Génétique, productivité, coûts alimentaires
C’est dans cette optique qu’à l’occasion de son assemblée générale du 3 mai, Alsoni Conseil élevage a choisi de consacrer « un zoom à la productivité, ses écarts de résultats et ses voies d’amélioration ». Si dans la zone Alsoni, la race charolaise atteint un bon niveau de performance dans ce domaine avec un nombre de veaux sevrés/nombre de vaches présentes supérieur à 97 %, la moyenne cache toutefois une disparité importante, révélaient les techniciens d’Alsoni. Un élevage sur cinq est en effet en dessous de 90 % quand deux sur cinq dépassent 100 %, pointait Léa Lapostolle d’Alsoni 71.
Pour s’approcher de l’optimum de « un veau par vache et par an », il faut faire la chasse à l’improductivité. Cela passe par une détection précoce des vaches vides, des réformes pertinentes, un âge au vêlage avancé pour les génisses aptes, un IVV maîtrisé… C’est aussi la chasse aux pertes : mortalité, avortements. En matière d’IVV, les moyennes par élevage s’étalent de 350 jours à 460 jours (plus de 15 mois !) avec deux élevages sur cinq à plus de 390 jours… Là, ce sont les conditions de vêlage qu’il faut optimiser. Une césarienne peut allonger l’IVV de 43 jours par rapport à un vêlage sans assistance, faisaient remarquer les techniciens. L’alimentation doit « couvrir les besoins et être stabilisée surtout les deux mois avant le vêlage », recommandent-ils. Une attention plus particulière doit aussi être portée aux primipares.
Jusqu’à 33 % de mortalité des veaux !
La mortalité des veaux est un paramètre incontournable dans l’optimisation de la productivité. Dans les élevages de la zone Alsoni, elle varie de 0 à 33 % ! Si la moitié des élevages « maîtrisent » avec un taux de mortalité en-dessous de 8 %, un élevage sur six connait de gros écueils en la matière avec de 12 % à un tiers, 33 %, de veaux morts. Des chiffres qui font de la mortalité « le problème national de la race charolaise », s’inquiétaient les responsables d’Alsoni.
A noter que la moitié de ces pertes surviennent dans les trois premiers jours de vie du petit veau. Pour y remédier, il y a les conditions de naissance bien sûr, mais aussi la génétique (aptitude au vêlage, qualités maternelles, poids à la naissance). Avec le GDS 71, Alsoni organise des formations sur le sujet : vigueur du veau, colostrum, logement, sanitaire… Cela se prépare déjà en amont du vêlage avec une ration adaptée pour les futures mères : gare aux déficits énergétique et protéique avant vêlage… Gare aussi aux carences minérales et en oligo-éléments. Vaccinations, déparasitage font partie des leviers d’action qui se mettent en œuvre un à deux mois avant le vêlage. Au moment du vêlage, le "nursing" de la mère et de son veau est primordial pour un bon démarrage, expliquait Cécile Chuzeville du GDS 71. Hygiène dans un boxe spécifique, surveillance, gestion de la douleur, réanimation urgente en cas d’anoxie, adoption, soin du cordon, « apport d’un plateau repas » et d’eau à la mère sont quelques-uns des points clés. « Le colostrum, c’est l’assurance vie du veau », résumait-elle. Il faut en donner « le plus possible et le plus vite possible après vêlage ». Enfin, dans des bâtiments souvent volumineux et froids, il convient aussi de veiller au confort des veaux : 7 à 25°C pour un nouveau-né et 5 à 25°C au-delà de 15 jours, et une ventilation correcte.
L’effet immédiat du pâturage tournant
Pour améliorer les coûts alimentaires et les performances, Alsoni Conseil élevage promeut le pâturage tournant. Prenant l’exemple d’une exploitation qui s’est lancée dans le pâturage tournant il y a deux ans, les techniciens font valoir « un effet immédiat » sur la croissance des animaux, tant sur les poids à 210 jours que sur les GMQ, en femelles comme en mâles. Et ces gains de poids ont été réalisés avec moins d’aliment consommé, soulignait Arnaud Godard. Au final, le pâturage tournant se traduit par des économies de charges alimentaires sur les mâles, mais aussi par des femelles plus lourdes avec les répercussions tant sur les ventes que pour la mise à la reproduction. A cela il faut ajouter que le pâturage tournant, « véritable outil de gestion pour piloter la prairie », permet de dégager des stocks de fourrages plus importants, sans oublier l’effet sur la flore… Sur ces sujets, Alsoni Conseil élevage 71 travaille en partenariat avec la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, et notamment Eric Braconnier. Ce dernier rappelait les principes de la mise en œuvre du pâturage tournant : « faire pâture une herbe feuillue, d’une hauteur comprise entre 6 et 13 cm, avoir des temps de repousse de 18 à 21 jours, un minimum de 5 paddocks par lot… ».
Du tri des génisses à l’alimentation
« L’appui au tri des génisses » fait partie de la carte de services proposés par Alsoni. Outre l’aide à l’analyse des performances et une appréciation morphologique, cet appui technique peut inclure des mesures de l’ouverture pelvienne des génisses, cela avec comme finalité d’améliorer l’aptitude au vêlage des femelles et de réduire la mortalité des veaux en limitant les vêlages difficiles.
Autre service proposé : « le planning accouplement » pour lequel Alsoni dispose d’un tout nouveau logiciel.
Une large place est également donnée au « conseil en alimentation » avec, au menu, les analyses de fourrages et les calculs de rations.
Soucieux de donner du sens à la pesée et aux performances, les techniciens d’Alsoni proposent des conseils pour « développer l’autonomie fourragère et réduire les achats de concentrés au fil des années ». Une façon de rendre efficiente la performance génétique, laquelle consiste à produire des kilos certes, mais à moindre coût.