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Interview de Jérôme Volle – Président de la commission emploi de la FNSEA

« L’apprentissage doit devenir une voie d’excellence »

Le 9 février dernier, le Premier ministre, Édouard Philippe, a présenté les principaux axes du plan de transformation de l’apprentissage. Il a ainsi affirmé son ambition de faire de l’apprentissage un élément-clé pour lutter contre le chômage des plus jeunes, en le rendant plus attractif pour les employeurs et les étudiants. Le plan de transformation se traduit en 20 mesures concrètes. Parmi elles, on retrouve l’unification et le ciblage, pour les TPE/PME, des aides à l’embauche, une refonte du financement de l’apprentissage, une réglementation et des procédures assouplies et simplifiées pour les employeurs et les apprentis. Pour Jérôme Volle, président de la Commission emploi de la FNSEA, cette réforme va dans le bon sens, en facilitant les démarches pour les petites entreprises, nombreuses dans le monde agricole. Interview.

Par Publié par Cédric Michelin
« L’apprentissage doit devenir une voie d’excellence »

Pourquoi ce plan de transformation de l'apprentissage est nécessaire ?  

Jérôme Volle : Cette réforme est nécessaire car il faut faire en sorte que l’apprentissage prenne une place centrale dans la politique de formation des jeunes. L’apprentissage doit devenir une vraie voie d’excellence. En agriculture, nous considérons qu’il s’agit d’une voie de réussite sociale. Derrière l’apprentissage, il y a en effet de réels débouchés. Il faut le redire aux jeunes et aux parents pour les rassurer. Il faut également faire en sorte que les centres d’information et d’orientation prennent en compte l’apprentissage comme une vraie solution d’orientation pour certains élèves. 

Pensez-vous que la simplification, des contrats et de la réglementation, ainsi que le ciblage et l’unification des aides vont pousser les employeurs à embaucher des apprentis ?  

J.V : Les entreprises agricoles sont principalement de très petites entreprises (TPE). Dans toutes ces entreprises les démarches administratives lourdes sont pénalisantes et représentent un frein à l’embauche, notamment d’apprentis. Les mesures de ce plan, proposant d’avoir un contrat, un accompagnement, un financement, sont le signe d’une reconnaissance des TPE. L'aide unique simplifiée, pour les petites et moyennes entreprises, et le système de financement rapide et efficace, vont permettre aux employeurs de ces sociétés, et donc à de nombreux agriculteurs, de se tourner vers l’apprentissage. Il faudra également rester vigilant quant aux aides régionales. L’apprentissage se fait, en effet, à la fois dans un cadre national et dans un cadre régional. Nous avons la chance, en agriculture, d’avoir des Commissions paritaires régionales à l’emploi. Nous sommes donc des interlocuteurs privilégiés, notamment pour la définition de ces aides à l’apprentissage au niveau local.

 Cette réforme va-t-elle encourager les jeunes à se tourner vers l’apprentissage ? 

J.V : Cette réforme va permettre, à plusieurs niveaux, d’encourager les jeunes à se tourner vers l’alternance. Le premier niveau est celui de la sensibilisation. Des journées d’information sur l’apprentissage seront ainsi organisées au collège (en classes de 4° et de 3°) et au lycée (classes de 2nd et de 1ère). Nous avons aussi notre part du travail à faire. En effet, il nous a été demandé de participer à la construction de formations adaptées à l’employabilité des jeunes apprentis. Nous devons communiquer sur ces formations pour rassurer les jeunes et leurs parents quant aux débouchés après une formation en alternance. Nous devons donc démontrer que les formations ont été construites par la profession pour avoir des salariés employables qui trouvent du travail. Il s’agit également de montrer que les maîtres d’apprentissage sont certifiés et formés. Nous saluons, à la FNSEA, la mesure consistant à renforcer l’accompagnement des maîtres d’apprentissage, notamment dans la sécurité au travail et dans le développement d’un sens pédagogique. Il ne faut pas oublier qu’un apprenti est avant tout là pour apprendre. L’augmentation de l’âge légal pour être apprentis, qui passe ainsi de 26 à 30 ans, est également un très bon signal, particulièrement pour le monde agricole, où les reconversions professionnelles, avant 30 ans, sont nombreuses. 

Dans cette réforme, la spécificité du monde agricole est-elle respectée ?  

J.V : Nous estimons, à la FNSEA, que la spécificité de l’agriculture est reconnue et préservée. En effet, ce plan propose que la spécificité des centres de formations pour adultes, dont beaucoup forment aux métiers de l’agriculture, soit reconnue. Il s’agit pour nous d’un message positif pour le monde rural. Autre geste envers le monde agricole, salué par la FNSEA, la remise d’un chèque de 500 euros à tous les jeunes de 18 ans, et plus, pour les aider à passer le permis de conduire. L’obtention de ce diplôme est essentielle pour la mobilité des jeunes apprentis. Il faut désormais confirmer toutes ces mesures dans le cadre d’une loi. À la FNSEA, nous continuerons à nous impliquer et à nous battre pour l’apprentissage afin de le développer et ainsi d’avoir des salariés, et des futurs exploitants, qualifiés, dynamiques et réalistes.