Harmonisation des indicateurs régionaux pour mieux cerner les coûts de production en lait
Les responsables régionaux de la FNPL et la FRSEA ont organisé deux réunions - le 28 août à Besançon et le 30 août à Pouilly-en-Auxois - pour présenter le travail réalisé sur les harmonisations des indicateurs technico-économiques de la filière lait.

Alors que la crise laitière perdure, il est indispensable de gagner en efficacité dans le conseil auprès des éleveurs et leur permettre d’optimiser la performance économique des fermes confrontées à une sévère baisse du prix du lait. Cela passe par des indicateurs efficaces, lisibles et donc « mutualisables ».
La FNPL est à l’initiative de cette réflexion, avec l’aide des organismes techniques et économiques (APCA, réseau AS, CER France, Institut de l’élevage, Organismes d’élevage…). Un groupe d’experts a identifié neuf indicateurs caractérisant la situation financière des exploitations laitière et plus spécifiquement celle de l’atelier lait.
L’enjeu est de simplifier l’accès et la compréhension des analyses économiques réalisées par les organismes de conseils sur les fermes laitières, grâce à des indicateurs parfaitement identifiés et partagés. Il s’agit de rendre ces études comparables quels que soient les modèles d’exploitations et les territoires étudiés.
L’ambition de ce travail est de permettre aux éleveurs d’optimiser la conduite de leur exploitation, en dégageant plus facilement des marges de progrès potentielles.
Stocks toujours lourds
Avant de rentrer dans le vif du sujet, Martial Marguet, président de l’Institut de l’élevage rappelle les points de conjoncture : « La collecte française a reculé de 2,9 % sur le premier trimestre ». Il poursuit : « la consommation de produits laitiers continue à diminuer en France. Les exportations de l’UE progressent, sauf en beurre, l’Europe gagne des parts de marché grâce au retrait de la Nouvelle-Zélande. Cependant, les stocks de poudre maigre restent étoffés en Europe et l’intervention a de nouveau été déclenchée en avril-mai. Face à un contexte encore difficile, nous devons être une force de proposition pour faire bouger les lignes, afin de mieux prendre en compte les contraintes de la production ».
La définition des indicateurs
« Il y a les indicateurs liés à l’activité économique de l’exploitation : Annuité, excédent brut d’exploitation0(EBE), trésorerie, mais aussi des indicateurs liés à l’atelier lait comme la productivité du travail, les éléments du coût de production, les charges opérationnelles et le niveau d’endettement » explique Pierre Emmanuel Belot, ingénieur Idele (Institut de l’Elevage) qui a participé activement au groupe d’experts.
Les premiers résultats sont intéressants avec des variantes entre les différents systèmes. Certaines exploitations ont des annuités qui correspondent à 82% de l’EBE alors que d’autres sont à moins de 60 %.
Il est important d’intégrer les charges de structures pour mieux maîtriser les coûts de production et pas uniquement les charges opérationnelles.
Avec le coût de fonctionnement, il s‘agit d’avoir une approche de trésorerie, puisque dans ce cas, on prendra en compte les annuités , l’ensemble des charges, et les besoins de trésorerie (main-d’oeuvre à rémunérer).
« Il est nécessaire de connaître les différences des coûts production entre les régions pour maintenir une production laitière dans nos zones difficiles » précise Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA de Haute-Saône.
Être réactif en période de crise
Michel Dromard, représentant le Crédit Agricole de Franche-Comté, considère qu’il est « pertinent de pouvoir regarder les évolutions avec les mêmes critères ». Mais cette approche par atelier est difficile quand il y a des systèmes mixtes avec de la polyculture élevage.
« Cet intéressant cette harmonisation, les conseils en élevage vont l’utiliser, il faut être réactif, le suivi de trésorerie est un point stratégique en période de crise », souligne Philippe Grosperrin, directeur pour les départements du Doubs, du Territoire de Belfort et de Haute-Saône.
Attention, les montants des investissements par exploitation ont tendance à augmenter fortement. « Il est important d’alerter les exploitants sur les points sensibles. Le critère temps travaux est indispensable pour éviter les mauvaises surprises » insiste Sylvain Marmier, membre de la Chambre Régionale d’agriculture Bourgogne Franche-Comté. « Ces approches des coûts de production ne doivent pas pénaliser les entreprises auprès de la grande distribution, en particulier les bons élèves qui sont au-delà des moyennes au niveau du prix payés au producteur », précise Michel Foltête, président de l'UAC.
Nathalie Mairet, responsable lait de la FRSEA, à l’initiative de cette réunion, concluait que « cette proposition doit être étudiée par les différentes structures pour la mettre en œuvre. C’est une première étape qui doit permettre d’avancer sur la prise en compte des coûts de production dans les contrats ».
Alex Sontag