Global Feder : Deux ans pour ruisseler
Le 29 mai dernier à Chalon-sur-Saône, Global Feder avait invité à sa table ronde, Olivier Allain, coordinateur des Etats généraux de l’alimentation (EGAlim) pour en faire un premier bilan. Peu flatteur pour l’heure…

Eleveur de blondes d’aquitaine, Olivier Allain ne croit pas à la seule force de la loi. Pour lui, les prix agricoles ne peuvent augmenter que si « il manque de marchandise, ce qui n’est pas arrivé depuis 2006 en viande bovine », explique cet adepte du « déséquilibre offre/demande », lui qui se définit comme un « régulariste et non un libéraliste » en terme politique.
Défendant néanmoins les EGAlim, il listait deux décisions « essentielles » à ses yeux : le contrôle des promotions et la hausse du seuil de revente à perte. Sur ce dernier point, « 25 % des 6.000 références en magasins étaient vendus au prix d’achat. Donc les distributeurs se rattrapaient ailleurs, sur les produits frais et les viandes notamment ». En essayant d’empêcher cette pratique des GMS, le Gouvernement espère un « ruissellement à l’envers ». C’est-à-dire que l’inflation attendue - de 600 millions à un milliards d’€ - partirait des GMS pour « revenir » vers les producteurs. « Ça commence à marcher un peu en lait, volailles, porc… mais pas du tout en viande bovine car le secteur est désorganisé, la production atomisée ». S’adressant aux représentants de Feder, Olivier Allain les invitait à faire des « engagements tripartites avec les distributeurs », reconnaissant pourtant dans le même temps « l’hyper-compétitivité » des autres pays, notamment européens (Allemagne, Espagne, Pologne…). Pour palier ce différentiel, la stratégie de montée en gamme française sera accompagnée par l’Etat qui « montrera l’exemple en achetant du bio et du local », affirmait-il.
Attendant de voir des prix et « de la reconnaissance » pour les agriculteurs, le président de la chambre régional d’agriculture, Christian Decerle rappelait que le temps presse, 70 % du cheptel est détenu par des exploitants de plus de 54 ans, dont 6/10 disent ne pas avoir de repreneur. « La prochaine décennie sera le croisement de la responsabilité collective à mettre en œuvre ces EGA pour que tout le monde gagne sa vie ». Le président des JA de Saône-et-Loire, Joffrey Beaudot confirmait et détaillait : « Les chiffres de l’installation ne baissent pas avec une centaines d’installations aidées par an mais l’agriculture traditionnelle – hors grandes cultures – est en forte baisse, notamment en élevage et en structure individuelle ». Olivier Allain se disait conscient de ces problèmes de « jeunes sans visibilité ne pouvant plus investir de 200.000 à un million d’€ » pour s’installer seuls. « Nous avons fait le pari du ruissellement. Nous laissons deux ans aux GMS pour un retour aux producteurs, sinon d’autres dispositifs sont prévus », concluait-il sans en dire plus.