Générations futures s’attaque aux « résidus de pesticides » dans les fruits et légumes :
Dans un rapport publié le 20 février, l’association de défense de l’environnement étudie la présence de résidus de pesticides pour 19 fruits et 33 légumes. Pour elle, la démarche « zéro résidus de pesticide » lancée par la filière ne répond pas pleinement aux attentes des citoyens.

Annoncée comme « inédite » l’étude est bâtie à partir des chiffres des plans de surveillance de la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF) de 2012 à 2016. Elle prend pour parti de se concentrer seulement sur « les fruits et légumes analysés dans au moins quatre des cinq dernières années » afin d’augmenter le nombre d’échantillons. Un moyen pour l’association de « donner davantage de représentativités aux chiffres » alors qu’elle regrette également que la DGCCRF « ne présente que les chiffres qui concernent les échantillons contenant des résidus de pesticides supérieurs au seuil de quantification (LQ) ». Le rapport vise d’abord à « informer le consommateur et à rendre plus visible ces données » qui montrent « qu’il y a urgence à faire quelque chose », rappelle son directeur, François Veillerette.
Dans le détail, 72,6 % des échantillons de fruits et 41,1 % des légumes ont ainsi une présence de résidus de pesticides quantifiée. Sur cinq ans, 2,7 % des échantillons de fruits et 3,5 % des légumes dépassent les LMR. À ces moyennes correspondent évidemment des niveaux plus ou moins importants selon les variétés. Parmi les fruits, les raisins, les clémentines ou mandarines ou les cerises présentent le plus grand nombre d’échantillons avec des résidus quantifiés, quand au contraire les avocats, les kiwis ou les prunes sont les moins impactés. Pour les légumes le trio de tête est tenu par le céleri branche, les herbes fraîches et les endives alors que le maïs, les asperges ou les betteraves se distinguent par un pourcentage relativement bas d’échantillons avec résidus.
« Ce n’est pas du zéro résidu de pesticide »
Parallèlement, l’association juge que les récentes initiatives de la filière en faveur du « zéro résidus de pesticide » « ne répondent pas pleinement aux attentes des citoyens » car elles ne garantissent pas « une absence d’utilisation de pesticides mais seulement une absence de résidus au-dessus d’un certain seuil (généralement 10µg/kg) ». Cette limite « n’empêche pas les aliments de contenir éventuellement des résidus de pesticides inférieurs à ce seuil et ne supprime pas les pollutions environnementales », déplore l’association. « C’est mieux que plus, mais ce n’est pas du zéro résidu de pesticides », confirme François Veillerette. « C’est une démarche qu’on regarde. Mais on demande à en savoir plus notamment sur leur cahier des charges pour le système de production, c’est notre critère principal, rajoute-t-il. Peut-être en saura-t-on un peu plus dans les prochains mois ».
Dénonciation unanime des organisations de producteurs
Le rapport et ses conclusions ont été dénoncés de manière assez unanime par les organisations ou les syndicats de producteurs, notamment le collectif Sauvons les fruits et légumes qui constate qu’il « n’apprend rien de nouveau aux consommateurs […] que ce qui est connu ». La présence de résidus « n’est pas synonyme de risque et d’impacts pour la santé des consommateurs », rappelle-t-il. Idem pour Pierre-Yves Jestin, président de la coopérative Savéol, pour qui Générations futures fait le choix de créer « une suspicion systématique vis-à-vis de la production maraîchère conventionnelle » et fait « passer les maraîchers pour des empoisonneurs cyniques ». « Qu’elle agisse contre l’importation de fruits et de légumes venus de pays aux normes laxistes ! », ajoute-t-il à l’adresse de l’association.
Même tonalité du côté de la Coordination rurale pour qui « le seul chiffre à retenir est que 97,3 % des fruits et légumes analysés sont conformes aux normes françaises ». Le président d’Interfel, Bruno Dupont, dénonce lui « un beau coup de pub pour Générations futures » qui avec cette étude « prend en otage les fruits et légumes » et « ne prend pas en compte tout le travail effectué aux États généraux de l’alimentation ». « On est prêts à être très transparents sur notre filière mais avec des acteurs qui sont prêts à jouer le jeu », insiste-t-il.