Intimes dénonciations
ses adhérents pour faire le point sur l’année écoulée, riche en
activités. Communication, dossier premier cru, soirée technique sur les
méthodes pour réduire les doses de phytos, droits de plantation… Mais
le principal débat portait sur Icone, les contrôles internes et
l’adhésion totale à la CAVB, désormais actée.
« Nous travaillons en bonne intelligence avec l’INAO et le centre de Mâcon qui est notre relais avec la commission d’enquête nommée pour le Mâconnais dans le dossier des premiers crus », débutait Jean-Philippe Bret, président de l’ODG. « Mais nous nous devons d'avoir une réflexion sur l’avenir, notamment sur l’adhésion totale à la CAVB », enchaînait-il. Au premier abord, le lien n’était pas évident entre ces thèmes. Pourtant, il se tissait au fil de l’assemblée générale. Les langues allant jusqu’à se dénouer. C’est bien connu, les "absents ont toujours tort", et - bien que toutes deux invitées - ni la CAVB, ni Icone n’étaient présentes pour leurs défenses…
Les langues se dénouent
« Il y a beaucoup d’avantages à adhérer totalement à la CAVB, pour libérer du temps à notre animatrice pour qu’elle le consacre à la communication », faisait remarquer Jean-Philippe Bret. Ainsi, un technicien de la CAVB accompagnerait alors les visites lors des contrôles internes, « sans que cela ne coûte un centime de plus », démontraient les comptes. Un "soulagement" vécu aussi « comme une perte de liberté » possible. Sans oublier l’hypothétique, mais réglementaire, épée de Damoclès qui pèse sur l’ODG de se voir un jour non certifié, si les "manquements" sont trop fréquents et graves, menaçant l’appellation même.
Pour aller dans le sens de l’adhésion à la CAVB, le président des deux crus étayait sa pensée : « les contrôles d’Icone et les sanctions de l’INAO nous posent un problème éthique. Surtout les contrôles "pédagogiques" auprès de nos collègues. Dans des petits crus comme les nôtres, tout le monde se connaît et on rentre dans l’intime ». C’est connu, être juge et parti n’est pas un cadeau. La problématique est moindre pour les ODG d'appellations régionales.
Intimes dénonciations
Résultat, quelques minutes plus tard, avec Marcel Couturier, le secrétaire général de l’ODG. Il listait pour 2011 tous les manquements graves, majeurs, mineurs, récurrents… qui ont fait l’objet de notification par Icone suite aux visites de vignes et de chais. Les modérés parlaient là d’« insuffisance méthodologique » tandis que d’autres n’hésitaient pas à comparer Icone à une « administration soviétique » où sévissent les « dénonciations »… « On est obligé d’auditer les parcelles du voisin. Par exemple, Icone envoie à l’ODG un avertissement un mois après le constat qu’une parcelle avec 40% d’oïdium n’a pas fait l’objet d’un second contrôle rectificatif. En tant que collègue, c’est difficile et sévère de signaler à l’administration (INAO sanctionne au final) ce manquement "grave" mais "compréhensible" techniquement par tout viticulteur. Comment, dès lors, le faire tout en sachant que le collègue ne pourra revendiquer ces 40 % lors de la déclaration de récolte pour cette parcelle ». L’ambiance était lourde dans la petite salle polyvalente.
La vérité est certainement à chercher entre les deux. Reste que le principal problème n’était pas résolu. Celui de l’impartialité et de la justesse des contrôles.
Pris au piège
« Nous sommes pris au piège », « nous n’avons plus de marge de manœuvre », « si on avait voulu nous faire adhérer à la CAVB, on ne s’y serait pas pris autrement »… les viticulteurs se lâchaient. A l’image de ce qui se passe sur le terrain, le débat « épuise cette petite ODG sur le plan humain et moral ».
Jean-Philippe Bret prenait alors du recul et imaginait des alternatives : « on passe un temps énorme à faire du contrôle. Pourtant la moyenne ne bouge pas, car ce temps n’est pas de la formation. Je serais plus partisan pour des soirées techniques. Une démarche commune où tout le monde est autour de la table pour avancer comme sur le dossier des premiers crus avec nos voisins de Pouilly-Fuissé ».
Finalement, l’adhésion totale à la CAVB était votée à une large majorité (50 pour, 4 contre, 3 abstentions). « On fera le bilan dans un an », prévenaient les viticulteurs en se quittant.
Dynamique communication
Olivier Giroux et Françoise de Lostende présentaient les projets de communication. L’ODG revient des Grands jours de Bourgogne avec une banderole institutionnelle, faite pour l’occasion. Plus promotionnel encore, l’ODG compte faire venir au moins quatre fois dans l’année des journalistes, de différents médias influents, pour en retirer une contre-valeur publicitaire « intéressante ». Un contact se noue actuellement avec Le Figaro. Le 17 juin, la marche gourmande des Vignerons indépendants se passera à Igé et réunira entre 500 et 800 « amateurs de vins et de bonne chaire ». Des « communications qui ne coûtent pas cher et qui rapportent bien », notaient les viticulteurs. Dernier événement collectif, l’animation de la journée de repos du Tour de France le 10 juillet.