètre. De plus, l’allée doit être balisée et éclairée de nuit. Toujours sur le plan visuel, les panneaux de signalisation devront être placés à une hauteur entre 0,9 et 1,4 m. L’éclairage de préférence indirect ne devra pas comporter de contre jours, sans pénombre et sans zone d’éblouissement, ne dégageant pas de chaleur.
Dans la partie caveau, porte d’entrée et allées devront être prévue pour permettre un passage utile de 77 cm et au mieux de 90 cm pour les fauteuils électriques. S’il y a des marches ou des ruptures de niveau, prévoir un plan incliné d’une pente inférieure à 5 %. Il faudra également signaler les marches, escaliers et tout obstacle mais plus généralement tout en veillant à supprimer tout obstacle à hauteur du visage. A la caisse, à côté de la banque principale, une petite table basse devra être installée avec une hauteur sous comptoir d’au moins 70 cm pour le passage d’un fauteuil roulant et une hauteur maxi de 105 cm. Dernier point noir : les toilettes ! Souvent situées dans des recoins ou des dessous d'escaliers… il faudra prévoir une largeur de porte de 77 cm au min, une hauteur de cuvette de 46-50cm, une barre horizontale à 70-80cm, un dégagement de 80 cm près de la cuvette pour le transfert du fauteuil et un espace de rotation d’un diamètre de 150 cm et un lavabo dans l’espace d’une hauteur comprise entre 90 et 105cm requises. Dernier conseil des VIF à ce propos, « quand un visiteur vient chez vous, sachez que cette petite pièce donne bien souvent une impression générale de la propreté de votre domaine et de vos produits ».