L’amour du partage
Bourreau de travail
Après avoir obtenu un bac D, Denis Chastel-Sauzet enchaîne avec une "prépa math sup math spé". Intégrant l’Ecole supérieure des ingénieurs et techniciens pour l’Agriculture (Esitpa), il obtient son diplôme d’ingénieur en agriculture. Ce bourreau de travail va également décrocher une licence Sciences de la vigne, puis un diplôme d’œnologue et un DUT d’informatique. En parallèle, il se forme chez des négociants en vin. L’année 1986 marque un tournant puisqu’il reprend alors l’exploitation familiale de son oncle à Romanèche-Thorins. Et ce, tout en travaillant de 1985 à 1988 chez Thorin, un négociant en vins, puis, de 1988 à 1992, chez Grands vins sélections. « Travailler dans le négoce m’a permis de comprendre la filière beaujolaise ». C’est en 1992 qu’il choisit de se consacrer exclusivement à son exploitation laquelle, aujourd’hui, dispose de vingt-cinq hectares pour neuf appellations : Moulin-à-Vent, Fleurie, Chénas, Chiroubles, Juliénas, Saint-Véran, Beaujolais, Beaujolais village et vins de France. Une structure qui emploie cinq salariés. Entre temps, Denis Chastel-Sauzet achète le château Portier, jusque là propriété de la famille Gaidon. Cette célèbre construction située à quelques mètres du Moulin à Vent - qui est également sa propriété - est une demeure bourgeoise édifiée en 1879 dans le prolongement des bâtisses des XVIe et XVIIe siècles.
L’éloge de la patience
Aujourd’hui, le domaine dispose d’un « très bel outil de commercialisation. Le château nous offre une très belle image », mais, en complément du château, Denis Chastel-Sauzet profite également d’un lieu de dégustation exceptionnel avec le Moulin à Vent, symbole de l’appellation éponyme. « De nos vignes de plus de 40 ans d’âge, nous extrayons une production contrôlée où le rendement n’est pas un objectif, mais où la recherche de la typicité et de la qualité est primordiale. Nous avons la volonté de ne pas faire de volumes excessifs pour obtenir une qualité. Nous travaillons sur de jolis terroirs, avec des terrains situés à mi-coteaux ». Chaque année, l’exploitation commercialise quelque 30.000 bouteilles, dont 25.000 en vente directe au château, au moulin, sur des salons et des foires, avec des tarifs oscillant entre 5 et 18 €. « Nous prenons le temps de faire les choses ». Car l’une des particularités du domaine est de vendre des vieux millésimes après avoir été gardés de trois à quatre années en cave. « Nous avons augmenté notre stock progressivement. Cela est un peu compliqué mais permet de vendre le vin lorsqu’il est bon à boire ».
90 ans le bel âge !
Fourmillant de projets et homme d’action - car investi dans de nombreuses activités associatives -, Denis Chastel-Sauzet a déjà coché une date sur son agenda : 2014. Cette année sera l’occasion de célébrer les quatre-vingt-dix ans de l’appellation Moulin-à-Vent. Par ailleurs, le futur de son exploitation passe par deux axes. D’une part, le développement de la vente en bouteilles. D’autre part, l’essor de l’œnotourisme. En humaniste qu’il est, Denis Chastel-Sauzet entend aussi « se bouger et faire partager notre passion avec le client ».
Une soif de partage
Soulignant qu’il « aime partager une tranche de vie avec les gens », Denis Chastel-Sauzet a également fait le choix de l’œnotourisme. « Nous sommes l’un des vecteurs de la fête ». Il propose ainsi un accueil personnalisé sur son exploitation, qu’il s’agisse de la visite du Moulin à Vent (monument historique du XVe siècle), de son vignoble, du château et de ses caves, de dégustations des grands crus du Château Portier, d’un mâchon beaujolais ou encore de repas froids ou chauds. Sans oublier la mise en place d’initiations à la dégustation de vins à destination d’une demi-douzaine de personnes. Quant à celles et ceux qui n’aimeraient ou ne pourraient déguster son vin, notamment les enfants, Denis Chastel-Sauzet a fait le choix en 2000 de produire ses propres jus de fruit 100 % naturels, entre jus de raisin rouge (gamay), de raisin blanc (chardonnay), de pêche de vigne, de poire et de cassis. Une opportunité aussi d’élargir la gamme. Ce qui représente aujourd’hui un volume de 4.000 litres par an. Toujours dans le même esprit, le vigneron a souhaité miser sur les gîtes et les chambres d’hôtes. Des villégiatures complètement atypiques au cœur de sa résidence qui sont, pour certaines encore, en cours de restauration. Une belle opportunité de profiter de la vie de château.