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Innovation

L'automatisation gagne les bâtiments

Le thème professionnel du salon Eurogénétique a abordé les innovations en matière de bâtiments agricoles. La conférence "Mon bâtiment pour demain : anticipation, réflexion et solutions" a permis à trois intervenants de s’exprimer sur les évolutions technologiques de la profession. Retour.
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La conférence du thème professionnel d’Eurogénétique - organisée par la chambre d’agriculture des Vosges - a fait la part belle aux innovations techniques et technologiques. L’édition 2013 se penchait sur les bâtiments d’élevage. Une foule d’éleveurs, d’étudiants et de futurs installés avaient pris place au centre des congrès d’Epinal, le 5 avril dernier, pour assister à la conférence "Mon bâtiment pour demain : anticipation, réflexion et solutions". Trois spécialistes ont donné leurs éclairages : Stéphane Mille, chef de projet bâtiment à l’Institut de l’Elevage, Joop Lensink, enseignant chercheur à l’Institut supérieur d’Agriculture de Lille, et Dominique Lacroix, éleveur du Gaec du Bouillot à Clézentaine (88). Marie-Marguerite Poirier, ancienne directrice du lycée agricole de Bar-le-Duc, animait les débats.

L’automatisation ne remplace pas l’œil de l’éleveur


Stéphane Mille a tout d’abord présenté l’automatisation des tâches qui permet de réorganiser le travail dans le domaine de l’élevage. « Le bâtiment d’élevage est à la croisée de multiples enjeux : l’économie, l’environnement, le bien-être animal, le travail et le territoire. En termes de conception, l’application de nouvelles technologies dans le domaine de l’élevage peut entraîner certaines modifications. Si on se penche sur l’automatisation de l’affouragement, la zone de contention peut être déplacée, comme l’espace dédié à l’engraissement. Mais il faut veiller à ne surtout pas réduire les aires de vie des animaux, à maintenir un nombre de places à l’auge et à veiller à l’accès à l’abreuvement ».
Selon lui, les intérêts de l’automatisation de l’affouragement sont nombreux : simplification des circuits et réduction de la surface construite, temps d’astreinte très limité, réduction de la pénibilité du travail, économies d’énergies, précision des apports, rations différentes selon les lots, distribution plus fréquente… Mais tout système connaît quelques limites, comme les coûts d’investissement importants et la difficulté d’adapter un système de secours en cas de panne ou de coupure de courant.
De son côté, Joop Lensink a mis en exergue l’importance de rester proche de ses animaux, surtout lorsque l’éleveur utilise un système d’affouragement automatisé. « Dans un système classique, l’éleveur est assimilé à la nourriture dans la tête de la vache. Il a donc un rôle positif et elle n’a pas peur de lui. L’automatisation de l’affouragement supprime ce contact entre l’Homme et l’animal. La vache peut donc devenir plus peureuse… De plus, supprimer la distribution de l’aliment amène à enlever un moment potentiel de surveillance. Il faut absolument mettre à profit le temps gagné par l’automatisation des fourrages pour aménager des temps de surveillance dédiés au troupeau ».

Un bâtiment au service d’une meilleure production


L’automatisation n’est donc qu’un outil au service de l’exploitation. Rien ne remplace l’œil de l’éleveur. C’est ce qu’ont compris les associés du Gaec du Bouillot. L’un d’eux, Dominique Lacroix, est venu apporter son témoignage.
« Parmi nos productions, nous avons un atelier Lait avec 105 vaches laitières Prim’Holstein, pour un million de litres de lait. Pour des raisons géographiques, nous devions construire un bâtiment d’élevage en 2009. Nous souhaitions améliorer notre qualité de vie et de travail. Nous avons été amenés à faire différents choix, comme celui des logettes sans paille, avec des caillebotis, l’utilisation de sciures et de paille dépoussiérées hachées et des matelas dans les logettes. Nous avons aussi installé des racleurs automatiques pour tous les couloirs. Enfin, nous avons acquis deux robots de traite ».
Grâce à cette réorganisation, une journée de travail en hiver se résume à la distribution des fourrages pour l’ensemble des animaux, la surveillance de la traite sur ordinateur, le nettoyage des logettes, le passage forcé au robot de certaines vaches laitières, repousser l’ensilage et les soins aux veaux.
De plus, les performances et la qualité du lait ont été améliorées : 10.400 kilos de lait par vache laitière pour un coût de concentré identique, avec 100 % du lait inférieur à 250.000 cellules et à 800 spores butyriques. En 2012, le Gaec a reçu les quatre sapins au challenge Ermitage, pour la qualité du lait, le confort et la propreté des animaux, le respect de l’environnement et les abords de la ferme.

Continuer à innover dans un monde qui change


Pour Daniel Gremillet, président de la chambre d’agriculture des Vosges, il ne faut pas oublier le bien-être de l’éleveur, lequel peut et doit être amélioré par l’innovation dans les bâtiments d’élevage. « Nous sommes plus que jamais dans un monde qui change. Les jeunes d’aujourd’hui, tout comme les moins jeunes, sont obligés de réfléchir aux coûts de construction : choix des matériaux, réponse à la consommation d’énergie, au recyclage… Il faut que l’on regagne de la compétitivité sur les bâtiments, à travers l’innovation. Construisons la modernité, faisons passer le message que les exploitations sont des sources d’économie, de vie rurale et d’investissements. Les agriculteurs qui investissent sont les garants d’un environnement économique qui fonctionne ».