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Réunions préconisations

Gare aux maladies !

Mildiou, oïdium, botrytis, black rot, Esca, vers de la grappe mais
aussi entretien des sols, aides financières, Ecophyto 2018, suivi de
nutrition de la vigne... les réunions préconisations organisées par le
service Vigne & Vin de la chambre d'agriculture de Saône-et-Loire
ont balayé large, allant des applications concrètes aux
expérimentations les plus en pointe. L'occasion surtout d'échanger
entre techniciens et viticulteurs. Retour sur l'une de ces "25 réunions
pour être mieux conseillé".
Par Publié par Cédric Michelin
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L'ambiance est studieuse en ce pluvieux lundi 15 novembre à Fontaines. Les viticulteurs, présents dans la salle des Jeunes, prennent des notes et commentent le diaporama d'Anne-Sophie Rousseau, technicienne viticole de la chambre pour le Chalonnais. Des précisions techniques ou des témoignages viennent éclairer les chiffres et les préconisations. Car il faut bien l'avouer, la technique est au cœur du métier de viticulteur et le sera encore davantage dans les années à venir. En cause évidemment, la pression sanitaire fluctuante mais aussi en raison du Grenelle de l'environnement qui se met en place progressivement avec son cortège de réglementations, style Ecophyto 2018. Des réglementations qui obligent les viticulteurs à être à la pointe sur l'observation, l’agronomie et les traitements raisonnés des maladies. Une bonne chose, certainement. « Ça va encore favoriser les prestations de services », commentait-on néanmoins dans le fond de la salle lucidement.

Pression sanitaire forte



Tous se replongeaient rapidement dans les bilans météorologiques et phénologiques. Une introduction au bilan sanitaire 2010 et les préconisations pour 2011 alors que la pression sanitaire a été « forte » cette année.
Les conseils de positionnement des traitements s'enchaînaient avec souvent une même règle simple à observer : « veillez à ne pas utiliser la même famille chimique plus de deux fois dans la même campagne et si possible pas deux fois de suite », martelaient Anne-Sophie Rousseau et Benjamin Alban, conseiller viticole dans le Mâconnais. Et cela pour préserver les vignes et surtout l'efficacité des traitements. Des conseils aussi pour faire le point sur les produits retirés du marché ou les nouveautés. Le cadendrier des traitements, leurs compositions, leurs efficacités, les doses, les ZNT, les produits bio autorisés, la rémanence... tout était passé en revue. Les feuilles de note se noircissaient pour limiter les pertes de rendement l’an prochain.
S'éloignant un petit peu des maladies, l'entretien des sols laissait doucement la place aux expérimentations mises en place par la chambre d'Agriculture. Comment choisir entre enherber, travailler ses sols ou désherber ? Des réponses semblent se dessiner avec les espèces végétales pouvant être implantées pour un enherbement permanent ou temporaire. Idem pour le choix des outils mécaniques utilisés pour le désherbage mécanique ou les désherbants chimiques.

Mieux que la moyenne régionale



Côté résultats, tous ces éléments combinés ont permis de définir un Indicateur de fréquence des traitements (IFT) qui « donne une certaine idée des doses totales appliquées lors d’une campagne ». La moyenne régionale s'établissait à 18,42 passages (avec herbicides) en 2010. La Saône-et-Loire a elle obtenu une moyenne de 14,98 passages (15,04 pour le Mâconnais et 14,8 pour le Chalonnais) en 2009 (hors herbicides). En 2010, le département reste toujours « bien positionné » avec 16,23 passages avec herbicides (respectivement 16,4 et 15,7). Dans la salle de Fontaines, certains s'interrogeaient alors sur cette quasi-similitude dans les chiffres avec pourtant deux millésimes aux climatologies différentes. En allusion au plan Ecophyto 2018, « on observe déjà des viticulteurs visant les réductions de doses » et donc les passages, expliquait Anne-Sophie Rousseau, « mais il y a eu parfois du dégât », tempérait la technicienne.

Préoccupant



Une enquête sur l'état sanitaire des plants en Bourgogne était ensuite dévoilée. Les premiers résultats des analyses - « à prendre donc avec des pincettes car à confirmer » - montrent qu'en 2009/2010, entre 90 et 100 % des plants en sortie pépiniéristes étaient sains de tout champignon provoquant l’Esca. En revanche, niveau BDA (black dead arm), ce chiffre chutait à 65 %. « Esca, BDA, Excoriose se retrouvent sur un pied sur deux en sortie pépinière ». Résultat, « des pieds qu'on devra replanter dans cinq ans », s’inquiétait un viticulteur.
Pour l'heure, « l'étude a le mérite de faire un état des lieu sur la qualité des plants », explique Jocelyn Dureuil, travaillant sur ce sujet à Davayé. Il reprend, « toutefois, nous ne pouvons dire si les plants sont plus ou moins malades que ceux plantés il y a 30 ou 40 ans (et alors non testés, ndlr) et on ne sait pas si un pied sain exprimera plus ou moins rapidement la maladie comparativement à un pied malade », rappelant au passage que les spores de ces différents champignons sont naturellement présentes dans l'environnement et non uniquement sur la vigne.
En tout cas, le traitement à l'eau chaude prouve heureusement son efficacité en faisant chuter cette probabilité globale de 20 %. L'influence des pratiques culturales va également être étudiée pour améliorer ce taux. Problématique grandissante dans le département, on le voit l'Esca préoccupe la chambre d'agriculture qui cherche des solutions.

Certiphyto, 5 ou 10 ans ?



Un axe de travail qui se retrouve dans le plan Ecophyto 2018. Autre axe de ce plan, l'axe 4 obligera bientôt tous les utilisateurs de produits phytosanitaires à passer le Certiphyto. « Le passage de ce "permis" est gratuit cette année et valable 10 ans. L'an prochain, ce dernier sera peut-être payant et sa durée de validité pourrait être ramenée à 5 ans ». Pour autant, personne ne connait pour l'heure les modalités précises pour l'année prochaine.
Autre type d’actualité, certains dépôts de dossiers, pour obtenir des aides pour le traitement des effluents vinicoles, s’arrêteront au 31 décembre (dernier délai pour les bassins versants Bourbonne, Grison, Grosne, Guye et Saône amont en ce qui concerne les projets individuels et à la même date pour les projets collectifs partout ailleurs).
En revanche, pas de précipitation pour les aides à la conversion en viticulture biologique. « Elles devraient être modifiées courant début 2011, tant au niveau des modalités que des montants », prévient la conseillère. À surveiller donc. Enfin, sur les investissements éligibles au PVE (plan végétal environnement), « plus intéressant que les autres années », Anne-Sophie Rousseau donnait un dernier conseil : « il vaut mieux mettre l'ensemble du matériel souhaité car, après dépôt, cette aide est bloquée 5 ans pour les bénéficiaires. Mieux vaut aussi préparer ce dossier à l'avance car les formalités ne sont connues que tardivement ». Un problème de dates récurrent, qu'avaient bien remarqué les viticulteurs l'an dernier, entre l’annonce le 15 juillet, des formulaires disponibles au 15 août et des dossiers à déposer avant le 15 septembre. Un délai très court avec parfois comme seule réponse : « plus d'enveloppe budgétaire »...
Repartant dans leurs chais avec leurs épais dossiers sous le bras, les viticulteurs n’avaient pas perdu leurs temps ce jour-là à Fontaines. Ils étaient clairement satisfaits et mieux armés pour attaquer la prochaine campagne avec des conseils et une autonomie plus justes...