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Désherbage des sojas

Herse et chimie font la paire pour désherber les sojas

Le 12 juin, entre Damerey et Verjux, la journée Innov’Action s’intéressait au désherbage des sojas. La combinaison de passages de herse étrille avec la lutte chimique dans ses sols d’alluvions (25 % argile) permet à Martial Béjot, agriculteur à Verjux, d’abaisser ses frais pour un résultat « propre ».

Par Publié par Cédric Michelin
Herse et chimie font la paire pour désherber les sojas

Le désherbage des sojas coûte 120 €/ha d’herbicide en moyenne, déplore Antoine Villard de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire. Pour un résultat pas toujours conforme aux attentes des agriculteurs. Et les vieilles habitudes "tout chimique (glyphosate, Mercantor Gold, Basagran SG, Pulsar 40, antigraminées…) sont menacées par l’épée de Damoclès des interdictions réglementaires. Terres Inovia constate que le désherbage mixte, associant chimie et mécanique, marche « mieux ».

60 ha en une journée

Si le binage en soja n’est apparemment pas pratiqué en Saône-et-Loire, il est plutôt utilisé en maïs pour casser la croute de battance, incorporer les apports d’azote et améliorer le désherbage. C’est le débit de chantier qui est alors le frein à cette pratique, surtout si l’on n’est pas équipé d’outils de guidage pour aller plus vite. Martial Béjot a voulu essayer l’herse étrille en conventionnel. Une technique jusqu’ici plutôt utilisé dans les cultures bio d’aujourd’hui.

En effet, la herse étrille permet un débit plus important, flirtant autour des 5-6 ha/heure. « Une année, j’ai réussi à faire 60 hectares dans la journée avec ma herse de 12 mètres de large. Il y a plus grand encore, mais après la question est de la contrôler », explique Martial Béjot.

Jusqu’à un certain point (floraison), plus les soja sont hauts et bien enracinés, plus on peut passer vite, faisait-il la démonstration alors que les conditions de passage commençaient à être limite justement. Le tracteur de Martial était équipé de « petites » roues en largeur pour éviter de casser trop de pieds. Par précaution, Martial avait choisi de semer « plus épais » à 700.000 pieds/ha, au lieu de ses traditionnels 600.000 de densité. « La herse en arrache environ 10 %. C’est pour cela que j’en mets plus au semis ». Martial note également qu’en semant avec son semoir à céréales à 1-2 cm de profondeur, c’est un peu juste. Il refera plutôt à 3-4 cm « pour pouvoir passer une fois en aveugle ». La herse préfère un sol sec ou ressuyé. « J’y suis allé derrière 10 mm de pluie et la herse courait dessus », regrette quelque peu Marial Béjot car cela a alors créé des mottes de terre en plus lesquelles ont ensuite durcit. Résultat à la récolte, de la terre dans la batteuse. Une barre de coupe flexible à soja aurait certes limité ce point.

70 €/ha d’économies

Dans la partie de l’essai sans herbicide de prélevée, la parcelle était « relativement » propre, notaient les personnes présentes ce 12 juin. Quelques chénopodes restaient ça et là, mais la conclusion est bien qu’un désherbage mixte en soja, mécanique et chimique, « fonctionne très bien ». Il permet d’abaisser le nombre de passage d’herbicide (IFT) et de réduire la progression des résistances aux familles de produits chimiques.

L’intérêt est aussi économique. « Sur 50 ha de soja, je suis à 35 €/ha de désherbage alors que l’an dernier j’étais à plus de 100 €/ha. Cela fait 70 €/ha de différence ; en deux ans, j’aurai donc rentabilisé ma herse », se réjouit Martial. Il sait toutefois que certaines années, « on ne peut pas passer » avec la herse. D’ailleurs, en mauvaises conditions, il préfère « lever et arrêter » plutôt que s’obstiner. Cette année, cela n’a pas été le cas.

Préparation du sol

La herse lui sert également pour préparer ses sols comme « une sorte de déchaumage ». Quinze jours avant le semis, il passe la herse. Au préalable, il passe un coup de décompacteur et fait tout de même un déchaumage plus profond. Si besoin, l’hiver, il passe un coup de vibroculteur ou si les conditions sont trop humides, il se résigne à traiter au glyphosate. « Après la herse, il ne faut pas qu’il pleuve sinon il y aura le développement de renouées ». Avec un bon désherbage, implanter un blé derrière un soja est « très sympa », conclut Martial Béjot.

Pour s’équiper d’une herse étrille, des aides PCAE sont possibles, y compris pour les Cuma.

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