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Marie-Élise Tournebize

L'art de la tapisserie

Réalisation textile décorative d’ameublement, la tapisserie renvoie inévitablement au Moyen-Âge et aux châteaux dont les murs en étaient pourvus. Loin de figurer au rayon des souvenirs, la tapisserie garde une place pleine et entière aujourd’hui. Grâce notamment au travail de gens passionnés à l’image de Marie-Élise Tournebize qui dispense son savoir en Bourgogne depuis maintenant près de dix ans.
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À l’image d’Astérix et de son village d’irréductibles gaulois, il est une commune en Saône-et-Loire qui tend à résister à l’envahisseur industriel pour faire la part belle aux artistes et artisans. Point de potion magique du côté de Lys, petit hameau rattaché à Chissey-lès-Mâcon, mais une belle ration d’imagination et de talent pour permettre à un bijoutier sculpteur, à un chausseur, à un potier et à une lissière d’égayer le quotidien. L’occasion est ainsi offerte de s’immerger dans l’univers créatif de Marie-Élise Tournebize.

Passion, quand tu nous tiens…


Alors qu’elle s’oriente vers une banale carrière commerciale et qu’elle travaille dans la capitale comme responsable d’achat dans une papeterie de luxe, Marie-Élise Tournebize fait une rencontre impromptue dans le métro qui va à tout jamais changer sa vie. « J’étais dans le métro et j’ai rencontré une dame qui faisait du tissage. Il faut savoir que, depuis toujours, j’ai un rêve d’enfant. Il s’agit de fabriquer quelque chose et de le vendre. Par conséquent, lorsqu’elle a dit le mot tissage, cela a fait tilt dans ma tête. Et comme elle donnait des cours, je suis donc allée suivre un stage chez elle dans la Lozère, à Florac, pendant une semaine ». Alors que, dès l’age de sept ans, elle fait beaucoup de choses de ses mains entre tricot, crochet ou encore canevas, Marie-Élise trouve enfin sa voie. « Pour la première fois de ma vie, je me suis sentie à ma place. Et, à la fin de ce stage, il m’a été conseillé de poursuivre dans ma démarche, ne serait-ce que pour le plaisir ». Dès lors, elle vit pleinement sa nouvelle passion, dévorant du côté de la bibliothèque de Beaubourg, tous les ouvrages consacrés à la tapisserie. C’est à ce moment qu’elle décide de s’orienter vers le métier de lissier. « Pendant six mois, je passais quatre soirées par semaine à Beaubourg pour me documenter ».

Franchir le pas


À partir de cet instant, Marie-Élise Tournebize envisage enfin de vivre de sa passion. Dès lors, elle intègre le CREAR (Centre de formation aux métiers d’art) à Chantilly. Et après deux années, elle décroche son diplôme de Techniques de Haute et Basse Lisse, méthode Gobelins et Aubuisson. Dans la foulée, elle travaille chez un artisan, toujours à Chantilly, puis collabore avec un atelier de tapis tufté. Alors qu’elle déménage du côté de Saint-Étienne, elle décroche le premier prix régional du Défi jeune et ouvre alors L’Atelier de la Lisse en octobre 1991. Quelques années plus tard, elle ouvre un second atelier au cœur de Lyon. Et, en 2003, elle fait le choix de s’installer en Saône-et-Loire, à Lys. Avec, aujourd’hui, un carnet de commandes bien rempli puisqu’elle a devant elle dix-huit mois de travail. Qu’il s’agisse de la restauration d’une pièce du XVIIIe siècle ou de la réalisation de trois tapisseries.

Formations sur-mesure


En parallèle, Marie-Élise Tournebize tient à poursuivre ses cours et ses stages. Elle propose ainsi des cours hebdomadaires le lundi et le samedi sur un métier à tisser de 90 cm de large. Mais aussi des stages de 35 heures sur cinq jours. Sans oublier qu’elle dispense des formations professionnelles. « Chaque cours est individualisé. Chacun va à son rythme. J’accueille cinq à six personnes ». Ainsi, chaque participant, à raison d’une demi-journée ou d’une journée par semaine, peut espérer réaliser une tapisserie complète sur un métier à tisser spécifique en une seule année. « La tapisserie ne requiert pas de patience mais permet d’acquérir de la patience ». Un travail qui est accessible à absolument tout le monde, y compris les enfants. « Chaque élève a son propre métier à tisser. Dans un premier temps, on commence par choisir un dessin, une peinture, une photo ». Ensuite, il s’agit d’apprendre à monter sa chaîne –c’est-à-dire le squelette de la tapisserie– et à monter les formes. Pour ce qui est des tarifs, ils s’élèvent à 52 euros pour un cours de 8 heures, 78 euros pour deux cours de 6 heures ou quatre cours de 3 heures. Pour cinq jours complets, il en coûte 340 euros.

Des envies de créations


Dès lors, Marie-Élise Tournebize souhaite conserver un juste équilibre entre les commandes passées par ses clients, les cours qu’elle donne tout au long de l’année, la restauration et une part de liberté avec ses propres créations. Même si le temps vient à lui manquer pour se lancer dans la réalisation de ses propres tapisseries. « Je ne souhaite pas que le travail de restauration représente plus de 50 % de mon activité. Pour ce qui est du futur, je pense que je suis sans doute arrivée à une nouvelle étape de ma vie professionnelle. J’aimerais pouvoir développer mon travail de création ». Avec, à la clé, des tapisseries qui permettront à cette artiste de pleinement se réaliser dans son métier et de démontrer, si besoin était, toute l’étendue de son art.

Un nouvel emblème pour l’Ambassade du Charolais


Alors que l’Atelier de la Lisse regorge de pièces plus séduisantes les unes que les autres à l’image de cette réalisation inspirée de Philippe Druillet, Marie-Élise Tournebize a eu la surprise, il y a un peu plus d’une année, de recevoir une commande assurément atypique. En effet, L’Ambassade du Charolais avait la volonté de réaliser un étendard original avec, bien évidemment, un bœuf comme emblème. Ainsi, au mois d’août 2009, cette création dont la dimension est de 100 cm par 70 cm a été présentée à l’occasion de la cinquante-septième édition de la Fête du Charolais. Une nouvelle bannière qui a été bénie à l’occasion de la messe de Saint-Blaise.



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