Accès au contenu
Evelyne et Didier Pierre

Isidor à nouveau à Paris

Avec leur taureau Isidor, Evelyne et Didier Pierre feront partie des éleveurs chargés de représenter la race au prochain Salon de l’agriculture à Paris. Ce sera la troisième participation pour l’éleveur de Gueugnon et une récidive pour Isidor, un charolais équilibré qui produit bien.
133382--Isidor_E_et_D_Pierre.JPG
Pour la seconde année consécutive, Isidor fait partie des 39 reproducteurs charolais retenus pour représenter la race au salon de l’agriculture. Ce taureau de quatre ans, propriété d’Evelyne et Didier Pierre, sera présent dès l’ouverture du salon parmi les six taureaux exposés dans l’allée de prestige Porte de Versailles. Isidor fait aujourd’hui la fierté de l’élevage de Gueugnon. Acheté en 2013 à la vente de Charolles, ce taureau est un pur produit de Saône-et-Loire, lui qui est né à Blanzy chez Bernard Grivaud et qu’il descend d’une souche de chez Pichard de Montceau-les-Mines. Isidor a cependant un peu de sang nivernais dans ses veines puisqu’il est un arrière petit-fils du célèbre Picador. Un beau pedigree mais surtout « un énorme potentiel de croissance, des qualités et une belle finesse de viande », détaille Didier Pierre qui a su le déceler alors que l’animal n’était encore qu’un veau. « Son potentiel squelettique et de viande m’avait impressionné. Il pesait déjà 800 kg à treize mois ! », confie l’éleveur qui fait remarquer, qu’adulte, « Isidor montre un bon équilibre entre son squelette et ses muscles avec notamment une masse musculaire au niveau dorsal, une longueur de cuisse, une rectitude de dos… ». Et cela tout en détenant de très bons critères d’élevage : « un bassin long, des trochanters larges, de bons aplombs… ». Avec en outre, « une belle expression : des petites cornes blanches, un front large… ».
Isidor en est à sa troisième année de reproduction cet hiver. Il a déjà donné naissance à des femelles d’un et deux ans « très développantes avec une viande bien placée ». Ainsi, cette saison, une cinquantaine de fils et filles d’Isidor ont vu le jour, confirmant une production très prometteuse.

Transmission d’un savoir-faire


De son taureau Isidor et de la race charolaise, Didier Pierre pourrait en parler des heures tant il est passionné par son métier de sélectionneur. Digne héritier d’une tradition de sélection charolaise où seul l’œil aiguisé de l’éleveur régnait en maître dans les cours de ferme, Didier Pierre est l’un des représentants de ce savoir-faire ancestral, transmis de génération en génération et que les nouvelles technologies s’évertuent à imiter sans jamais tout à fait égaler.
Le grand-père de Didier avait en effet entamé la sélection dès les années trente par l’achat de grandes lignées. Son père avait repris le flambeau dans les années cinquante permettant à son fils, Didier, de vivre son enfance bercé par le souffle exaltant de la formidable expansion charolaise des trente glorieuses. Malheureusement, le jeune homme perdit brutalement son père à l’âge de 14 ans. La ferme de Gueugnon fut alors tenue par sa maman et un ouvrier jusqu’à ce que Didier termine ses études pour s’installer en 1990. Depuis, le jeune éleveur a poursuivi l’œuvre entreprise par ses aïeux, s’évertuant à préserver et améliorer encore le cheptel familial.

Quête de « sangs qui marquent »


S’il assume volontiers sa spécificité d’éleveur sélectionneur, Didier Pierre ne cache pas que c’est une activité pleine d’aléas et de contraintes, où l’improvisation est à proscrire, la réussite en dent de scie, la notoriété chère à acquérir… Toute l’ambition du sélectionneur se résume dans la recherche « de sangs qui marquent ». Une conception de la génétique que les instituts techniques dénigrent volontiers, mais qui traduit pourtant un don ancestral dans l’art des accouplements. Car quoi que disent les chiffres, algorithmes et autres statistiques, c’est la nature qui a le dernier mot ! Et le meilleur prédicteur génétique à ce jour demeure l’œil et l’observation

« La sélection et la viande ne font qu’un »


Un « talent d’éleveur » que défend fermement Didier Pierre, lui qui siège au bureau du Herd-book charolais depuis 2015 au sein de l’équipe du président Pascal Langevin. Au HBC, la volonté est de mieux adapter la race au marché, confie l’éleveur, et notamment à travers « une orientation plus viandée ». Or pour satisfaire aux exigences de la filière, la connaissance du bétail continue d’être incontournable. Une connaissance que maitrisent les acheteurs et que se doivent de partager les sélectionneurs s’ils veulent pouvoir orienter les aptitudes bouchères de leurs animaux.
Pour Didier Pierre, « la sélection et la viande ne font qu’un ». L’éleveur reconnaît que la race a connu des excès avec une course au gabarit motivée par l’export, laquelle a mis en avant un modèle de grande taille à « grosses pattes ». Il déplore aussi une course au GMQ, aux records en tous genres qui lui font dire que « le charolais est allé au bout » dans tous ces domaines. Désormais, il faut retrouver l’animal qui fait vivre son éleveur. : « une vache qui grandit, fait son veau tous les ans, l’élève et donne une carcasse convenablement conformée de 450 kg de viande à la fin de sa carrière ».
Des convictions que l’éleveur gueugnonnais ira défendre à Paris sur le stand du Herd-book et de Charolais France. Il aimerait aussi y faire partager l’idée que « la génétique est avant tout un moyen d’amener du revenu supplémentaire dans les exploitations grâce à de meilleures performances, de meilleures qualités maternelles, de meilleurs aptitudes bouchères sans oublier la capacité à valoriser les fourrages grossiers » si chère à la charolaise.

Moment partagé en famille


Ayant déjà concouru à Paris en 2009 avec Apollon et ayant conduit Isidor au Salon l’an dernier, Didier Pierre ne projetait pas spécialement de récidiver cette année. Car assurer le show au Salon a ses revers : on est en pleine période de vêlage ; la participation revient cher et les répercussions sont moins importantes qu’autrefois, avoue l’éleveur. Mais Isidor avait les qualités requises pour retenter sa chance et se retrouver sélectionné pour Paris est une grande fierté tout de même, confie Didier. Evelyne et Didier le font aussi pour leurs enfants dont les vacances scolaires coïncident cette année avec le Salon. Ils avaient envie de partager ce moment de bonheur avec leurs parents.


Concours général charolais
Huit charolais défendront les couleurs de la Saône-et-Loire


Le concours général de la race bovine charolaise aura lieu le jeudi 2 mars après-midi, porte de Versailles à Paris. Une quarantaine d’animaux d’élevage adultes concourront. Les représentants de la Saône-et-Loire seront Isidor du Gaec Pierre Didier et Evelyne, Gueugnon ; Impérial de la copropriété des élevages Soulard et Berland (71) : Hatenon, copropriété des élevages Deboux et Pichard (71) ; Ludwig de Bernard Cuzin, Perrecy-les-Forges ; Joinville, Lucy, Indiana et Déesse du Gaec Vincent père et fille, Oudry.

A noter que cette année, la race charolaise fera partie du stand Bourgogne Franche-Comté au même titre que l’autre grande race de la région : la montbéliarde.




Images