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Vins & Vignobles de Saône-et-Loire

L'aurore de la coopération

L’exposition itinérante programmée –dans douze communes par la Fédération
des Foyers Ruraux– se penche sur les
caractères des vignobles et vins de Saône-et-Loire. Pour la première conférence-débat conjointe à cette exposition, le foyer de Saint-Gengoux-de-Scissé a choisi de revenir sur trois chapitres de "L'aurore de la coopération", avec à l'origine, Henri Boulay et l'exemple varois qu'il a su expliquer pour créer l'élan nécessaire sur ce terroir et qui perdure encore aujourd'hui, tout en se modernisant.
Par Publié par Cédric Michelin
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A 88 ans, dont 64 années de coopération, Pierre Barraud a vécu la fusion entre les chais de Lugny et de Saint-Gengoux. Entré au Conseil d'administration en 1966, il se souvient que " le vote est passé de justesse ". Avec le recul de l'histoire pourtant, " finalement cela a été un bien pour tout le monde ".
Le fruit de la volonté d'une poignée d'hommes et femmes qui ont su convaincre. Et notamment, le plus emblématique d'entre eux, Henri Boulay qui porta le mouvement coopératif jusqu'au national.
Localement aussi, la structuration de l'outil s'est organisée. En témoignait, Noël Dumonceau, actuel Secrétaire de la cave de Lugny, élu en 1983 alors que Charles Jousseau était président. Il lui avait demandé de former des administrateurs stagiaires afin d'améliorer la mutualisation pour les opérations liées à la vinification et à la commercialisation. Il soulignait que ce mouvement a trouvé un parallèle en machinisme avec les Cuma. " Je pense que dans le monde d'aujourd'hui, où tout va très vite et tout coûte très cher. Se regrouper pour avancer est une solution simple et bien adapter ", notamment pour " utiliser du matériel performant " et souvent " onéreux ". A notre époque encore, ce modèle se poursuit et a pris le nom d'économie du "partage" auprès des particuliers se mettant en relation avec d'autres.
C'est certainement un des points forts des coopératives : les liens sociaux. Pascal Gaguin témoignait des rencontres qu'il a eu la chance de faire grâce à la cave. " Nous avons même fini par avoir une place au ministère ". Autant d'occasion de défendre des valeurs communes " solidarité, sécurité et pérennité " dans les plus hautes instances. Des valeurs qui remontent du vignoble local et des exploitations individuelles, rappelaient Baptiste Jousseau. Une " volonté de faire avancer les choses pour la réussite de chacun ", rajoutait David Rousset.
Mais ce combat d'un temps passé n'est pas fini. Avec un regard "général", lui qui a présidé et la Cave de Lugny et l'Interprofession, Michel Baldassini a le sentiment que " même si en apparence tout va bien, le vrai souci est que notre métier n’attire plus à cause des difficultés rencontrées. (...) Le problème est le manque d’enthousiasme pour le métier. La coopération devra s'attendre a tourner une nouvelle page. La question d'aujourd'hui est de pouvoir se projeter dans cinq ans et de voir qui sera dans les vignes, avec quels objectifs et quelles ambitions ". Son successeur à Lugny, Marc Sangoy voit justement ces problèmes de transmission ou de reconnaissance des vignerons en coopérative. La Fédération des caves " travaille " actuellement sur la meilleure façon " de porter du foncier " même si à la base, une coopérative n'a pas ce but, rappelait Marie-Odile Sorlier, la délégué générale. Marc Sangoy insistait aussi sur les " avantages " pour soulager les vignerons. Une chance d'avoir une vie personnelle harmonieuse. En chai particulier, il faut toujours jongler avec quatre métiers : la viticulture, la vinification, la commercialisation et l'administratif. " Tout seul, on va plus vite mais ensemble on va plus loin ". Le soutien des autres étant une garantie sur le long terme.
C'est un peu le sens des propos de l'historienne, Annie Ruget qui citait un économiste, " la cave coopérative doit être précédée, si elle veut réussir du syndicat professionnel ou de la société de secours mutuel " (1907). Une " sensibilité républicaine " en d'autres termes. Avec des " meneurs d'Hommes ", comme Henri Boulay, Alphonse Grosbond, Charles Perraton, Eugène Blanc... qui ont défendu les premières appellations d'origine contrôlées dans un Mâconnais alors en polyculture élevage, se différenciant là des coopératives du sud de la France qui les avaient inspirés.
A l'origine de cette conférence, Jean-Pierre Sylla concluait sur une pensée : " je pense qu'il ne faut pas produire un seul vin mais bien « des vins » parce qu'il y a des clientèles différentes. Un vin pour chaque occasion ! ". Finalement, depuis leurs naissances, c'est bien toute la société qui a changé - et donc ses consommateurs qui se sont internationalisés - autour des coopératives de producteurs. Et pour accompagner la reconnaissance des vins du Mâconnais, la cave " monte les prix doucement, ce qui permettra de continuer de faire vivre les exploitations, sauf si on se divise ", mettait en garde Marc Sangoy.

Prochaine étape : Laizé le 14 février



L’exposition itinérante programmée dans douze communes par la Fédération des Foyers Ruraux fait suite au colloque scientifique sur les caractères des vignobles et vins de Saône-et-Loire réalisé le 25 avril dernier par l'Institut de Recherche du Val de Saône-Mâconnais (IRVSM) avec le concours du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB), le Salon des Vins de Mâcon et les Archives Départementales.
L’exposition itinérante apporte une perception, une réflexion sur les caractéristiques des vins et vignobles de Saône-et-Loire depuis plusieurs siècles, de la vigne dans le paysage gallo-romain à l’actualité des recherches sur le vignoble.
A chaque étape, l’exposition est complétée et accompagnée par diverses animations organisées par le Foyer Rural et d’une conférence-débat enregistrée pour une large diffusion : rechercher, sauvegarder, transmettre et diffuser un savoir historique, social, culturel, économique autour des vins et vignobles de Saône-et-Loire. Cette action échelonnée sur deux ans est une préoccupation et une mobilisation de forces et de ressources autour des vins et vignobles de Saône-et-Loire.
Après Charbonnières cherchant sa "vigne perdue", prochaine étape le 14 février à Laizé, cette fois à "la recherche du pressoir perdu", avec notamment l'historien Edward Steeves.