Inquiétudes face à l’avenir…
Cultivons nos Campagnes a été le théâtre de riches débats. Avancée
inexorable de Natura 2000, Schéma régional d’aménagement et de
développement durable des territoires –lequel cantonne la ruralité à une
aire de loisirs pour citadins–, évolution du statut de l’animal qui
menace l’élevage... Les sujets d’inquiétudes ne manquent pas. Retour sur une assemblée au cœur de
l’actualité…
Autre dossier de fond travaillé, les listes locales d’activités soumises à évaluations d’incidences. Cultivons nos Campagnes s’est ainsi mobilisé pour demander des aménagements des listes locales d’activités soumises à étude d’incidence préalable. Ainsi, il a été demandé de faire évoluer l’article 21 de la première liste locale concernant les événements et manifestations sportives en zone rurale, cet article soumet à étude d’incidence tous les évènements accueillant plus de 1.500 personnes spectateurs compris. Pour Louis Accary, si cet article avait rajouté des contraintes pour l’organisation du concours de labours de Vitry-en-Charollais en 2012, il n’avait pas empêché la tenue d’au moins deux rave-party "sauvages" (et totalement illégales) sur les bords de Loire, et cela bien évidemment sans étude d’impact préalable… Sur ce volet, malgré la mobilisation de Cultivons nos Campagnes, les choses n’ont pas évolué dans le bon sens. Toujours sur les évaluations d’incidences, Louis Accary s’interrogeait quant au futur projet de Center Parcs au Rousset situé à proximité immédiate d’une zone protégée. Le dossier ne risque-t-il pas un jour d’être bloqué ou remis en cause avec tous les emplois à la clé, par ce biais des études d’incidences qui ne manqueront pas d'être imposées ? Le président concluait son rapport moral en rappelant que « l’association Cultivons nos Campagnes a encore de beaux jours devant elle, quand on voit les nouveaux dossiers qui arrivent sur le volet environnemental » et la complexification croissante qui en résulte. Les dossiers à défendre ne devraient malheureusement pas manquer dans les années à venir.
Une simple aire de loisirs pour urbains
Le débat se portait ensuite sur le projet de SRADDT (Schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire), document élaboré sous l’égide du conseil régional de Bourgogne et visant à fixer les orientations à horizon 2030 du développement du territoire régional.
Membre du Ceser et vice-présidente de la Fédération des chasseurs, Evelyne Guillon a présenté les enjeux de ce "schéma", faisant ainsi part de plusieurs points d’inquiétude. Reprenant les principaux axes du SRADDT, celle-ci regrettait que « le rédacteur de ce rapport distille au fil des pages une vision uniquement récréative de la ruralité, laquelle serait limitée à des espaces récréatifs et de loisirs et des lieux de méditation pour les citadins ». Elle déplorait également que « le mot économique soit très peu présent dans le SRADDT », c’est inquiétant. Elle concluait enfin son intervention en regrettant le manque d’ambition de ce projet, rappelant qu'« on aurait aimé quelque chose de plus élaboré et de plus ambitieux pour le devenir des territoires ruraux ».
Représentant le CRPF, Francis Pauquai soulignait de son côté que le SRADDT « a pourtant mobilisé beaucoup de monde pour les réflexions » et de s’interroger sur « quels pouvoirs aura ce SRADDT ? ». Elue d’une commune et d’une communauté de communes rurale, Annie Pallot soulignait les contradictions de ce projet avec une démarche comme le Scot du Pays Charollais-Brionnais, lequel vise à relancer l’attractivité économique du territoire.
Pour les Jeunes agriculteurs de Saône-et-Loire, Arnaud Collodin trouvait « inquiétant que la Bourgogne soit faite uniquement pour les loisirs des Lyonnais et des Parisiens ».
Pour Evelyne Guillon, « il faut faire évoluer ce projet », avant d'inviter les participants à se mobiliser lors de la phase de consultation publique prévue durant l’été 2014. De son côté, le président de la FDSEA de Saône-et-Loire, Bernard Lacour dénonçait une « nouvelle étude commandée par nos élus et dans laquelle on trouve tout et son contraire ». Il insistait alors sur la nécessité d’un échange sur ce projet de SRADDT avec les communautés de communes notamment qui auront à se prononcer sur ce sujet.
Statut de l’animal
Les craintes sont loin d’être dissipées…
En préambule de ce sujet sensible, Louis Accary rappelait, « on n’est pas insensibles à la maltraitance des animaux. Qu’il y ait des actions et des réactions suites à l’affaire de la vidéo du chat maltraité sur Internet peut se comprendre ». Il expliquait ensuite, « ce qui inquiète dans ces projets d’évolution, c’est par rapport à l’animal de production ». Si on rajoute encore des normes et des contraintes, ça ne sera plus tenable. Collaboratrice d’Edith Gueugneau, députée du Charollais, qu’elle représentait à cette occasion, Christelle Sœur se voulait toutefois rassurante. Elle expliquait ainsi « que le texte n’est aucunement une attaque contre l’élevage et qu’à aucun moment le texte ne remet en cause la possibilité d’exploitation ». Cependant, les propos de Christelle Sœur n’ont visiblement pas suffi à rassurer les éleveurs présents. Ainsi, Louis Accary insistait sur le fait « qu’on ouvre une porte, il faut que les députés soient vigilants ». Pour Bernard Lacour, il serait « plus important de soutenir l’élevage que de lui imposer des contraintes supplémentaires ». Les participants s’accordaient à dire qu’il faudra rapidement prendre contact avec les parlementaires du département pour les alerter sur les enjeux et trouver les moyens législatifs de bloquer ce projet. A l’heure où la loi d’avenir agricole est en cours de discussion à l’Assemblée nationale et au Sénat, le fait de faire passer de manière détournée par une loi de modernisation et de simplification du droit un amendement modifiant le statut de l’animal est jugé par tous inacceptable. Les acteurs ruraux resteront mobilisés face à ce risque fort qui plane au-dessus des activités d’élevage et de l’économie liée sur nos territoires ruraux.