Accès au contenu
Portes ouvertes Farminove SENOZAN
Apport foliaire

L’apport d’azote à l’étude

L’azote joue un rôle majeur dans le fonctionnement de la vigne et sur la
qualité des raisins. Jean-Yves Cahurel de l’IFV a présenté l’impact
d’un apport foliaire azoté sur la fermentescibilité des moûts et
l’intensité aromatique des vins rouges.
Par Publié par Cédric Michelin
128273--Jean-Yves_Cahurel_(IFV)_encadre_azote_foliaire.JPG
Il y a quelques années, des expérimentations menées dans le Beaujolais sur l’azote ont montré l’effet important de cet élément sur la richesse en azote des moûts. Toutefois des doses d’apport trop conséquentes peuvent pénaliser la qualité des raisins et augmenter la vigueur des ceps. D’autre part, des essais ont aussi été préconisés sur des vignes enherbées. Ceux-ci ont apporté les mêmes conclusions. Mais cette fois-ci, aucune répercussion sur la vigueur et la qualité des raisins n’a été constatée, ces apports facilitant même les fermentations alcooliques.
D’autres essais plus récents ont été réalisés au niveau national, avec deux motivations. « Le premier objectif de cette action vise à pallier le déficit chronique d’azote dans les moûts, observé depuis quelques années dans le Beaujolais. En effet depuis 2004, les teneurs en azote ammoniacal, mesurées sur le réseau de suivi de la maturation Sicarex Beaujolais, ont fortement baissé, passant de 95 mg/l en moyenne entre 1977 et 2003 à 40 mg/l en moyenne entre 2004 et 2009 », présentait Jean-Yves Cahurel de l’Institut français de la vigne et du vin. Le deuxième objectif vise à étudier l’impact d’un apport foliaire sur la qualité aromatique des beaujolais nouveaux. « Il est intéressant de vérifier cet effet sur les beaujolais primeurs où l’on recherche un maximum d’arômes fruités », remarquait-il.
Deux parcelles tests ont été choisies, une première en désherbage chimique à Saint-Etienne-des-Oullières et une seconde à l’inter-rang enherbé à Theizé. « L’apport d’ammonitrate (33.5 % d’azote : 50 % forme ammoniacale, 50 % forme nitrate) a été réalisé à peu près deux semaines avant la floraison, sur toute la surface à Saint-Etienne et uniquement sur le rang à Theizé. Les apports foliaires (Safe N à 0,312 kg N/litre), eux, ont été entrepris tout début véraison et deux semaines plus tard », présentait Jean-Yves Cahurel.
Et les premiers résultats ont permis à la Sicarex de tirer des enseignements intéressants. Les apports d’azote à la vigne ont bien augmenté l’azote assimilable des baies, mais de façon beaucoup moins marquée pour l’apport au sol (57 % en moyenne) que pour l’apport foliaire (103 % en moyenne). Ce dernier provoque une augmentation du pH des moûts et des vins. Par contre, l’intensité colorante et la teneur en anthocyanes sont plus faibles. L’apport au sol, et l’apport foliaire dans une moindre mesure, provoquent une augmentation de la vigueur (sauf à Saint-Etienne) et favorisent le développement de la pourriture grise. Globalement, l’effet de l’apport au sol est conditionné par les conditions climatiques de l’année, en particulier pour l’azote des baies et la fermentescibilité des moûts. L’apport foliaire est plus efficace à ce niveau. « Cependant, on constate une faible répercussion sur les arômes pour le gamay. Des travaux sont actuellement menés afin de cerner la quantité nécessaire d’azote sur cet aspect-là », a conclu Jean-Yves Cahurel.