Accès au contenu
Sommet de l'élevage 2025
JA Bourgogne-Franche-Comté

Colère et lucidité au menu de l’AG

« Ce n’est pas une dissolution qui va nous décourager ! » La formule de Philippe Cornu, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs Bourgogne-Franche-Comté (JA BFC), résume l’ambiance de l’assemblée générale du syndicat, marquée par un rapport d’activité en vidéo retraçant une année intense – de la mobilisation de janvier à la finale nationale des labours dans le Doubs – et par des échanges nourris avec les représentants de l’État et de la Région.

Par Alexandre Coronel
Colère et lucidité au menu de l’AG
Alexandre Coronel
Thomas Lemée, entouré du préfet de région et de Marie-Guite, qui se sont pliés au jeu des questions réponses avec représentants départementaux du syndicalisme jeune.

Dans un discours offensif, Philippe Cornu a dénoncé la gestion jugée « calamiteuse » des fonds européens Feader par la Région : « Cela fait deux ans et trois mois que la programmation est engagée, et aucun centime n’a été versé ». S’adressant directement à Marie-Guite Dufay, présidente de la collectivité régionale, il a dénoncé des choix idéologiques qui excluraient certaines productions, comme l’élevage de volailles non labellisées. « Redescendez sur terre. Si on ne produit pas ici, le poulet viendra d’Ukraine ou d’Amérique du Sud ».

La présidente a défendu l’action régionale en assurant que « le logiciel sera opérationnel en octobre » et que les paiements des aides vont s’accélérer. « Nous sortons d’une situation anormale », a-t-elle reconnu, promettant la mise en place de nouvelles grilles de sélection après juin et un rattrapage des dossiers non retenus.

Des tensions sur le dossier loup

Autre point de crispation : la gestion du loup. Les interventions de Simon Grouch (JA Nièvre) ou Mélanie Gruet (JA Doubs) ont mis en lumière une perte de confiance dans l’Office français de la biodiversité (OFB), accusé de ne pas « mettre autant de cœur à compter les loups qu’à verbaliser les éleveurs ». La colère monte, y compris dans les territoires jusque-là épargnés. « Il n’y a jamais eu de loup dans la Nièvre, mais aujourd’hui, on m’appelle tous les jours, ils n’en dorment plus », a lancé Simon Grouch.

Le préfet de région Paul Mourier a reconnu la nécessité d’« adapter le plan loup aux réalités des plaines et bocages », tout en défendant l’OFB, « agent de l’État, chargé de faire appliquer la loi ». Il a annoncé la mise en œuvre prochaine d’un plan en 10 actions pour « restaurer la relation entre le monde agricole et l’OFB » et promet « plus de souplesse » dans les procédures de tirs d’effarouchement.

Des témoignages concrets, une exaspération palpable

Des témoignages venus de toute la région ont illustré le ras-le-bol généralisé face aux lenteurs administratives. Louis Wicky (JA Haute-Saône) a diffusé un court métrage moquant l’« usine à gaz » de l’instruction des dossiers Feader, soulignant qu’« en agriculture, quand on doit, on fait, quitte à ne pas dormir ». Maxime Bonnot (JA 71) a réclamé « de la transparence » sur les calendriers, rappelant que 22 millions avaient été sollicités, mais que « seuls 16 » étaient réellement mobilisables.

Le directeur des services de la Région a tenté d’apaiser : les paiements des aides sont prévus pour octobre, et « les intérêts des prêts de trésorerie seront bien pris en charge ». Mais l’incompréhension reste profonde.

Sur un autre front, le jeune Tanguy a interpellé le préfet sur les risques de l’agrivoltaïsme : « évaporation du foncier, éviction du fermier ? » Une question technique, mais révélatrice des inquiétudes sur la transformation en cours du paysage agricole. Le préfet a salué une « opportunité » en tant que revenu complémentaire et s’est engagé à « vérifier les conséquences juridiques sur les baux ».

L’assemblée générale a confirmé une chose : malgré les incertitudes et les blocages, les JA sont toujours déterminés à se faire entendre. Et ils attendent des actes.